A Nancy, l'accueil des moins de 3 ans en situation de handicap est une règle (54)

Au sein de la communauté urbaine du Grand Nancy (20 communes, 256.000 habitants), chaque commune a conservé la compétence petite enfance. A Nancy (107.000 habitants), le centre communal d’action sociale (CCAS) gère 10 structures d’accueil collectif, des multi-accueils et haltes-garderies. Ces structures ont toujours accueilli des enfants en situation de handicap. En 2011, la ville a initié une démarche de professionnalisation qui a abouti à une formation des agents, un outil de référence et une mallette pédagogique à disposition de chaque structure.

Demande émanant du terrain et mobilisation des personnels

"La question du handicap a été soulevée dès 2011 par les personnels du terrain, ce qui a favorisé le volontariat des équipes", précise d’emblée l’adjointe au maire déléguée à la petite enfance, Elisabeth Laithier. C’est lors d’une commission Petite Enfance, organisée tous les deux mois par la ville de Nancy - qui réunit les structures d’accueil publiques de la ville, structures privées, CAF, pédiatres et protection maternelle et infantile (PMI) -, que le personnel municipal a abordé la problématique du handicap. "Les autres partenaires se sont saisis du sujet, d’autant plus que la CAF souhaitait promouvoir cette problématique", se souvient l’élue.
Un groupe projet, composé de personnels de la ville volontaires, visite d’autres structures, notamment des instituts spécialisés, puis rencontre des professionnels de santé et élabore des outils destinés aux structures d’accueil.

Volontariat du personnel essentiel

"L’accueil des enfants handicapés exige un fort investissement du personnel, estime l’élue. C’est pourquoi, il me paraît essentiel pour une municipalité de vérifier ou susciter la motivation des personnels de la petite enfance." En 2013, une formation en interne est proposée. L’objectif est que chacune des structures municipales dispose au minimum d’une personne formée à l’accueil des enfants en situation de handicap. Le dispositif est complété par un guide pédagogique, ainsi qu’une mallette de jeux adaptés à différents handicaps.

Préparer l’accueil de l’enfant en amont

"L’idée est d’accueillir ces enfants en milieu ordinaire, surtout pas de créer une sorte de ghetto, ni de mettre en difficulté le personnel dans des structures qui restent à effectifs constants, indique l’élue. Nancy a montré la qu’avec une volonté politique et une mobilisation des personnels, il est possible d’accueillir tout enfant en situation de handicap, sauf si le handicap est incompatible avec la vie en collectivité."
La préparation de l’arrivée de l’enfant avec toutes les personnes concernées est l’une des conditions de sa bonne intégration. Un temps de dialogue est prévu en amont avec les parents, la direction de l’établissement, le médecin de l’enfant et celui de la structure. Jusqu’à présent, la ville a statué sur deux refus, l’un pour un enfant atteint de la maladie des os de verre et l’autre souffrant d’un autisme sévère.

Une quinzaine d’enfants accueillis en 2015

En 2015, sur environ un millier de places, les équipes des structures ont accueilli une quinzaine d’enfants en situation de handicap.
La ville a communiqué sur le dispositif via la mission handicap au sein du CCAS, les associations de personnes handicapées, la maison départementale des personnes handicapées (MDPH) et des articles dans la presse locale. "Grâce à cette communication, nous accueillons des familles qui, plutôt que de prendre le risque d’être confrontée à un refus, n’auraient pas fait de demande", conclut l’adjointe.
Le dispositif mise en œuvre par la Ville de Navcy a reçu le Prix Territoria / Unicef 2015, décerné par l’Observatoire national de l’innovation publique.

Cécile Perrin pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info