NPNRU : Valérie Létard appelle à l’adaptation et envisage un report d’échéance

Publiée le 20 mai, la revue nationale de projets du nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) dresse un bilan d’étape du programme. Si elle souligne des avancées significatives quant aux conditions de vie, à l’efficacité énergétique et à l’économie locale dans les quartiers prioritaires, elle identifie aussi des zones de vigilance sur les risques opérationnels. Des constats qui ont conduit Valérie Létard à suggérer une adaptation des calendriers pour assurer le succès continu du NPNRU, tout en préparant sa suite. 

Le nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) poursuit son oeuvre de transformation en profondeur des quartiers prioritaires. Selon la revue nationale de projets, communiquée le 20 mai par le ministère du Logement et l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), 100% du programme serait désormais contractualisé, 84% des opérations prévues sont lancées, et près d’un quart d’entre elles déjà livrées (soit 2.283, dont 220 équipements publics). Le ministère cite notamment des réhabilitations et des créations de logements à La Roche-sur-Yon (Vendée), à Beauvais (Oise) ou encore à Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône), mais également la réalisation d’une halle de commerces et de services à Tourcoing (Nord), ou encore la restructuration d’une école à Illkirch-Graffenstaden (Bas-Rhin). 

Au-delà de la requalification de l’habitat, le programme finance on le sait la reconstitution de l’offre de logements sociaux, des aménagements urbains et des équipements publics tels que les écoles, les collèges et les gymnases. Des investissements massifs qui visent à transformer les quartiers et à renforcer leur attractivité. Selon la revue nationale, le programme affiche en effet des performances notables en matière de performance énergétique, avec 82% des requalifications financées atteignant le label BBC Rénovation (soit une étiquette A ou B du DPE).

Des impacts sont également visibles sur la situation sociale des quartiers. Une augmentation du taux de réussite est constatée dans 62% des collèges des QPV bénéficiant du NPNRU. En termes de développement économique, 439.000 emplois en équivalent temps plein (directs et indirects) sont mobilisés, et 10,2 milliards d’euros de recettes fiscales générés. Le programme aurait en outre contribué à une diminution de 1,1 point du pourcentage de personnes pauvres vivant en QPV.

De nombreuses opérations “à risque”

Malgré ces avancées, la politique de la rénovation urbaine est parfois complexe et délicate dans certains territoires, notamment en raison de difficultés liées au relogement, aux surcoûts ou au temps nécessaire pour mettre au point les projets. Valérie Létard appelle donc à une “posture de responsabilité collective et d’adaptation”. “Nous devons ajuster nos échéances, notamment en prolongeant la période d’engagement jusqu’à fin 2027”, estime la ministre du Logement.

D’autres points de vigilance sont pointés par la revue nationale. Si un très fort taux d’engagement est attendu fin 2026, avec 385 QPV sur 448 engagés à plus de 95%, 31 présenteraient des risques d’engagement affectant entre 10 et 40% des concours financiers. Par ailleurs, sur les 2.102 opérations restant à engager au 30 avril 2025, 12% pourraient ne pas atteindre le jalon opérationnel au 30 juin 2026. Ces opérations à risque concernent particulièrement les équipements publics et les aménagements portés par les collectivités territoriales. Enfin, 2.700 opérations sont identifiées comme présentant un risque de livraison post-2030. Le ministère souligne ainsi la nécessité de continuer à accompagner les porteurs de projet pour réduire au maximum les risques opérationnels, et annonce reporter l’échéance de livraison des opérations de 2030 à 2032.

Après la publication de la revue nationale, consécutive à la remise du rapport “Ensemble refaire ville” (lire notre article de février dernier), un tour de table financier aura lieu pour évaluer les conditions d’un futur programme de rénovation. Le ministère indique à ce sujet que des réflexions sont déjà engagées sur l’identification de financements pérennes, Valérie Létard souhaitant que la solidarité nationale continue à s’exercer pour transformer les quartiers prioritaires. On sait que le président de l'Anru lui-même, Patrice Vergriete, n'a de cesse d'alerter sur le fait que le niveau des financements incombant à l'État pour financer le NPNRU pourrait entraîner la mise à l'arrêt de certains projets (voir notre article du 10 avril) et sur la nécessité de préparer dès à présent un "Anru 3" (voir notre article du 7 mai).

 

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