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Changement climatique - Nature 2050, un outil au service des territoires déployé en Provence-Alpes-Côte d'Azur

Deux jours avant la venue de Nicolas Hulot pour évoquer son futur plan sur la biodiversité, une rencontre organisée le 16 mai au palais du Pharo à Marseille a permis de faire un point sur le programme Nature 2050 conçu par CDC Biodiversité, filiale de la Caisse des Dépôts, et de soutenir son déploiement en région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Deux des trois projets en cours y ont été présentés aux élus, entreprises, organismes professionnels et associations présentes.

Le programme Nature 2050 lancé par CDC Biodiversité fin 2016 est un outil de financement de la transition écologique des territoires. Sa vocation consiste à promouvoir des solutions de préservation de la biodiversité et d’adaptation aux changements climatiques en limitant les risques naturels qui en découlent tels que les inondations, l’érosion ou la sècheresse. Le principe de fonctionnement du programme est simple : pour chaque versement volontaire de 5 euros HT par une entreprise qui souhaite s’associer à Nature 2050, CDC Biodiversité restaure et adapte 1 mètre carré de territoire jusqu’en 2050. Les entreprises qui le souhaitent peuvent ainsi agir en faveur de l’environnement et du territoire sur lequel elles sont implantées. En mai 2018, seize programmes Nature 2050 étaient en cours de réalisation au niveau national.

Aborder l’environnement comme une opportunité économique

Intervenant en ouverture de la rencontre organisée le 16 mai par CDC Biodiversité à Marseille pour soutenir le déploiement du programme Nature 2050 sur le territoire Provence-Alpes-Côte d’Azur, Didier Réault, adjoint au maire de Marseille délégué à la mer, au littoral, au nautisme et aux plages, a mis l’accent sur un point fort de Nature 2050 en rappelant que les collectivités ont besoin des entreprises pour porter des actions sur la nature et la biodiversité. "La création du parc national des Calanques a été un déclencheur d’autres actions autour des espaces naturels et a permis aux acteurs économiques et associatifs locaux de s’engager au sein du Conseil d’administration du parc avec les collectivités", a-t-il illustré. Didier Réault a également insisté sur l’importance de l’environnement naturel dans l’attractivité touristique et économique des territoires. "Accéder rapidement aux espaces naturels est l'un des critères majeurs pour attirer des cadres dans une métropole", a-t-il précisé. Une approche reprise par Luc Ronfard, dirigeant de l’entreprise Lou Bio à Manosque et président de la commission développement durable de la CCI des Alpes-de-Haute-Provence : "Nous sommes en train de développer une approche de marketing territorial avec les entreprises performantes en matière de responsabilité sociale et environnementale (RSE) pour mettre en lien attractivité touristique et attractivité économique. Dans cette perspective, des réflexions sont en cours dans plusieurs entreprises du département pour intégrer le programme Nature 2050."

Des événements au retentissement mondial

Toujours dans le même esprit, Didier Réault considère que "la désignation de Marseille pour accueillir les compétitions de voile des Jeux olympiques en 2024 est aussi fondée sur les aspects environnementaux et les efforts produits pour améliorer la qualité de l’eau dans la baie de Marseille." Sur cette lancée, la ville a été retenue comme candidate à l’accueil du Congrès mondial de la nature organisé par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) en 2020. Enfin, Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, a choisi Marseille pour venir défendre ce 18 mai son plan en faveur de la biodiversité (voir ci-dessous notre article de ce jour).

"Polluer prend 5 minutes, dépolluer 50 ans"

Autre point clé salué par les participants au colloque, l’engagement à très long terme du programme Nature 2050. "La transition écologique s’opérera sur la durée et le premier métier de la Caisse des Dépôts est justement de s’engager sur le temps long pour les acteurs publics et privés. Polluer peut prendre cinq minutes mais dépolluer est souvent l’affaire d’une cinquantaine d’années", a fait valoir Marc Abadie, président de CDC Biodiversité. Et celui-ci d'ajouter : "Nous avons fait de la question du développement durable une priorité en considérant que la préservation de l’environnement doit être abordée comme un enjeu économique." Une approche qui a fait l’unanimité, les participants rappelant volontiers qu’il ne peut évidemment avoir d’activités humaines - agriculture, tourisme... mais aussi industrie - qu’en relation avec la nature et ses ressources.

Des solutions durables inspirées de la nature

Le président de CDC Biodiversité a aussi souligné que le programme Nature 2050 soutient des solutions fondées sur la nature de préférence aux solutions artificielles consistant, par exemple, à construire des digues dont on ne peut jamais prédire qu’elles seront assez hautes pour contenir les futures crues ni qu’elles ne se briseront pas. Emmanuel Delannoy, consultant associé chez Pikaia, a présenté la démarche de biomimétisme - ou comment s’inspirer du fonctionnement du vivant et donc de la nature pour trouver des solutions durables. "La nature est comme une banque de recherche et développement qui a plus de huit milliards d’années de retours d’expériences. Le biomimétisme peut également nous inspirer pour revoir nos organisations afin de les rendre plus efficaces pour créer de la valeur à long terme en créant des mécanismes plus coopératifs et ancrés dans les territoires."

Préserver la planète, un effort à notre portée

Les moyens nécessaires pour protéger la planète sont importants mais à notre portée, a souligné Philippe Thievent, directeur de CDC Biodiversité : "S’il faut multiplier par 10 les moyens consacrés à la préservation de la vie sur terre, l’effort total ne représente que 5 pour 1.000 de notre PIB." Afin de mobiliser davantage de moyens, Patricia Ricard, présidente de l’Institut océanographique Paul-Ricard, a appelé les entreprises à soutenir les scientifiques par des actions de mécénat environnemental comme elles le font pour le mécénat culturel. "Les fondations d’entreprises bénéficient d’un avantage fiscal quand elles acquièrent, très cher, des œuvres d’art. Elles pourraient rééquilibrer leur action en investissant davantage qu’elles ne le font aujourd’hui dans la recherche scientifique pour la préservation de la planète."

NATURE 2050 EN ACTIONS

Le programme CasCioMar 2050

Premier et seul programme marin de Nature 2050 à l’heure actuelle, CasCioMar est emblématique de ce que souhaite réaliser CDC Biodiversité sur l’ensemble du pourtour méditerranéen. Il vise à restaurer les fonctionnalités des petits fonds côtiers dans les baies de Cassis, La Ciotat et Marseille. Ces espaces se sont dégradés sous l’effet de l’artificialisation du littoral et du changement climatique. Pour améliorer leur biodiversité et leur résilience, le programme CasCioMar comporte trois phases. La première est en cours et concerne le repeuplement d’espèces selon le procédé BiosRestore d’Ecocean, maître d’œuvre de l’opération. Il consiste à prélever des larves de sar (poisson méditerranéen) pour les faire grandir dans une ferme à l’abri des prédateurs avant de les relâcher. La deuxième phase démarrera prochainement avec l’installation de nurseries côtières artificielles qui permettront aux jeunes poissons d’atteindre une maturité suffisante pour résister encore mieux aux prédateurs et recoloniser leur espace. Enfin, la troisième phase consistera à transplanter des algues et des herbiers à fort intérêt écologique.

Le programme d’adaptation d’une forêt de montagne aux changements climatiques
Ce programme a pour objectif de diversifier les massifs forestiers de la réserve naturelle régionale des Partias dans le Briançonnais (Hautes-Alpes) par le repeuplement en pins cembro. Cette espèce était bien implantée avant de se raréfier. Le programme est aussi orienté vers la conservation de la biodiversité locale de la faune et de la flore. Ces actions permettront de renforcer la résilience de la forêt aux changements climatiques qui l’affectent. Elles permettront aussi de tester plusieurs espèces d’arbres pour voir celles qui résistent le mieux aux changements climatiques.