Pour Michel Fournier, "2024 est l'année où tout peut se réussir en ruralité"

Le président de l'Association des maires ruraux de France (AMRF), Michel Fournier, participait le 9 mars 2023 dans les Vosges à un séminaire sur les "Villages d'avenir", organisé par le "Laboratoire de la ruralité", afin de mieux prendre en compte les projets et attentes des villages ruraux. Le maire de Voisvres (Vosges) porte ce projet depuis longtemps. Il souhaite qu'il vienne prochainement s'inscrire aux côtés des deux programmes nationaux de revitalisation, dédiés pour l'un aux villes moyennes, Action Cœur de ville, et pour l'autre aux petites villes, Petites Villes de demain.

Localtis - Est-ce qu'un programme dédié aux villages, à l'image d'Action cœur de ville ou de Petites Villes de demain, est bien en cours de préparation ?

Michel Fournier, président de l'Association des maires ruraux de France (AMRF) - L'idée fait son chemin. Je la martèle personnellement depuis quelque temps, la ténacité peut être une de mes qualités ! Cela pourrait figurer au sein du programme France Ruralités dont on devrait entendre parler après la réforme des retraites. Les démarches Action cœur de ville et Petites Villes de demain se ressemblent dans leur façon de procéder, il y a toujours un chef de projet qui est accompagné par l'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) avec différentes actions évoquées, le logement, la redynamisation du commerce, etc. Ce sera différent pour les villages.

Comment imaginez-vous ce programme dédié aux villages ?

Nous n'allons pas mettre un chef de projet pour chacun. Et cela se fera sur une volonté de la base. Il faut que cela vienne des élus. Cela correspond à un microprojet de territoire, car un village peut avoir plusieurs initiatives à mettre en place, en association avec ses forces vives internes, les associations, la population, et avoir une ambition qui lui est propre, alors que le projet de territoire est pour le moment conçu à l'échelle des PETR (pôles d'équilibre territorial et rural) ou des communautés de communes. C'est ça l'idée du projet Villages d'avenir. Cela engendrerait des changements d'habitude et d'organisation, et une participation forte de l'État, pour avoir un financement des projets à hauteur de 80%. Et il faut un dossier unique, pour que ce ne soit pas le parcours du combattant pour les élus.

Quel serait le budget alloué ?

Il est trop tôt pour en parler. Chacun défend son budget de son côté, les métropoles, les quartiers de la politique de la ville, le rural… Il ne faut surtout pas opposer rural et urbain. Il y a des constats à faire. Les budgets ne sont pas équilibrés car on ne parle que population et pas territoire. La France a des difficultés à sortir d'un concept moyenâgeux où les seigneuries et ses puissances ne pourraient exister que dans la concentration. Or, le rural représente 33% de la population et 88% du territoire national. Et il concentre un nombre important de potentialités, en matière d'énergie, d'alimentation, d'eau, des ressources qui sont indispensables si on parle de transition écologique.

Vous avez été reçu par Emmanuel Macron avec les autres représentants d'élus le 13 mars, qu'est-ce qu'il ressort de cette réunion pour les territoires ruraux ?

Nous avons évoqué pendant deux heures, de la façon la plus libre possible, les potentialités d'une réforme institutionnelle. Il faut que les choses avancent et se mettent en place. Pour le rural, il y a au moins une obligation pour 2023, puisque ce sera la fin des zones de revitalisation rurale (ZRR), qui sont la reconnaissance des territoires avec leurs particularités. Il faut absolument que le travail de réflexion mené notamment par Bernard Delcros |sénateur du Cantal] aboutisse à une réponse pour 2024. Et il devrait à mon sens y avoir d'autres éléments importants, comme France Ruralités et la réforme des institutions. 2024 c'est l'année où tout peut se réussir en ruralité !

Quels sont les incontournables pour la décentralisation côté territoires ruraux ?

La décentralisation de compétences ne peut se faire sans déconcentration. Cela veut dire des moyens mais aussi que l'État ne s'occupe plus des compétences décentralisées. Mais c'est très difficile pour un État centralisateur d'arriver à comprendre qu'il faut un "s" à ruralités et que les territoires peuvent se décarcasser un peu plus. Il faut essayer de faire confiance au local et qu'il puisse déterminer lui-même ce qui est bon pour lui. Il y aurait en réflexion une forme de loi ruralités. Mais pour cela, il faut une organisation intragouvernementale avec une forte acceptation des ministères, et ce n'est pas gagné. Le temps est compté. De plus en plus de maires démissionnent. Il faut leur redonner confiance.

 

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