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Mobilité - Politique vélo : les collectivités sur la bonne voie

Gouvernance, aménagements, stationnement, sensibilisation. Sur ces quatre volets, le Club des villes et territoires cyclables a fait connaître le 4 février les résultats d'une enquête qui attestent de progrès notables sur la place du vélo dans les politiques locales de déplacements.

Un vent d'optimisme souffle autour du vélo ! Selon le suivi des politiques locales régulièrement effectué par le Club des villes et territoires cyclables auprès de ses adhérents, des progrès notables ont été réalisés ces trois dernières années par les collectivités. C'est du moins le principal enseignement tiré de sa dernière enquête, que l'association a réalisée auprès de 71 villes et intercommunalités de plus de 50.000 habitants et publié ce 4 février. "Premier constat marquant, il y a de plus en plus de chargés de mission vélo au sein des collectivités, surtout dans celles de plus de 100.000 habitants. Et des lignes budgétaires qui sont désormais dédiées au vélo. Cela peut paraître un détail mais c'est un grand pas en avant, qui a été fait a fortiori en très peu de temps", motive Jean-Marie Darmian, qui s'apprête à quitter la présidence du Club. L'enquête révèle que dans les trois quarts des grandes villes interrogées (plus de 250.000 habitants), un budget vélo existe. "A Chartres par exemple, il était auparavant dilué dans le budget voirie. Aujourd'hui, il n'est pas élevé - 70.000 euros par an - mais bien identifié", témoigne Isabelle Mesnarda, adjointe au maire de cette ville, où une maison du vélo vient d'être inaugurée en pleine gare. "Ce budget vélo représente, une fois rapporté à l'habitant, un montant de 5,9 euros par an. Sachant que c'est une moyenne et qu'il peut atteindre de 18 à 20 euros par tête dans certaines villes", précise Véronique Michaud, déléguée générale du Club. Le gros de ce budget (64%) va aux aménagements.

Le vélo se taille une place 

Des aménagements qui progressent également : la part des voiries aménagées sur la voirie disponible a gagné neuf points depuis 2011 et "la barre symbolique du kilomètre aménagé pour 1.000 habitants est franchie". Dans certaines communautés d'agglomération comme celle du Pays de Montbéliard (Doubs), ces aménagements cyclables ont bondi de 30% depuis 2011. Ou même doublé dans une ville comme Versailles. Depuis la précédente enquête, rien que sur une quarantaine de collectivités, ce sont plus de 1.500 kilomètres de voiries aménagées qui ont été créés. "Mais attention, une politique vélo ne se résume pas à la création de pistes ou d'infrastructures dédiées. Une approche bien plus complète est nécessaire, qui comprend entre autres un travail de sensibilisation et de concertation", prévient Jean-Marie Darmian. Il n'empêche : faire le constat d'un nombre croissant de double-sens cyclables (par exemple deux fois plus à Lille métropole en 2013 qu'en 2011), d'espaces réservés aux cyclistes (sas cyclistes), de zones 30 (+ 28%) et de carrefours équipés de panneaux tourne-à-droite (dans 88 communes, au Mans par exemple depuis l'été dernier), a de quoi ravir les adeptes de la petite reine. Sans toutefois les bercer d'illusions.

Enjeux de demain

Ces aménagements cyclables ne sont pas présents qu'en ville-centre : ils s'étendent aussi sur l'agglomération. Bordeaux et Strasbourg en sont d'illustres exemples. Ce constat fait dire à Jean-Marie Darmian que c'est l'enjeu du "territoire cyclable, plus que celui de la ville cyclable, qui s'impose et celui du périurbain cyclable également". Selon lui, c'est là un enjeu de demain. A l'opposé, la page des vélos en libre-service (VLS) est, elle, en train de se tourner, car "les villes qui voulaient s'équiper l'ont fait". A ce sujet, l'enquête démontre qu'une collectivité de plus de 50.000 habitants sur deux propose un tel service de VLS. Et que ces systèmes se sont surtout généralisés dans les plus grandes communes ou agglomérations. C'est là que les vélos y "tournent" le mieux, avec dans celles-ci plus de cinq locations en moyenne par habitant et par an. Globalement, les autres offres de location se sont également renforcées, les systèmes de Pédibus aussi, ceux dits de Vélobus restant pour leur part plus embryonnaires. "Le problème numéro 1, l'obstacle au développement du vélo, reste le stationnement", poursuit Jean-Marie Darmian. Selon l'enquête, le nombre de places proposé par les collectivités qui ont répondu à cette enquête a progressé de 30% entre 2011 et 2013. Mais ce stationnement est totalement dominé, à plus de 90%, par la mise à disposition d'arceaux. Le développement des garages à vélos en gare ou des parkings vélos couverts bute encore sur des obstacles notamment fonciers. Par rapport au nombre écrasant d'arceaux, ils restent de fait minoritaires. Et ceux qui sont créés se retrouvent vite saturés. Une quadrature du cercle impossible à régler ?