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Habitat - Paris va transformer le ministère de la Défense... en logements sociaux

La RIVP (Régie immobilière de la ville de Paris), second bailleur social le plus important de la capitale, annonce la signature officielle de l'acte d'acquisition de l'îlot Saint-Germain. Cet ensemble d'environ 17.000 m2 abritait les services centraux du ministère de la Défense, jusqu'à leur déménagement dans le "Pentagone à la française" à Balard, dans le 15e arrondissement de Paris. L'îlot Saint-Germain se situe, pour sa part, dans le très chic 7e arrondissement, entre la rue Saint-Dominique et le boulevard Saint-Germain, à deux pas de l'Assemblée nationale et du musée d'Orsay.
Présidée par Frédérique Calendra, maire du 20e arrondissement de la capitale et rapporteure spéciale du Grand Paris, la RIVP est une société d'économie mixte (SEM) locale. Elle gère près de 61.000 logements sociaux, dont 7.900 en logements foyers.

"Une opportunité historique à ne pas manquer"

Cette opération - qui ne semble pas concerner l'Hôtel de Brienne, monument classé où la ministre et son cabinet entendent bien se maintenir - va permettre d'installer, après transformation des bureaux, 251 logements sociaux, répartis en 126 PLAI (prêt locatif aidé d'insertion), 100 PLUS (prêt locatif à usage social) et 25 PLS (prêt locatif social). Ils seront loués, selon la catégorie, entre 6 euros et 14 euros le mètre carré. S'y ajouteront également un gymnase et une crèche de 66 berceaux. Dix pour cent des logements ainsi créés devraient être réservés à des agents du ministère.
Ian Brossat se félicite de la conclusion de cet accord, "après des négociations longues et compliquées avec le ministère de la Défense". Pour l'adjoint à la maire de Paris en charge du logement, le 7e est en effet "l'arrondissement le plus déficitaire en logements sociaux et où il y a très peu de parcelles disponibles c'était donc une opportunité historique à ne pas manquer". L'arrondissement aujourd'hui compte seulement 3% de logements sociaux.

Un accord foncier signé dès 2016

Si la convention d'acquisition vient seulement d'être signée, le principe de la vente était déjà acté depuis plus de huit mois. En outre, la ville de Paris s'était portée candidate à l'acquisition de cet ensemble dès 2016, lors du déménagement du ministère à Balard.
En juin 2016, Manuel Valls, alors Premier ministre, et Anne Hidalgo avaient d'ailleurs signé un "accord foncier" portant sur la cession, par l'Etat, d'emprises foncières (terrains militaires et administrations) devant permettre la construction d'environ 2.000 logements sociaux. Avec plusieurs casernes de la capitale, l'îlot Saint-Germain faisait partie de cet accord, mais il était alors question "d'une opération foncière alliant production de logement social, création de bureaux pour les entreprises et maintien d'une partie des activités militaires", ce qui ne semble plus être le cas aujourd'hui.

Un coût ramené à "seulement" 29 millions d'euros grâce à la décote

Le prix d'acquisition, négocié directement entre la ville et l'Etat - même si c'est la RIVP qui se porte juridiquement acquéreur - est de 29 millions d'euros. Alors que l'Assemblée nationale vient d'adopter une résolution très critique sur le mécanisme de la décote appliqué à la vente de terrains de l'Etat et de ses établissements (voir notre article ci-dessous du 19 juin 2018), Ian Brossat explique que "c'est grâce à la disposition de la loi Duflot de 2016 que nous avons pu acquérir à des prix inférieurs au marché des immeubles dans les quartiers huppés de la capitale". Grâce à la décote, le prix d'achat se situerait autour de 5.000 euros le m2, alors que les prix pratiqués dans le 7e arrondissement tournent plutôt autour de 12.000 euros.
Le ministère devrait libérer totalement les lieux à la fin de 2018. La transformation de cet ensemble de bureaux en logements devrait prendre ensuite au moins deux ans, ce qui laisse envisager les premières entrées dans les lieux pour la fin de 2020 ou le début de 2021.

 

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