Archives

Cinéma - "Petit Paysan", trois fois primé au festival d'Angoulême, a bénéficié de l'aide au tournage de la région Grand Est

Le film "Petit Paysan" sort ce mercredi 30 août sur les écrans. Accompagné par le bureau d’accueil des tournages Grand Est, ce long métrage de fiction a bénéficié d’un soutien régional de 100.000 euros visant à "accompagner le développement et la promotion des territoires ruraux", indique le conseil régional dans un communiqué.
En échange de cette aide publique, le producteur du film devait s'engager à effectuer "une part significative de la fabrication de l’oeuvre, activité de production, tournage, réalisation d’animation, postproduction (...) en région Grand Est en mobilisant le plus largement possible les ressources et talents de l’ensemble du territoire". Il devait par ailleurs "s’engager à un montant de dépenses en Grand Est, hors imprévus, égal à 160% de l’aide régionale sollicitée ou votée".

Un tournage à 20 km de Saint-Dizier

Le tournage s'est en effet déroulé en Champagne-Ardenne, à Droyes, à 20 km de Saint-Dizier, dans la ferme des parents du réalisateur, Hubert Charuel. Le scénario : "Pierre, la trentaine, est éleveur de vaches laitières. Sa vie s’organise autour de sa ferme, sa sœur vétérinaire et ses parents dont il a repris l’exploitation. Alors que les premiers cas d’une épidémie se déclarent en France, Pierre découvre que l’une de ses bêtes est infectée."
Pour imaginer cette fiction, Hubert Charuel, 32 ans, s'est appuyé sur ses souvenirs de la crise de la vache folle. "Je me revois devant la télé, il y a un sujet sur la maladie, personne ne comprend ce qui se passe, on tue tous les animaux. Et ma mère me dit : 'Si ça arrive chez nous, je me suicide'. J’ai dix ans et je me dis que ça peut arriver… Je me souviens de la tension qu’il y avait partout (...) On ne savait pas par où passait la contamination, c’était la panique générale. Une paranoïa totale."

Un thriller qui parle aussi de la vie à la ferme

Mais au-delà du "thriller rural", ainsi que l'a présenté la critique cinéma, Hubert Charuel a aussi voulu "parler de cette énorme contrainte qu’est la vie à la ferme : travailler sept jours sur sept, traire deux fois par jour, toute l’année, toute la vie. Et du rapport aux parents qui sont toujours là, le poids de cet héritage. Les gestes sont hyper-ritualisés, on va traire les vaches comme on va à la prière, le matin, le soir. Etre éleveur laitier, c’est un sacerdoce." Selon lui, "ce qui leur a permis de survivre à la crise laitière, c’est beaucoup de travail, peu d’investissements, peu de nouveaux outils, des emprunts limités. Cela signifie beaucoup d’intelligence et aussi s’user physiquement pour survivre".
Le film a remporté, le 27 août, trois distinctions lors de la dixième édition du Festival du film francophone d'Angoulême *. Il avait été sélectionné en séance spéciale dans le cadre de la Semaine de la critique au festival de Cannes en mai dernier. Il avait obtenu le Prix d'aide à la création de la fondation Gan pour le Cinéma en 2015 et le Prix du meilleur scénario de long métrage au festival Premiers Plans d'Angers en 2016. Le film avait par ailleurs bénéficié de l’avance sur recettes du CNC, du soutien de Canal+ et de France 2 Cinéma.

*Le prix du Valois de diamant (prix du meilleur film en compétition), le prix de la meilleure musique de film pour son compositeur, Myd, et le prix du meilleur acteur pour Swann Arlaud, pour son rôle de Pierre.