Archives

Santé / Environnement - Pics de pollution : les Parisiens les plus défavorisés sont les plus vulnérables

Face aux pics de pollution atmosphérique à Paris, des chercheurs de l'Inserm et de l'Ecole des hautes études en santé publique (EHESP) viennent de mettre en évidence que ce sont les personnes les plus défavorisées qui sont aussi les plus vulnérables. "Nous avons découvert que les Parisiens vivant dans les quartiers qui sont à la fois les plus défavorisés et les plus pollués avaient un risque 5 fois plus élevé de décéder lors d'un pic de pollution que ceux vivant dans les quartiers les plus aisés et les moins pollués", a déclaré le 4 septembre à l'AFP Denis Zmirou de l'EHESP, coauteur de l'étude parue en juillet dans la revue américaine Plos One. Les chercheurs sont arrivés à ce résultat en analysant les causes de près de 80.000 décès survenus chez des Parisiens de plus de 35 ans entre 2004 et 2009.
Ils ont ensuite réalisé deux cartographies de Paris, l'une indiquant la répartition des populations selon le statut socioéconomique des quartiers de résidence, et l'autre répertoriant les concentrations moyennes annuelles de dioxyde d'azote. Le dioxyde d'azote (NO2) est l'un des principaux polluants atmosphériques. Il est directement lié au trafic automobile et au chauffage des bâtiments.
Les cartes montrent que les personnes les plus défavorisées vivent principalement à l'est et au nord de la capitale. Les zones les plus polluées se trouvent pour leur part dans le centre et le nord-ouest de Paris, avec des concentrations de dioxyde d'azote dépassant les 55,8 microgrammes par mètre cube d'air, soit nettement plus que le seuil maximal de 40µg recommandé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Les chercheurs ont découvert que toute hausse de 10µg/m3 de la concentration de NO2 d'un jour à l'autre se traduisait par une augmentation d'1% du nombre des décès à Paris.
Dans les quartiers les plus pollués, la hausse des décès constatée atteint 3% lors des pics de pollution. Mais si l'on superpose la carte des quartiers pollués et celle des quartiers défavorisés, on s'aperçoit alors que la hausse s'élève à 5%, selon Denis Zmirou. "Nous sommes face à un effet de fragilisation en continu des populations dues à la pollution chronique. Les gens ainsi fragilisés sont alors 'emportés' par les pics de pollution et les catégories sociales modestes en sont les principales victimes", résume le chercheur.
Parmi les causes de ce phénomène, il cite un habitat plus exposé à la pollution (souvent situé le long de grands axes de circulation) et de moins bonne qualité, ainsi qu'un état de santé globalement plus précaire chez les personnes les plus défavorisées (en raison d'un tabagisme accru, d'une mauvaise alimentation ou d'un manque d'exercice physique). "L'étude montre aussi que plutôt que d'agir sur les pics de pollution, il faut d'abord réduire la pollution de fond, ce qui diminuera la fragilisation des populations vivant dans les quartiers pollués et réduira le risque de survenue des pics", ajoute-t-il.

 

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis