Pour le Sénat, le plan loup n'est pas à la hauteur des enjeux

Présenté par Cyril Pellevat, sénateur LR de Haute-Savoie, le rapport d'information fait au nom de la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable, consacré à la gestion des loups dans l'hexagone, met en avant "la détresse du monde pastoral", confronté à une "augmentation continue des actes de prédation" : plus de 11.000 brebis tuées en 2017 - en augmentation de 60% depuis 2013 - et une dépense publique consacrée à la prédation du loup qui est passée de 4 millions d'euros en 2006 à 26 millions d'euros en 2017, sans compter les pertes indirectes. "La situation n'est plus tenable, ni pour les éleveurs, ni pour les populations, ni pour les finances publiques. C'est un cercle vicieux de souffrances, de dépenses et d'incompréhensions, dont il faut trouver les moyens de sortir", s'alarme le rapporteur dans le communiqué qui accompagne la diffusion du document. 

Des réponses insuffisantes

A travers son plan d'actions 2018-2023, dévoilé en février dernier, l'Etat souhaite  "infléchir la courbe des pertes", a assuré le préfet coordonnateur du plan, Stéphane Bouillon, auditionné ce 17 avril par cette même commission suite à l'examen du rapport. Pour rappel, un maximum de 40 loups pourront être abattus en 2018, année de transition, "mais ce nombre sera actualisé fin avril une fois connus les chiffres précis de la population au printemps", a-t-il confirmé. Sachant que l'objectif affiché est d'assurer la viabilité de l'espèce, en visant une population de 500 spécimens d'ici 2023, contre 360 actuellement.
Le rapport, qui défend "un pastoralisme au service de la biodiversité", épingle ce nouveau plan loup, qui malgré "des avancées indéniables pour les territoires", représente "une réponse partielle", "(…) très en deçà des enjeux sociaux, économiques, culturels et psychologiques auxquels sont confrontés les éleveurs et les populations". Cette analyse n'est pas vraiment une surprise, dans la mesure où dès sa présentation ce plan n'a réussi à satisfaire ni les éleveurs ni les défenseurs de l'environnement. Et ce d'autant que de nouvelles difficultés apparaissent : "la gestion des chiens de protection, dont la présence peut désormais générer des risques pour les promeneurs, ou encore l'hybridation des populations lupines", s'inquiète la commission.

Supprimer la conditionnalité des aides

Appelant à "un changement d'échelle sur le sujet", le rapport plaide autour d'une quinzaine de propositions pour une revalorisation du pastoralisme "comme activité sociale, tradition culturelle et modèle d'aménagement durable des territoires". Mesure particulièrement contestée, la conditionnalité des indemnisations à la mise en place de mesures de protection "fait peser un soupçon sur les éleveurs et témoigne d'une volonté de désengagement de l'État", tance le rapport qui appelle à sa suppression. Sur ce point, le préfet coordonnateur s'est engagé à une mise en oeuvre "progressive" et "non systématique" de ce dispositif, rappelant à ce titre l'introduction de la notion de  zone "non protégeable".
Le Sénat réclame également la reconnaissance aux éleveurs d'un droit de légitime défense pour protéger leurs troupeaux en situation d'attaque. Sur le dispositif des zones de protection renforcée, il propose que les prélèvements qui y sont réalisés ne rentrent pas en ligne de compte dans les quotas nationaux. Au-delà, la commission appelle à concevoir de nouveaux outils de gestion des populations de loups. Elle invite en particulier à developper des "mesures alternatives" aux tirs de prélèvement "pour réapprendre aux loups à se méfier et à se tenir à l'écart des hommes" (piégeage non mutilant, fusil à gros sel…). La création de brigades loups régionales par massif fait également partie des attentes.

 

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