Politique préventive de la région Bourgogne contre la pénurie de médecins en zone rurale

Le conseil régional de Bourgogne a mis en place l'allocation Bourgogne Médecin, une aide financière destinée aux étudiants de troisième cycle de la faculté de médecine de Dijon, afin qu'ils s'engagent à effectuer leur stage de médecine générale en milieu rural ou semi-rural.

En 2008, la Bourgogne risque d'être l'une des quatre régions françaises présentant la plus faible densité de médecins généralistes. En 2003, la région comptait 104 médecins généralistes pour 1.000 habitants (contre 114 en moyenne nationale), avec des taux inférieurs dans la Nièvre, l'Yonne et la Saône-et-Loire (97 médecins pour 1.000 habitants). L'allocation Bourgogne Médecin a été mise en place en 2005 par le conseil régional pour sensibiliser les étudiants en médecine à l'exercice de la médecine générale en milieu rural et les inciter à s'y installer. Elle est destinée aux étudiants en troisième cycle de la faculté de médecine de Dijon qui s'engagent à effectuer leur stage de médecine générale de six mois en milieu rural ou semi-rural. D'un montant maximum de 5.800 euros, l'allocation comprend un forfait de 2.375 euros pour les frais de déplacement et une aide à l'hébergement. Elle s'adresse aux étudiants qui font leur stage à plus de cinquante kilomètres du CHU. L'allocation est versée en trois fois (en début, milieu et fin de stage), sur justificatifs (quittances de loyer, notes d'hôtels...) et attestation de présence du maître de stage.
L'allocation Bourgogne Médecin a rapidement trouvé preneurs : depuis juillet 2005, une dizaine d'étudiants en bénéficient deux fois par an, soit plus d'une quarantaine depuis sa mise en place. Le conseil régional achève de mettre au point un système d'évaluation pour vérifier que l'allocation débouche sur des installations sur le territoire.

 

Une réponse à la solitude du généraliste

"Cette aide a été mise au point en collaboration avec les généralistes enseignants, commente Françoise Tenenbaum, vice-présidente du conseil régional de Bourgogne chargée de la santé publique et des établissements de soins. La problématique est que la rencontre entre l'étudiant et la médecine générale se fait trop tard dans le cursus. Actuellement, c'est seulement pendant le troisième cycle que les étudiants ont l'occasion de découvrir l'exercice de la médecine générale. Cette découverte se fait le plus souvent à l'intérieur de l'hôpital et ceux qui choisissent la médecine générale le font souvent par défaut. Le nombre de médecins généralistes ne cesse de diminuer : 2.000 postes d'internes ne sont pas pourvus depuis trois ans sur le territoire national. La médecine générale n'apparaît pas attractive pour des étudiants qui ont l'habitude de travailler en équipe avec des techniques modernes. Ils ont une vision négative du médecin généraliste qui, pensent-ils, travaille beaucoup et seul. Or un certain nombre de mesures peuvent changer cette situation, notamment la création de maisons de santé pluridisciplinaires." Ces maisons, qui accueillent plusieurs professionnels de la santé et du secteur médico-social (par exemple des services à la personne), rendent possible la création d'un secrétariat commun, déchargeant ainsi les professionnels du travail administratif. Ces maisons peuvent être équipées d'un réseau de télémédecine qui permet toutes sortes d'échanges (radios, analyses, aides au diagnostic et partage de protocole de soins) avec un centre hospitalier. En Bourgogne, des maisons médicales de ce type ont déjà été créées : à Saint-Amand-en-Pusaye en 2004 et d'autres sont en cours de réalisation comme Moulins Engilbert, Givry, Guyon. Françoise Tenenbaum insiste aussi sur le fait qu'un médecin n'habite plus forcément sur le lieu de son cabinet : "L'exercice de la médecine en milieu rural ne se traduit pas obligatoirement pour la famille par une installation à la campagne."

 

Bientôt une allocation Bourgogne Dentiste

L'allocation Bourgogne Médecin se situe dans la continuité d'actions déjà mises en oeuvre par le conseil régional pour inciter des personnels de santé à s'installer en milieu rural. A travers un dispositif appelé Contrat Réciprosanté, il finance une partie des études d'infirmières et de sages-femmes (jusqu'à hauteur d'un demi-Smic) contre l'engagement d'effectuer leur stage en milieu rural et d'y travailler pendant au moins trois ans. Réciprosanté devrait être prochainement étendu aux kinésithérapeutes. Une aide au transport est également en place : versée aux communes ou aux associations de médecins, d'un montant d'environ 4.000 euros par an, elle permet d'organiser et de financer le déplacement des personnes âgées ou  handicapées ou ayant des difficultés sociales (en taxi ou en minibus) afin qu'elles puissent se rendre à leurs rendez-vous médicaux. Enfin, une allocation Bourgogne Dentiste devrait être créée en juillet 2007.

 

Maryline Trassard, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis

Conseil régional de Bourgogne

Direction de l'aménagement du territoire, de l'environnement, de la santé et des établissements de soin, 17 boulevard de la Trémouille - BP 1602
21035 Dijon cedex

Sophie Valdenaire-Ratto

Directrice de l'Aménagement du Territoire

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