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Politiques climatiques : l'intérêt croissant des collectivités pour l'adaptation

Dans son second rapport qui sera présenté ce 28 novembre, au Conservatoire national des arts et métiers à Paris, l'association Climate Chance poursuit son travail de synthèse des milliers de données existantes et dresse, dans un cahier dédié, un bilan des tendances les plus lisibles en matière d'efforts des collectivités dans la lutte contre le changement climatique. 

Montrer que les solutions existent. "Et mettre en lumière les efforts locaux en se focalisant sur ce qui est concrètement réalisé afin d'entraîner le plus grand nombre dans l'action". Telle est la louable intention de l'association Climate Chance décrite par son secrétaire général et ancien élu rhônalpin, Bernard Soulage. Cet observatoire, à l’initiative d'un méta-rapport qui passe chaque année à la moulinette  un millier de sources et des centaines d'initiatives issues des territoires, a présenté en 2018 une synthèse des grandes tendances d'actions menées par les acteurs non-étatiques (voir notre article du 20 novembre 2018). Pour sa seconde édition, présentée ce 28 novembre au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) à Paris dans le cadre de la semaine "Paris for Tomorrow", il tente d'évaluer les progrès réalisés depuis, à travers quatre cahiers dont l'un, nouveau, réalisé avec le Comité 21 et consacré aux actions d'adaptation.  

Global et local

L'approche varie ainsi du très sectoriel - "par exemple au niveau mondial pour le secteur d'émission des transports, il y a une bonne et une mauvaise nouvelle, la poursuite de la hausse en 2018 des émissions de CO2 mais à un rythme moins soutenu qu'avant", pointe Antoine Gillod, chercheur chez Climate Chance - jusqu'au très territorial dans le cahier dédié à ce niveau d'action (version provisoire en anglais). Cahier qui se présente comme une boîte à outils ouverte et utile aux décideurs locaux. "C'est le but, nous devons convaincre chacun, entreprises, citoyens mais aussi collectivités, que faire sa part du boulot et assumer sa part de responsabilité collective s'inscrit dans un scénario quantitativement crédible de stabilisation des émissions de gaz à effet de serre", commente Ronan Dantec, sénateur écologiste de la Loire-Atlantique et président de Climate Chance. 

Un manque de données robustes

Ce cahier "Territoires" s'ouvre sur le constat d'une contribution technique et politique croissante des collectivités aux efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique. Près de 6.000 villes et régions ont pris dans le monde des engagements quantifiables de réduction des émissions de GES. Recherches et études portant sur ces enjeux ville et climat ont le vent en poupe. Et les mouvements populaires un peu partout se multiplient. "Toutefois, l'action climat locale peut être entravée par des positions internes incohérentes ou par des acteurs locaux. Et peu de nouveaux résultats agrégés en termes de baisse des émissions sont disponibles à l'échelle des initiatives et réseaux de collectivités", tempère ce rapport.

Les progrès rapides des collectivités engagées dans la Convention européenne des maires lancée par l'UE en 2008 étaient l'an dernier soulignés. Une saine dynamique puisque "300 nouveaux plans de suivi des résultats ont été rendus en 2019 par des villes européennes, soit un total de 2.850". Mais là aussi, les données agrégées font défaut. Autre alliance d'élus, la Convention mondiale des maires suscite un nombre croissant d'adhésions et d'engagements, notamment de la part des villes et régions d'Amérique latine. 

Autre fait souligné, l'importance croissante accordée à l'adaptation dans les politiques climatiques. De plus en plus de villes et de régions font remonter (reporting) leurs données, leurs plans et stratégies d'adaptation. Une analyse rapporte que 70% de ces actions d'adaptation sont financées par les fonds propres des collectivités. "Ce qui illustre le potentiel d'actions supplémentaires qui pourraient être mises en oeuvre grâce à davantage de fonds extérieurs", en déduit Climate Chance. Le cahier "Adaptation" propose justement une étude plus approfondie de ces actions.

La preuve par la bonne pratique

En se fondant sur les données du CDP, ce rapport identifie des trajectoires encourageantes de villes comme Stockholm, Londres, Madrid, etc. Il propose aussi une dizaine de cas d'études de villes dont l'un sur la la métropole grenobloise, en passe d'adopter son nouveau plan climat (PCAET 2020-2030) et qui "a réduit ses émissions de GES de 25% entre 2005 et 2016, ainsi que sa consommation finale d'énergie de 20%". Enfin, dans son nouveau tour du monde en 80 bonnes pratiques, ce cahier nous fait voyager autour d'une dizaine de thématiques (planification urbaine, déchets et économie circulaire, éducation, coopération décentralisée, etc) de Buenos Aires à Kigali, en passant par Séville et Montréal. Notons, sans trop d'effet cocorico, que sur le volet agricole et alimentaire sont mises à l'honneur deux réalisations françaises, l'une en Seine-Saint-Denis (installation à Pantin d'une ferme urbaine sur le toit du centre technique municipal) et l'autre à La Réunion (projet alimentaire territorial "Planté pour manzé" de Mafate, voir notre article du 20 mai dernier).

 

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