Municipales : vers la reconduction des maires sortants ?

58% des Français souhaitent que leur maire se représente et soit réélu lors des prochaines élections municipales, et ce alors qu'ils sont 73% à juger "bon ou excellent" le bilan de leur municipalité depuis 2020. C'est ce qui ressort d'un sondage Ipsos pour l'Association des maires de France, dévoilé le 2 juillet. Une enquête qui révèle aussi les fortes attentes des Français en matière de sécurité dans leur commune.

58% des Français souhaitent que leur maire se représente et soit réélu lors des municipales de 2026. "C'est considérable", a estimé Martial Foucault, professeur à Sciences Po, en présentant le 2 juillet ces résultats issus d'un sondage Ipsos pour l'Association des maires de France (AMF). Le chercheur a rappelé qu'en 2019, les Français étaient déjà, selon un précédent sondage, 58% à vouloir la réélection de leur maire à quelques mois du scrutin – en l'occurrence celui de 2020. Et cela "s'est révélé juste dans les urnes, car 60% de maires ont été réélus et 40% de nouveaux maires ont été élus", a-t-il encore rappelé lors d'une conférence de presse organisée au siège de l'AMF, à Paris. Pour Martial Foucault, l'histoire devrait se répéter l'année prochaine. Le scrutin offrira indéniablement une prime aux maires sortants, mais parmi ces derniers, tous ne seront pas réélus. "En général, c'est autour de 7% de maires sortants qui se représentent mais vont être battus", a-t-il indiqué.

Candidats jugés à leur personnalité

L'enquête a été menée du 16 au 23 juin par internet auprès de plus de 6.000 personnes inscrites sur les listes électorales et représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus. C'est dans les communes de moins de 10.000 habitants que le souhait de continuité à la tête de la municipalité est le plus fort (taux compris entre 62 et 64%). Il est plus faible au-delà de ce seuil, avec des taux proches de la moyenne (57% ou 58%) jusqu'à une population municipale de 100.000 habitants. Dans les villes les plus grandes, le souhait que le maire sortant soit candidat puis réélu est minoritaire (46%).

Ces résultats sont étroitement liés à l'opinion exprimée par 73% des Français selon laquelle le bilan de leur municipalité est "bon ou excellent". Une moyenne qui là encore masque des disparités en fonction de la taille de la commune, le niveau de satisfaction étant plus grand dans les communes de moins de 10.000 habitants (78%), que dans celles des strates intermédiaires (72%) et celles de plus de 100.000 habitants (60%).

Le bilan de l'équipe sortante n'est pas jugé à la légère, puisqu'il jouera un rôle au moment du vote pour 79% des électeurs. La personnalité des candidats et leurs programmes sont les deux autres principaux critères à partir desquels ces derniers pensent qu'ils effectueront leur choix en mars prochain. A noter que l'étiquette politique des listes candidates sera davantage déterminante pour les électeurs des villes de plus de 10.000 habitants (de 68 à 74%) que pour ceux des communes plus petites (de 45 à 56%).

La sécurité, en tête des priorités des Français

Autre enseignement : 43% des Français attendent de leur prochain maire qu'il contribue à "plus de sécurité et de tranquillité publique". Les habitants des villes de plus de 10.000 habitants jugent très majoritairement que la violence a augmenté sur leur lieu de résidence et sont pour leur part plus de 50% (57% dans les villes de plus de 100.000 habitants) à vouloir "plus de sécurité et de tranquillité publique". Par ailleurs, 38% des Français formulent des attentes en matière de préservation de l'environnement. Ils sont autant à juger prioritaire le maintien et le développement des services de proximité. Une baisse des impôts municipaux est placée au rang des priorités par 30% des Français.

Le maire demeure l'élu préféré des Français : 69% lui accordent leur confiance. Mais cette confiance à l'égard du premier magistrat est plus élevée dans les communes de moins de 10.000 habitants (73 à 75%) que dans les grandes villes (53%). Dans ces dernières, "le lien de proximité" est affaibli et les responsabilités municipales sont moins bien "identifiées", explique Martial Foucault. 

Cette confiance des Français à l'égard de leurs maires, qui "varie entre 65% et 70% depuis plus de dix ans", repose essentiellement sur deux critères que sont l'honnêteté (61%) et la capacité à tenir ses engagements (50%). La connaissance des dossiers n'arrive qu'en troisième position (34%), ce qui fait dire au chercheur au Cevipof qu'aux yeux des Français, "il vaut mieux un maire honnête qui respecte ses promesses qu'un maire technicien". Ce résultat "peut ravir beaucoup de maires" qui ont de l'appréhension à l'égard de la complexité des dossiers, ajoute-t-il.

Campagne pour promouvoir l'engagement

Les présidents d'intercommunalités sont crédités de 55% de confiance, ce qui les place en deuxième position, notamment devant les conseillers départementaux (53%), les conseillers régionaux (50%) et les députés (42%).

Selon l'enquête, 23% des Français se déclarent intéressés par "un engagement dans la vie de leur commune et de leur quartier" et seraient "prêts à y consacrer du temps à l'avenir". Parmi eux, un peu moins d'un tiers seraient prêts à oeuvrer dans une association culturelle ou de solidarité, 29% dans un collectif pour défendre une cause (environnement, éducation, patrimoine...). 24% deviendraient volontiers membres du conseil municipal de leur commune. Un résultat qui amène David Lisnard, maire de Cannes et président de l'AMF, à considérer que dans les prochains mois, "il y aura des vocations" pour "le plus beau des mandats".

L'AMF fait de l'engagement - notamment dans les conseils municipaux - "un fil rouge en 2025", dans la perspective des prochaines municipales, a indiqué Murielle Fabre, maire de Lampertheim et secrétaire générale de l'association. La campagne de communication qui sera lancée sur cette thématique, a été dévoilée début avril (voir notre article). Les communes volontaires recevront un kit. Entre autres outils : une affiche sur laquelle on peut lire "Citoyens, citoyennes, osez l'engagement ! Votre commune a besoin de vous". Cinq influenceurs, partenaires de l'opération, contribueront aussi sur les réseaux sociaux à promouvoir l'engagement citoyen, notamment pour toucher les plus jeunes.

 

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