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Premières assises sahéliennes de la coopération décentralisée : vers une nouvelle façon d'intervenir dans les pays en guerre ?

Travailler sur de nouvelles modalités en matière de coopération décentralisée au Sahel. Tel est l'objectif central des premières assises sahéliennes de la coopération décentralisée qui se tiendront les 10 et 11 octobre 2019 au palais des congrès du Futuroscope de la Vienne.

Les premières assises sahéliennes de la coopération décentralisée vont se tenir les 10 et 11 octobre 2019 au palais des congrès du Futuroscope de la Vienne. Un événement mis en place par le département de la Vienne, en partenariat avec Cités Unies France, le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères et les associations nationales de collectivités des cinq pays du Sahel : Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad. L'objectif ? Agir dans ces pays selon de nouvelles modalités et de concert avec le monde économique et l'armée.
Si les collectivités françaises interviennent depuis plusieurs années dans ces zones qui connaissent un contexte sécurité de plus en plus difficile, leur approche serait aujourd'hui un peu dépassée. "Nous souhaitons impliquer le maximum de collectivités, françaises et sahéliennes, pour que ce ne soit pas juste une addition d'experts qui interviennent", a détaillé Benoît Pilet, animateur de la Task Force Sahel de Cités Unies France, lors d'une conférence de presse organisée le 11 septembre 2019 pour lancer l'événement. "Il s'agit de réinventer une coopération qui a trouvé ses limites dans des zones comme le Sahel."
Une approche partenariale qui fait écho aux nouvelles orientations du gouvernement dans ce domaine : les principes du futur projet de loi d'orientation et de programmation pour la politique française de développement et de solidarité internationale vont dans le sens d'un partenariat renforcé entre l'Etat, les collectivités françaises et africaines.
Au Sahel, les collectivités ont déjà amorcé la démarche. Elles se sont regroupées au sein de l'Alliance des associations de pouvoirs locaux des pays du G5 Sahel, présidée par Siaka Dembele. "Ces cinq pays ont des similitudes sur le plan géographique, culturel, sécuritaire. Si l'approche se fait sur un seul pays, cela ne donnera sûrement pas des solutions pérennes, a détaillé Siaka Dembele, il faut y aller ensemble, dans le contexte du G5, pour s'attaquer à la racine du mal, qui relève principalement des questions économiques et du développement non équilibré de cette zone." Pour Christine Moro, ambassadeur, déléguée pour l'action extérieure des collectivités territoriales, "il est très important de nous mettre tous ensemble en 'miroir' de la démarche du G5 Sahel". 
L'objectif est de déboucher rapidement sur des projets concrets et de s'inscrire dans la durée. La question de la réinsertion des anciens combattants, de l'accès aux services sociaux, de l'appui à la décentralisation ou du développement économique de cette zone font partie des thématiques qui pourront être traitées. Les assises devraient permettre ce passage à l'acte, et peut-être, favoriseront-elles aussi l'entrée dans la démarche d'autres collectivités, ce que souhaitent les acteurs initiateurs de l'événement. "A nous de réussir à agréger d'autres collectivités et à attirer aussi des associations et des entreprises pour développer des expertises innovantes", a indiqué Benoît Pilet.

Des nouvelles du projet de loi sur la solidarité internationale ?

Alors qu'un examen était initialement prévu par le Parlement au printemps 2019, pas de trace du projet de loi d'orientation et de programmation pour la politique française de développement et de solidarité internationale. Le texte, annoncé par le président de la République en août 2018 doit permettre d'accorder à l'aide au développement une part de 0,55% du revenu national brut en 2022, après une longue période de diminution. "Nous avons pris un peu de retard sur le projet de loi", signale Christine Moro, ambassadeur, déléguée pour l'action extérieure des collectivités territoriales au ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, à Localtis, lors de la présentation des premières assises sahéliennes de la coopération décentralisée qui doivent se tenir les 10 et 11 octobre 2019. Aucune date n'est pour le moment avancée, ni pour la présentation du projet de loi, ni pour son examen au Parlement.