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Rapport de l'Onzus - Politique de la ville : Fadela Amara fait front

Sérieusement mise en cause ces dernières semaines sur les résultats de la politique de la ville, Fadela Amara a décidé de contre-attaquer, lundi 30 novembre, à la faveur de la publication du rapport annuel de l'Onzus (Observatoire national des zones urbaines sensibles). "Ce que nous montre le rapport de l'Onzus 2009, c'est que des frémissements sont réels dans le domaine de la sécurité, dans le volet éducatif et dans la rénovation urbaine", a-t-elle déclaré, appelant à poursuivre les efforts. La secrétaire d'Etat à la Politique à la ville a annoncé pour "la première quinzaine de janvier" la tenue du comité interministériel à la ville à l'occasion duquel sera présentée la réforme de la géographique prioritaire. "Il faudra réviser la liste des quartiers prioritaires, voire en diminuer le nombre, pour donner plus à ce qui en ont le moins, ce sera le grand chantier de 2010", a-t-elle déclaré.
Fadela Amara s'est montrée favorable à l'amendement voté par les députés dans le cadre de l'examen du PLF 2010 visant à appliquer la hausse de la DSU à 270 quartiers prioritaires alors que le projet de loi initial prévoyait de l'appliquer uniformément aux 780 communes qui perçoivent cette dotation d'un montant total d'1,2 milliard d'euros. "Je regarde la sagesse des députés", a-t-elle déclaré. "La réforme de la DSU doit aller jusqu'au bout pour profiter aux territoires qui ont le plus de difficulté", a insisté Fadela Amara, recevant le soutien du ministre du Travail, Xavier Darcos, qui a vu dans cet amendement "une bonne décision". Le 13 novembre dernier, dans l'Hémicycle, Fadela Amara avait été contredite sur ce point par le secrétaire d'Etat aux Collectivités, Alain Marleix, hostile à cette concentration de la hausse de la DSU.

S'agissant du rapport de l'Onzus, Fadela Amara, Xavier Darcos et la présidente du conseil d'orientation de l'observatoire, Bernadette Malgorn s'en sont tenus aux signaux positifs : légère baisse du chômage depuis 2005, "absorption" du choc de la crise, "stabilisation" de la pauvreté, amélioration des résultats au brevet des collèges, atteintes aux biens moins importantes que dans le reste des agglomérations, taux de rotation annuel de 7% de la population des quartiers... "Là où certains parlent de ghettos, on pourrait plutôt parler de sas", a même souligné Bernadette Malgorn, invitant le gouvernement à poursuivre les efforts de la politique de la ville qui concentreront pour l'année 2010 quelque 20 milliards d'euros. Pour autant, le rapport est lui-même nettement plus nuancé sur le bilan de la loi d'orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine du 1er août 2003 dont l'objectif était de réduire les inégalités sur une période de cinq ans. Quatre ans après les émeutes de banlieue, qui ont servi de fondement à la dynamique Espoir Banlieues, les écarts restent criants. Plus du tiers des habitants des 751 zones urbaines sensibles vivent en dessous du seuil de pauvreté (908 euros par mois). Le taux est même passé de 30,5% en 2006 à 33,1% en 2007. En matière d'emploi, le taux de chômage en ZUS a très légèrement diminué de 17,2% en 2003 à 16,9% en 2008, "ce qui représente une baisse de 2% du nombre de chômeurs", note le rapport. Mais il reste plus de deux fois supérieur à celui observé dans les autres quartiers des mêmes agglomérations (7,7%). La situation est particulièrement préoccupante pour les hommes de 15 à 24 ans, avec un taux à 41,7%. L'emploi stable (CDI ou CDD de plus d'un an) est 1,7 fois moins accessible à ces jeunes qu'aux autres et cette inégalité dépasse la qualification des candidats, note l'Onzus qui montre du doigt l'enclavement, l'absence de réseau personnel et "d'autres discriminations". En matière d'éducation, certes le taux de réussite au brevet des collèges est passé de 67,2% en 2004 à 71,9% en 2008, mais l'écart de réussite entre les collégiens de ZUS et les autres (84%) est de 12,1 points. S'agissant de la sécurité, la délinquance globale a baissé au même rythme que dans le reste des circonscriptions. La délinquance de proximité est même inférieure de 12% au reste de l'agglomération. Les habitants des quartiers sont deux fois plus nombreux à constater des dégradations d'équipements collectifs (51% des personnes interrogées en ZUS contre 24% des habitants des autres quartiers).

Michel Tendil