Quand des collectivités s'unissent pour trouver des solutions durables, été comme hiver, au logement des saisonniers

Dans les sites touristiques tels que Lourdes, dans les stations thermales ou de ski telles que Saint-Lary-Soulan, Argelès-Gazost ou Luz-Ardiden, les travailleurs saisonniers jouent un rôle essentiel pour l'économie du département des Hautes-Pyrénées. Face aux difficultés croissantes pour les loger, des collectivités ont décidé de s'unir pour créer des logements qui leur sont adaptés et qui sont gérés collégialement.

L'Association départementale pour le logement des travailleurs saisonniers des Hautes-Pyrénées a vu le jour début 2007. Elle offre une solution originale et pragmatique au problème du logement à cette population particulière. Au quotidien, Sandrine Lavit, assistante de gestion, gère la location des logements qui leur sont dédiés sur le département. Pour l'heure, il y en a seulement 27, les premiers ont été créés sur la commune de Saint-Lary-Soulan.

80 logements à court terme

Le stock des logements pour les travailleurs saisonniers doit augmenter au fur et à mesure de la réalisation des projets immobiliers, engagés ou à venir (80 sont prévus en 2008). Car l'association est bel et bien le fruit d'une politique plus vaste, initiée par des communes et groupements de communes (1) en partenariat avec l'OPH 65 de Hautes-Pyrénées, le Comité interprofessionnel du logement pyrénéen (Cilp) collecteur du 1% logement et l'Association d'information sur le logement (Adil). Leur objectif premier est de trouver une solution au manque manifeste de logements décents pour les saisonniers, en lançant des chantiers (réhabilitation ou construction).
Des enquêtes menées par la DDE et les collectivités territoriales avaient mis ce problème en exergue ainsi que celui des employeurs qui peinaient à recruter la main d'oeuvre nécessaire. Le pays des vallées des Gaves avait ainsi pointé que 17% des travailleurs saisonniers rencontraient de réelles difficultés à se loger et que seuls 32% des employeurs participaient à leur logement. Une étude sur Lourdes relevait un manque de 300 lits pour accueillir convenablement les 3.500 employés saisonniers de mars à octobre.

Un argument pour les offres d'emploi

Depuis la fin des années 90, la commune de Saint-Lary-Soulan avait lancé une politique avec les partenaires de l'emploi et les employeurs pour améliorer la vie professionnelle des saisonniers (échanges mer/montagne, création d'un groupement d'employeurs, etc.). Elle s'est lancée la première dans un projet immobilier : la réhabilitation d'un vieil hôtel appartenant à la commune a été confiée en maîtrise d'ouvrage à l'OPH 65. Les 27 logements du "Montagnard", situé au pied des pistes, ont été livrés en 2005. La gestion locative a été confiée à l'Association pour le logement des travailleurs saisonniers depuis 2007 (via une convention de mise à disposition de ces logements par l'OPH 65). "Comme les projets répondent à des montages différents, complexes, en lien ou non avec l'OPH 65, il a été décidé de créer cette association pour mutualiser l'offre et simplifier la gestion locative", explique Sandrine Lavit.

Un franc succès

"Les logements affichent complet", se réjouit le maire, Jean-Henri Mir, vice-président de l'association, qui n'en doutait manifestement pas. L'investissement pour la commune n'est pas mince (2), mais Jean-Henri Mir le justifie pleinement : "Cela répond à une volonté politique visant à fidéliser ces travailleurs, éviter les problèmes de recrutement et favoriser l'embauche d'une main d'oeuvre de qualité. Tout le monde est gagnant. Cela participe au développement durable de nos territoires." La commune prévoit un second projet, toujours avec l'OPH 65, pour 34 logements locatifs dont 24 réservés aux saisonniers.

Les employeurs mobilisés

Plusieurs autres projets sont en cours (Luz-Saint-Sauveur, Argelès-Gazost) ou à l'étude comme à Lourdes où Sandrine Lavit va mener une analyse des besoins avec la communauté d'agglomération du Grand Tarbes. "Le problème de Lourdes porte davantage sur la vétusté des appartements disponibles et la faible mobilisation des employeurs", glisse Sandrine Lavit.
Car sans l'adhésion de ces derniers, les opérations ne peuvent réussir. Le principe est que les employeurs fassent une demande de réservation de logements saisonniers auprès de l'association. A Saint-Lary, le montant du droit de réservation est de 400 euros pour les saisons d'hivers. "Ensuite, elles nous communiquent les coordonnées du saisonnier avec lequel elles ont signé un contrat et qui doit bénéficier du logement réservé. Nous signons avec ce dernier le contrat de location", explique Sandrine Lavit. Au Montagnard, le loyer des studios est de 280 euros par mois, charges comprises (3).
Cette association témoigne d'un partenariat intelligent qui ravit Jean-Henri Mir : "S'il y avait un département où une telle initiative méritait de naître, c'était bien le nôtre. Nous ne faisons rien d'original sur le logement même, en revanche, l'association de collectivités entre elles et avec des partenaires comme le CILP marque une avancée essentielle. Elle montre la volonté d'aller dans le même sens et cela doit à terme nous aider à rationaliser les investissements des uns et des autres." Cette rationalisation a commencé au sein même de l'association. Sandrine Lavit est en effet salariée du Cilp, et mise à disposition à mi temps. Le Cilp prête également un bureau dans ses locaux de Tarbes. "Je m'appuie sur des relais locaux, comme les secrétaires de mairies ou dans les syndicats pour les états des lieux d'entrée et de sortie", précise Sandrine Lavit.

(1) En sont membres : les mairies de Saint-Lary-Soulan, de Luz-Saint-Sauveur, Lourdes, la communauté de communes de la Vallée d'Argelès-Gazost, les syndicats mixte du pays des Nestes, et de la vallée des Gaves.
(2) Coût total de 869.000 euros, financé grâce à des prêts de la Caisse des Dépôts (350.000 euros), du 1% logement (449.000 euros) et une subvention État de 30.000 euros. Une subvention du conseil général (18.000 euros) a aidé au financement du mobilier, assuré par la commune. La commune de Saint-Lary assure l'annuité du remboursement (44.000 euros par an), soit une fois déduits les droits de réservation et loyers acquittés, environ 30.000 euros.
(3) Sachant que les logements sont éligibles aux aides au logement versées par la CAF.

Emmanuelle Stroesser, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis

Mairie de Saint-Lary-Soulan

Place de la Mairie
65170 SAINT LARY SOULAN

Jean-Henri Mir

Maire

Association pour le logement des travailleurs saisonniers

33 rue du 4 septembre
65000 Tarbes
association.saisonniers@orange.fr

Sandrine Lavit

Assistante de gestion

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