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Protection des captages d’eau : les Safer restent à la manœuvre

Travaillant à la fois avec les collectivités, leurs syndicats d’eaux et les agriculteurs, les seize sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural (Safer) qui couvrent l'ensemble du territoire français (métropolitain et trois DOM) sont à un croisement charnière pour aider à instaurer des périmètres de protection autour des captages d'eau potable. Une conférence sur le sujet, organisée par la Fédération nationale des Safer, s’est tenue ce 25 novembre au SMCL Digital (Salon des maires).

Une conférence organisée par la Fédération nationale des Safer s’est tenue ce 25 novembre au SMCL Digital (Salon des maires) pour souligner l’importance que joue la maîtrise foncière dans la protection des captages d'eau destinée à la consommation humaine. Cette action environnementale ciblée des seize Safer représentait, selon le dernier rapport d’activité de sa fédération, une cinquantaine d’opérations menées sur 265 hectares. Plus globalement, dans un tiers des cas en moyenne, ce sont les collectivités qui sont les bénéficiaires de ces opérations à visée environnementale.

Exemples normands

En Normandie, première région française en surface agricole, neutraliser plusieurs hectares de sites aux abords de captages d’eau qui débordent souvent sur de grandes cultures constitue un travail de longue haleine. Avec la ville d’Argentan (Orne) et son syndicat intercommunal d’alimentation en eau potable, une page se tourne après sept longues années d’opérations. Geoffroy Maline, chef de service à la Safer Normandie, estime que la culture foncière dont disposent les acteurs locaux fut "un facteur clé" - en plus d’un bon diagnostic de faisabilité - pour réussir à sécuriser les 70 hectares qui ont changé de propriétaire et "boucler à l’amiable une trentaine de dossiers d’acquisitions et rétrocessions, sans expropriation, ce dont nous sommes fiers". Plus au nord, à Saint-Maclou-la-Brière (Seine-Maritime), la Safer a aussi agi avec une dizaine d’agriculteurs et divers partenaires (chambre d’agriculture, DDTM, agence de l’Eau, collectivités locales) pour, au final, remettre en herbe et conserver de façon pérenne une surface qui était jusqu’ici en labour à proximité d’un captage prioritaire. 

Vigie foncière

Même son de cloche en Nouvelle-Aquitaine, où le service Safer de Charente-Maritime a travaillé main dans la main avec l’ex-syndicat des eaux, devenu Eau 17, pour protéger des zones de captages. Autour d’elles, la Safer remplissait d’abord son rôle de veille foncière, en signalant les risques sur un périmètre progressivement élargi, jusqu’à ce que ces terres soient converties et proposées à la vente à des porteurs de projets en bio désirant s’installer. Pour la FNSafer, cette veille foncière est l’une des étapes essentielles, avec le diagnostic, l’animation et l’acquisition, d’une stratégie foncière qui se veut complète. En 2012, une collectivité sur six souscrivait à son service Vigifoncier.fr qui permet de suivre le marché foncier rural en direct, et donc de l'infléchir, et de mieux connaître les dynamiques à l'œuvre dans les territoires. "Aujourd’hui, l’outil est plébiscité, 40% des communes sont sous veille foncière mais ce n’est pas suffisant, une marge de progrès existe notamment au sein des collectivités gestionnaires et de leurs syndicats d’eau", observe Christophe Maillet, directeur des études et responsable du service veille et prospective à la FNSafer. 
Enfin, s’il est clair que la maîtrise foncière et les acquisitions par les collectivités de parcelles au sein des territoires des aires d’alimentation de captages sont en bonne voie, afin de pouvoir y imposer des usages du sol conformes à la préservation de la qualité de l’eau, "il faut aussi veiller à trouver pour ces agriculteurs qui font évoluer leurs pratiques des débouchés, par exemple dans la restauration collective", conclut Sébastien Méry, agriculteur et vice-président de la chambre d’agriculture du Loiret.