Nantes métropole : La maîtrise des consommations énergétiques des bâtiments passe par la data

Les bâtiments publics contribuent à l’impact carbone d’une collectivité. Comme le montre l’exemple de Nantes métropole, le préalable à une réduction des consommations énergétiques est de disposer de données fiables sur ses bâtiments. Un chantier au long cours qui a l’avantage de se traduire, in fine, par des économies sensibles. 

Dans le cadre de sa politique de réduction de son empreinte carbone, la métropole de Nantes s’est fixée pour objectif de maitriser la consommation énergétique de ses 650 bâtiments (2500 « usages » ou encore 1,6 millions de m2) et de faire en sorte qu’ils soient tous alimentés par des énergies renouvelables d’ici à 2026. Réduire les consommations implique de connaitre le profil énergétique de chaque bâtiment et de disposer de données précises pour déceler d’éventuelles aberrations. « Sur le papier c’est simple, en pratique, c’est beaucoup plus compliqué. Dans le domaine de l’énergie la donnée est à mettre au pluriel » explique Emmanuel Dion chargé de la maîtrise des énergies à la métropole de Nantes. Derrière un « point de livraison » (PDL), il peut par exemple y avoir plusieurs bâtiments, seulement une portion ou encore différents établissements. Il faut aussi en connaitre les usages et fonctions pour évaluer correctement son comportement énergétique.

Les factures scrutées par un algorithme

C’est du reste pour préparer l’obligation de mise en concurrence des fournisseurs d’énergie (à partir du 1er janvier 2016) que la collectivité a commencé cet inventaire. Face au travail de fourmis que cela représentait, la collectivité est passée par un prestataire, la société SSInergie / Engie qui propose la solution digitale Vertuoz, pour analyser automatiquement les factures, première « donnée » que possèdent les collectivités. Ensuite, une expérimentation avec la société Deepki a permis de croiser le patrimoine avec les marchés de l’énergie en cours (électricité et gaz) ; pour lesquels les cours sont très volatils (validité des offres 4h). La collectivité a pu réaliser une économie de 30 000 euros sur un an. Fort de cette réussite, Nantes Métropole a souscrit fin 2020 à cette application SAAS qui permet un suivi très fin des factures. La collectivité s’est ensuite intéressée aux consommations des bâtiments les plus énergivores pour établir son « talon de consommation », à savoir sa consommation minimale pour faire fonctionner le bâtiment inoccupé (ventilation, veille, sécurité…). Dans l’optique de bâtiments 100% raccordés aux ENR, cette donnée est indispensable pour déterminer le dimensionnement des panneaux solaires à installer. Le talon de consommation de chaque bâtiment, calculé par la société Akajoule, peut être croisé avec les données sur les installations ENR environnantes pour privilégier leur alimentation future par des ressources énergétiques locales.

Les 30 bâtiments les plus consommateurs sous surveillance

Cette cartographie énergétique des bâtiments finalisée, restait à connaitre l’évolution des consommations, les factures mensuelles en donnant une idée d’autant plus imprécise que certaines sont basées sur un forfait réajusté en fonction de la consommation réelle. Une expérimentation avec Enedis a permis de tester la récupération automatique des courbes de charge autrement dit la consommation réelle remontée toutes les 10 minutes. Nantes métropole fait aussi partie des collectivités pilotes choisies par Enedis, le gestionnaire du réseau d’électricité, pour tester Opinum, un superviseur énergétique dédié aux bâtiments. La vocation de cet outil de pilotage est de générer des alertes en cas de situation anormale comme lorsqu’un bâtiment affiche une consommation élevée alors qu’il est inoccupé. « Ce suivi des consommations en temps réel n’est cependant pas possible pour l’ensemble des bâtiments. Nous avons opté pour nous concentrer sur les trente entités les plus consommatrices (siège de la métropole, musées, piscines…) pour pouvoir intervenir rapidement en cas de surconsommation » précise le technicien. L’outil, testé en 2020 et déployé en 2021, va contribuer à affiner le pilotage énergétique des bâtiments. Mais la chasse aux données n’est pas terminée pour autant : « Pour un suivi optimal des consommations des piscines par exemple, il faudrait connaitre leur fréquentation en temps réel, la taille des bassins, pouvoir comparer toutes les piscines entre elles… ». Et même avec ces données d’usage (loin d’être toutes disponibles ou exploitables), il faudra ensuite que les agents voire les usagers se les approprient, car in fine ce sont bien les utilisateurs qui ont le pouvoir d’infléchir durablement les courbes.

Une administratrice générale des données

Suite à l’adoption de sa charte métropolitaine de la donnée, la collectivité nantaise a nommé fin 2020 une administratrice générale de la donnée. Placée auprès de la DGA ressources (RH, DSI, Finances…) Claire Sacheaud a pour missions l’animation de la stratégie de la donnée et de diffuser une culture transversale de la donnée. Elle a aussi la fonction de déléguée à la protection des données (imposée par le RGPD).

Les actions engagées par la collectivité depuis le lancement de la charte ont été présentées lors du Salon de la Data 2020 (https://metropole.nantes.fr/charte-donnee). Parmi les projets en cours : l’insertion de clauses data conformes aux principes de la charte dans les marchés, un programme d’éducation populaire à la donnée et l’expérimentation d’un algorithme prédictif pour évaluer le nombre d’enfants à accueillir à la cantine et contribuer, ainsi, à limiter le gaspillage alimentaire

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