PNR des Pyrénées catalanes : inventer l'avenir du territoire avec les habitants (66)

Le parc naturel régional des Pyrénées catalanes a initié trois ateliers locaux d’urbanisme et de paysage, les Alup, pour impliquer les habitants très en amont dans les documents d’urbanisme et l’aménagement de leurs communes. Leur expression est facilitée par une pédagogie active : balades commentées, échanges sur photos et maquettes, qui ont apporté de nombreuses idées aux élus. Une partie d’entre elles a été concrétisée.

C’est au moment de réviser sa charte, en 2013, que le parc naturel régional des Pyrénées catalanes (23.000 habitants) a exprimé le besoin d’associer les habitants à ses actions et à celles des communes. "Souvent les documents d’urbanisme, notamment ceux visant une mise en conformité avec les objectifs du parc sur le cadre de vie par exemple, sont élaborés par deux ou trois élus avec un bureau d’études, sans réelle implication de la population. De ce fait, les habitants ne visualisent pas vraiment à quoi sert un parc. Nous nous donc sommes inspirés de démarches participatives mises en œuvre dans d’autres parcs pour créer des ateliers locaux d’urbanisme et de paysage, les Alup", explique le chargé de mission urbanisme et paysages, Raphaël Garcia.

A Catllar, balade commentée du paysage et échanges sur des vues aériennes

La commune de Catllar (743 hab.), qui souhaitait engager une démarche de PLU, accepte que le premier Alup soit testé chez elle. Durant six mois, plusieurs chargés de mission du parc (urbanisme, paysage, aménagement et mobilité...), avec des partenaires locaux (CAUE, DDTM, chambre d’agriculture, conseil départemental, Dreal, ...) ont élaboré une méthodologie et des outils participatifs. Trois rendez-vous, sous forme de balade commentée du paysage, d’échanges autour de vues aériennes et de maquettes, de visite d’un quartier, ont été organisés durant une année pour associer les habitants aux grandes étapes du PLU (diagnostic, PADD...).

Des habitants très mobilisés et actifs…

Mobilisés par la presse locale, des flyers et des affiches, une cinquantaine d’habitants ont répondu présent. La forme dynamique des animations a favorisé leur prise de parole et l’expression de leurs attentes en présence des élus, mais aussi des partenaires et du bureau d’étude chargé du PLU. "Ils ont par exemple tenu à préserver des terrains agricoles destinés à être urbanisés. Le village étant éclaté en trois parties, ils ont aussi souhaité relier celles-ci par des cheminements doux, dont les travaux ont commencé en 2017." Chaque fois, les chargés de mission du parc ont animé et synthétisé ces rendez-vous.

… et des élus qui doivent s’initier à la démarche participative

Un bilan final a montré que l’Alup avait permis de tisser des liens entre tous les participants. "Les élus ont salué la démarche qui leur a apporté de nombreuses idées. Ils ont aussi exprimé la difficulté dans un premier temps de se tenir en retrait, de ne pas intervenir en tant qu’élus, mais au même titre que les habitants", témoigne le chargé de mission.

Les communes chargées de mobiliser d’autres citoyens pour un second Alup

En 2014-2015, un second Alup est initié sur neuf communes de la vallée du Têt, pas encore organisée en intercommunalité. La vallée est traversée par une route nationale passante, bruyante et polluante. L’objectif est d’améliorer la qualité de vie des riverains. "Nous avons signé une convention avec les communes (voir document joint) pour qu’elles se chargent de la communication auprès des habitants et listent chacune une dizaine de personnes ressources à mobiliser", poursuit le chargé de mission. Des réunions de préparation réunissant élus, chargés de mission du parc et un prestataire extérieur (une association chargée de faciliter l’implication citoyenne dans la réflexion, "la Manufacture des paysages") ont de nouveau précédé l’animation proprement dite de l’Alup.

Bien informer tous les participants

Un cahier des participants a été distribué afin que tout le monde dispose d’un même niveau d’information : démarche, rôle du parc, cartographie des enjeux de la vallée, etc. Quatre animations thématiques paysage, agriculture, mobilité, accueil, cadre de vie… se sont tenues sur différentes communes mobilisant une quarantaine d’habitants très investis et prêts à se déplacer.

Réalisations concrètes, signalétique ou liaisons douces

L’Alup a ainsi permis par exemple la mise en place d’une signalétique invitant à visiter la vallée ; elle a aussi conçu des aménagements d’entrées de villages et des liaisons douces, qui sont actuellement en cours de réalisation en 2017 (voir "présentation Alup"). Principale difficulté : la mobilisation des jeunes et des enfants.
Une restitution et un temps de bilan ont été organisés à la fin de la démarche et la synthèse rendue disponible sur le site Internet du parc. Une troisième démarche a été animée dans la plaine du Capcir en 2016 sur huit villages avec balades commentées, jeu photo, atelier cartographique, travail de maquettes, échanges...

Le parc n’impose rien aux communes… mais elles doivent jouer le jeu

Si les Alup ont été suivies de concrétisations, le parc ne peut rien imposer aux communes. "Mais lorsqu’elles s’engagent dans la démarche et y passent du temps, c’est aussi pour prendre en compte ce qui a été évoqué, dans la mesure de leurs moyens", explique le chargé de mission. La présence de partenaires est aussi très importante pour montrer la faisabilité de telle ou telle proposition. "Dans la vallée du Têt, les habitants et la direction interdépartementale des routes du Sud-Ouest (Dirso) ont beaucoup échangé sur le fonctionnement du territoire, alors qu’habituellement, ils sont rarement en lien direct."
Pour l’instant, il n’est pas prévu d’autres Alup, tout dépendra de la demande des collectivités. "Les regroupements intercommunaux ont davantage de moyens pour faire appel à de plus gros cabinets d’études qui intègrent plus souvent des démarches participatives et citoyennes", remarque le chargé de mission.

 Temps d’animation à ne pas sous-estimer
Les Alup ont mobilisé un temps important d’animation de la part de 4 chargés de mission du parc : espaces naturels, urbanisme, aménagement et mobilité, paysage. Pour la vallée du Têt par exemple, cela représentait environ 140 jours, auxquels il faut ajouter des sollicitations ponctuelles d’autres agents (patrimoine, culture et agriculture). Ce temps a été pris en charge par la Dreal (60 à 80% selon les années).

Parc naturel régional des Pyrénées catalanes

Nombre d'habitants :

23000

Nombre de communes :

66
1 rue Dagobert
66210 Mont Louis

Michel Garcia

Vice-président en charge de l'urbanisme et maire de Matemale

Raphaël Garcia

Chargé de mission Urbanisme et Paysages

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