Prévention de la perte d’autonomie : généralisation de la phase de repérage du programme Icope
Toute personne âgée de 60 ans ou plus peut désormais remplir un test lui permettant d’évaluer ses capacités fonctionnelles dans six champs – mobilité, nutrition, mémoire, audition, vision et santé mentale – et se voir proposer d’approfondir, si besoin, l’évaluation auprès d’un professionnel de santé. L’intérêt de l’outil repose sur la structuration territoriale de la démarche de prévention et d’"aller-vers", qui s’effectuera dans le cadre du service public départemental de l’autonomie.

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Conçu par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et expérimenté en France par 13 porteurs de projet dans neuf régions (*), le programme Icope (Integrated Care For Older People) est destiné à permettre un repérage précoce de la fragilité et de la perte d’autonomie chez les personnes de plus de 60 ans, afin d’éviter ou de retarder la perte d’autonomie par une prise en charge rapide et adaptée. Prévue par la loi du 8 avril 2024 sur le bien vieillir et l’autonomie (voir notre article) et confirmée le 9 juillet dernier lors de la Conférence nationale de la perte d’autonomie (voir notre article), la généralisation du programme commence ce 23 juillet 2025 avec le déploiement d’un outil d’auto-évaluation accessible sur le site "Sante.fr".
C’est la phase d’"alerte" ou de "repérage", la première du programme Icope qui consiste à évaluer, seul ou avec l’aide d’un proche ou d’un professionnel, ses propres "capacités fonctionnelles clés" que sont la mobilité, la nutrition, la mémoire, l’audition, la vision et la santé mentale. Selon son lieu de résidence, la personne âgée de 60 ans ou plus – considérée comme autonome - est invitée à utiliser l’une des trois applications territorialisées qui ont été développées dans le cadre des expérimentations en cours.
Après la création du compte, les autorisations et le remplissage de données personnelles, la réalisation du test dure entre 10 et 15 minutes, selon un essai réalisé avec une personne âgée de 67 ans résidant dans les Yvelines et orientée vers l’outil Icope-Monitor développé par le CHU de Toulouse. Il s’agit par exemple de retenir trois mots, instantanément puis après quelques minutes, d’évaluer son appétit, sa vue, son audition ou son sentiment de bonheur sur une échelle de 0 à 100% et de faire un test simple de mobilité chronométré. À la fin du questionnaire, une conclusion est indiquée dans les cinq domaines considérés – bilan "normal" ou recommandation d’effectuer une évaluation complémentaire auprès du médecin traitant. Il est proposé à la personne de refaire le test dans six mois. Si une expérimentation est en cours dans son territoire, la personne peut ensuite éventuellement bénéficier d’un suivi par l’équipe projet – selon l’état d’avancement de l’expérimentation.
Objectif : toucher 2 millions de personnes d’ici 2027
"Une communication dédiée au déploiement d’Icope sera prochainement adressée aux professionnels de santé, aux établissements sanitaires et médicosociaux pour les sensibiliser au dispositif et accompagner cette première étape", précise le gouvernement dans son communiqué. Auprès du grand public, cette campagne de communication sera portée fin août-début septembre par la Cnav, selon l’entourage de la ministre de l’Autonomie.
À horizon 2026, le gouvernement entend proposer un outil national unique porté par l’Assurance maladie, accessible sur "Mon espace santé" et prévoyant des messages de rappel et des communications aux professionnels de santé. Actuellement, "près d’une centaine de milliers de personnes sont d’ores et déjà suivies dans le cadre des expérimentations", selon le cabinet de Charlotte Parmentier-Lecocq. L’objectif fixé est d’atteindre 2 millions de personnes, d’ici 2027, dans le cadre de ce questionnaire de repérage. Cela implique un important travail d’"aller-vers" et de médiation numérique puisqu’actuellement, selon le cabinet de la ministre, seul un assuré de l’Assurance maladie de plus de 60 ans sur quatre a activé son "Espace santé" (ce qui est plus élevé que le taux de un sur cinq pour tous les âges confondus).
Les autres étapes du programme Icope – l’évaluation approfondie, le plan de soins personnalisé, le suivi du parcours de soins, l’implication des collectivités et le soutien aux aidants – seront généralisées progressivement et feront l’objet d’un suivi dans le cadre de groupes de travail. Cette démarche de prévention et d’"aller-vers" - impliquant les collectivités, les professionnels de santé, des acteurs comme les pharmacies ou l’aide à domicile… - se structurera territoire par territoire dans le cadre du service public départemental de l’autonomie (SPDA), indique le ministère. Aucun financement spécifique n’est à ce stade prévu pour ce déploiement.
Un comité de pilotage national – dont la composition sera prochainement dévoilée par décret –, "coprésidé par les ministres [des Solidarités, de la Santé et de l’Autonomie], veillera à l'organisation, l’évaluation et à l’actualisation du programme".
*Les régions dans lesquelles sont portées des expérimentations article 51 sont l’Auvergne-Rhône-Alpes (dans le Rhône), Grand-Est (dans le Haut-Rhin), la Corse, la Nouvelle-Aquitaine, l’Occitanie, Provence-Alpes-Côte d'Azur, la Réunion, les Pays de la Loire, le Centre-Val de Loire. Des porteurs de projet hors expérimentations article 51 sont également répertoriés dans d’autres territoires, notamment en Normandie, selon le site de Icope Monitor.