Archives

Emploi - Parution du premier atlas des missions locales : de fortes inégalités entre les régions

Le premier atlas des missions locales fait apparaître de nettes disparités entre les régions : avec une mission locale pour 21.000 jeunes environ et un taux de chômage des jeunes de 32,4%, la région Nord-Pas-de-Calais est ainsi bien moins lotie que l'ensemble des régions. Le Limousin, par exemple, compte une mission locale pour 13.000 jeunes mais avec un taux de chômage de dix points inférieurs.

Pour la première fois, la Dares (ministère du Travail) publie un atlas des missions locales. Au niveau national, mais aussi région par région, l'atlas, publié le 18 juin 2015, présente les données clés des missions locales : zones de couverture, données relatives aux territoires et à leurs habitants, taux de chômage des jeunes dans ces territoires, et activité et composition des missions locales.
"La quasi-totalité des communes sont aujourd'hui couvertes", affirme le document. Les missions locales couvrent ainsi 36.591 communes sur les 36.658 communes que comptent la France métropolitaine.
Les premières expérimentations de missions locales datent de 1982, à la suite du rapport Schwartz de 1981. Face au contexte d'augmentation du chômage des jeunes non diplômés, ce rapport préconisait la création d'un réseau de structures locales pour l'accompagnement des jeunes. L'ordonnance du 26 mars 1982 crée deux types de structures : un réseau de 850 permanences d'accueil, d'information et d'orientation (PAIO) pour accueillir, informer et orienter les jeunes de 16 à 18 ans vers des actions de formation, et un réseau, en expérimentation, de 61 missions locales pour apporter aux jeunes de 16 à 25 ans une aide plus étendue, dépassant l'orientation professionnelle, et leur permettant d'élaborer et de mettre en oeuvre un projet d'insertion sociale et professionnelle. "Ce deuxième réseau fait une place importante aux municipalités : la présidence des missions locales leur revient de droit et elles doivent assurer au moins 50% du financement des structures", souligne l'atlas. Face à une demande de plus en plus importante, les PAIO élargissent leur champ d'action et la loi de 1989 favorisant le retour à l'emploi et luttant contre l'exclusion professionnelle permet le développement et la structuration des missions locales. En un peu plus de trente ans, les missions locales ont ainsi réussi à couvrir quasiment l'ensemble des communes de France.

Des jeunes souvent diplômés

Autre enseignement de l'atlas : les missions locales emploient quelque 10.300 équivalents temps plein (ETP), avec 1.295 antennes et 4.769 permanences d'accueil. En 2013, elles ont reçu en entretien individuel 1,2 million de jeunes pour les orienter et les aider dans leurs démarches de recherche d'emploi et dans leurs démarches sociales. "Chaque mission locale suit les jeunes vivant dans sa zone de couverture, définie comme le regroupement des communes qui lui apportent un financement", indique l'atlas. Leurs activités sont variées : entretiens individuels, ateliers, organisation de séances d'informations collectives, proposition de formations, de périodes d'immersion, aides financières ponctuelles…
Les jeunes reçus dans les missions locales sont le plus souvent de niveau supérieur et diplômés. 28,9% des jeunes reçus au niveau de la France entière sont ainsi de niveau IV (baccalauréat général, technologique ou professionnel) diplômés et plus et 21,9% de niveau V (CAP ou BEP) diplômés. Ils ne sont que 8,9% de niveau IV sans diplôme (sortis du système éducatif sans diplôme après la terminale) et 8,5% de niveau IV (sans diplôme ou brevet des collèges).
"Le nombre, la taille et la forme des zones de couvertures des missions locales varient selon les régions, selon la présence ou non de grandes métropoles, selon leur caractère plutôt rural ou urbain et selon leur relief", détaille l'atlas. Les régions métropolitaines comportent ainsi le plus souvent entre dix et trente missions locales, sauf deux régions, l'Ile-de-France et Rhône-Alpes, qui sont particulièrement pourvues : 76 missions locales pour l'Ile-de-France et 47 pour la région Rhône-Alpes.
Un nombre important de structures ; mais qui rapporté à la population n'est pas le plus favorable. Ainsi, en Ile-de-France, on compte une mission locale pour 155.263 habitants et pour 20.526 jeunes entre 16 et 25 ans, pour un taux de chômage de 21,1%, légèrement inférieur à la moyenne nationale (24,5% pour la France entière et 23,7% pour la France métropolitaine). En Rhône-Alpes, le ratio est de une mission locale pour 131.914 habitants, et 16.740 jeunes, avec un taux de chômage des jeunes de 20,4%. En comparaison, la Corse, qui ne compte que quatre missions locales, dispose d'une mission locale pour 77.423 habitants et pour 8.757 jeunes seulement, soit deux fois moins qu'en Ile-de-France et en Rhône-Alpes, pour un taux de chômage des jeunes de 25,8%.

Une situation variée en outre-mer

D'autres régions, comme l'Ile-de-France et Rhône-Alpes, disposent d'un nombre important de structures mais d'un ratio également peu favorable (rapport entre le nombre de missions locales et la population), souvent associé à un taux de chômage des jeunes très élevé.
En Nord-Pas-de-Calais, le taux de chômage des jeunes s'établit ainsi à 32,4%, bien au-dessus de la moyenne française (24,5% pour la France entière, 23,7% pour la France métropolitaine). 26 missions locales sont réparties sur le territoire avec une structure pour 21.316 jeunes… Même chose pour le Languedoc-Roussillon qui dispose d'une structure pour 18.265 jeunes, avec un taux de chômage des jeunes de 31,2%, pour la Haute-Normandie (une mission locale pour 19.363 jeunes, un taux de chômage des jeunes de 26,3%) et Provence-Alpes-Côte d'Azur (une pour 19.724 jeunes, et un taux de 26,3%).
A l'inverse, comme en Corse, plusieurs régions, moins pourvues en missions locales, ont un ratio bien plus favorable. C'est le cas du Limousin, qui, avec quatre missions locales, dispose d'une structure pour 13.137 jeunes, avec un taux de chômage des jeunes de 21.9%, et de la France-Comté, qui compte dix missions locales, avec une structure pour 14.191 jeunes et un taux de chômage de 22,1%.
En outre-mer, la situation est assez variée, comme le précise l'atlas : la Guadeloupe et la Guyane comportent chacune une mission locale unique. Cela correspond à une structure pour 49.202 jeunes en Guadeloupe, et une pour 36.012 en Guyane. La Martinique en compte trois (une pour 16.457 jeunes) et La Réunion quatre (une pour 31.022 jeunes). Dans ces territoires, le taux de chômage des jeunes est particulièrement fort : 53,7% pour tout l'outre-mer.