Petite enfance - Qualité de l'air dans les crèches : une étude pour y voir plus clair

Entre la menace de la grippe A(H1N1) dans les crèches et les maternelles, les biberons au bisphénol A (voir encadré ci-dessous) et les suspicions sur la qualité de l'air dans les établissements d'accueil de la petite enfance, la vie des jeunes enfants devient un véritable parcours du combattant. Sur le dernier point au moins, parents, élus et professionnels de la petite enfance devraient bientôt en savoir un peu plus. La secrétaire d'Etat à l'Ecologie vient en effet d'annoncer le lancement d'une campagne nationale d'expérimentation de la surveillance de la qualité de l'air dans les crèches et les écoles. Chantal Jouanno avait déjà fait part de ce projet dans une interview au quotidien Le Parisien au début du printemps (voir notre article ci-contre du 31 mars 2009), mais celle-ci avait quelque peu tardé à se concrétiser. L'étude désormais engagée se déroulera durant l'année scolaire 2009-2010 et portera sur 150 établissements répartis dans treize régions : 50 crèches, 50 écoles maternelles et 50 écoles élémentaires. Une seconde campagne de mesures, portant à nouveau sur 150 structures, devrait suivre en 2010-2011. Les opérations de prélèvement et de mesures seront conduites par les associations agréées de surveillance de la qualité de l'air (Aasqa). Celles-ci bénéficieront de l'appui technique et organisationnel de l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris), du Conseil scientifique et technique du bâtiment (CSTB) et d'Airparif pour les établissements franciliens.
L'objectif de cette opération a été fixé par Chantal Jouanno : "Nous lançons cette campagne pour savoir quels types de polluants nos enfants, qui passent près de 90% de leur temps dans des lieux clos, respirent au quotidien. On constate en France, une forte progression des maladies respiratoires et des cas d'asthme et de bronchiolites chez les enfants. Veiller à la qualité de l'air intérieur est donc un enjeu majeur de santé publique, et c'est en améliorant la connaissance des polluants présents dans l'air que nous pourrons mettre en oeuvre les mesures de réduction et de gestion appropriées." L'objectif de la campagne est aussi d'éviter la multiplication de rumeurs sur la qualité de l'air intérieur des crèches et des maternelles. Celles-ci tendent en effet à se répandre rapidement depuis la publication, le 26 mars dernier, d'une étude réalisée par l'Association santé environnement France (Asef), mais portant uniquement sur la qualité de l'air intérieur de neuf crèches témoins, mesurée durant une semaine. L'annonce prématurée de l'étude nationale tenait précisément à la volonté de répondre à cette initiative associative.
Les mesures - réalisées dans une à huit salles par établissement selon les configurations - porteront sur les concentrations en benzène et en formaldéhyde (mesures par tubes passifs exposés durant une semaine pendant deux saisons, en été et en hiver) et sur le confinement (mesuré l'hiver uniquement, pendant deux semaines). Dans le même temps, un prédiagnostic de chaque établissement de l'échantillon permettra de décrire le bâtiment et son environnement proche, de vérifier le bon fonctionnement des systèmes de chauffage et de ventilation et de documenter les usages (activités, produits...). Une synthèse globale des résultats de la première vague de l'étude sera présentée en juillet 2010.

Jean-Noël Escudié / PCA

 

Des biberons sans bisphénol A ?

Autre sujet de rumeur persistante : l'utilisation dans les crèches - et par les parents - de biberons contenant du bisphénol A, un composé chimique utilisé notamment comme antioxydant dans les plastifiants et le PVC. Environ 90% des biberons circulant en France contiendraient ainsi du bisphénol A. Si la toxicité de ce composant est très loin d'être prouvée - un rapport de l'Afssa en novembre 2008 conclut à des taux inférieurs à la dose journalière tolérable même en cas de chauffage au micro-ondes, rejoignant ainsi les conclusions de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Aesa) - certaines communes ont préféré prendre les devants. La ville de Besançon vient ainsi d'annoncer qu'elle retirait tous les biberons de ses quinze crèches municipales, pour les remplacer par 300 nouveaux biberons sans bisphénol A (coût : 2.000 euros). D'autres villes, comme Toulouse, Nantes ou Dijon, ont pris une décision similaire. En avril dernier, la ville de Paris avait choisi pour sa part une demi-mesure. Face au coût de l'opération (60.000 biberons utilisés dans les crèches et haltes-garderies municipales), la ville a en effet décidé de ne plus acheter de biberons contenant du bisphénol A, mais tout en continuant d'utiliser ceux en circulation.