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Transports - Quand les navettes prennent le large

Après Nantes et Marseille, Bordeaux lance à son tour un service de navette fluviale sur la Garonne. Calais et Brest suivront dans les trois prochains mois. Si cette solution de transport a le vent en poupe, c'est qu'elle permet de gagner du temps. Et c'est loin d'être son seul atout.

Dans certaines villes, ces navettes n'ont rien de révolutionnaire. Elles font même partie du décor pour relier les îles dépourvues d'un pont. La communauté d'agglomération de Lorient gère ainsi une flotte de six bateaux sur trois liaisons régulières. Utilisées par les scolaires, salariés et touristes, ces lignes maritimes ont vu leur fréquentation bondir ces dernières années : de 350.000 voyageurs en 1995 à 780.000 en 2011 ! Le dernier né, un bateau électrique au nom breton, sera mis en service début juillet. Pour un investissement de 3,4 millions d'euros, il transportera 150 passagers et remplacera la navette reliant Lorient à Port-Louis. Non loin, Nantes est aussi dotée de deux lignes fluviales : l'une sur l'Erdre en 1997 (passeur électrique), l'autre sur la Loire en 2005 (Navibus thermique). Ces lignes remportent un franc succès : la dernière transporte 445.000 personnes par an. Plus récemment, en avril dernier, Marseille Provence métropole a lancé une deuxième liaison maritime, après le succès (185.000 passagers en six mois) de la première, qui fut mise en service l'été 2012.

De l'électrosolaire à l'hybride diesel-électrique

La technologie électrique est prisée des collectivités. Un bus de mer électrosolaire fonctionne ainsi à La Rochelle. De même, Les Sables-d'Olonne ont mis en place une navette électrique qui intègre le photovoltaïque et une autre vient d'être mise en service.
A Arcachon, il existe un service de navettes maritimes depuis longtemps. Elles effectuent toute l'année un circuit entre Arcachon et Lège-Cap-Ferret. L'été, elles desservent le banc d'Arguin pour les touristes. "Ces navettes transportent environ 300.000 personnes par an, dont trois quarts de touristes. Le service est en délégation de service public et le délégataire (l'Union des bateliers d'Arcachon) se rémunère sur le transport", commente Stéphane Pelizzardi, directeur de cabinet de la communauté d'agglomération du bassin d'Arcachon Sud (Cobas). Pour moderniser la flotte, la Cobas a lancé un appel à projets "Bateau propre" en 2010. Le Greenboat qui en est ressorti sera testé cet été. Construit en pin maritime local, il est à propulsion hybride (diesel-électrique).
Retenant le même chantier (Dubourdieu) et le même type de moteur, Bordeaux a lancé début mai son service de transport fluvial. Nommé BatCub et exploité en délégation par Keolis, il comprend deux navettes pouvant transporter chacune 45 passagers. D'un coût de 900.000 euros, chacune d''elles est conçue de manière à diminuer au maximum la consommation d'énergie. La forme catamaran a été choisie pour sa stabilité. Douze marins vont être recrutés et formés par Keolis maritime, qui exploite déjà les navires de Lorient. La traversée d'une rive à l'autre s'effectue en 5 minutes (fréquence de 15 minutes) et celle en long (cabotage) en 20 mn (fréquence de 45 minutes). Le but est d'effectuer 200.000 voyages par an.

Calais et Brest : deux nouveaux services de transport

Calais inaugure le 15 juin une navette diesel (Calais Majest'in) de près de 20 mètres de long pouvant accueillir 70 passagers. C'est une première pour cette ville. "J'ai initié ce projet avec le syndicat intercommunal des transports de Calais (Sitac) pour développer des transports plus verts et multimodaux", expose Natacha Bouchart, maire de Calais. Ce circuit compte cinq stations et relie Coulogne en remontant le canal de Calais à Saint-Omer. Il s'adresse en majorité aux touristes, car le trajet de 5 km dure 45 mn. Dans ce cas, pas de gain de temps donc. Il faut en effet lever plusieurs ponts pour laisser passer la navette. D'un coût total de 5,4 millions, le projet est financé par le Sitac, la ville et la communauté d'agglomération. Au prix modique de 1 euro le trajet, 700 personnes sont attendues par jour.
Enfin, début septembre, Brest sera reliée à la presqu'île de Crozon par un transrade. "Cette liaison existait autrefois, avant d'être abandonnée. Elle est prévue dans le Scot adopté en novembre 2011", explique Thierry Cann, directeur du pôle métropolitain du pays de Brest, qui a pris cette compétence spécifique. Le pays regroupe 89 communes, dont sept intercommunalités, incluant Brest métropole océane (BMO). "Nous n'avons pas fait d'étude de marché, car nous savons qu'il existe une demande pour les trajets domicile-travail, y compris pour les lycéens et étudiants. Nous passons directement à l'expérimentation, mais sur une durée limitée de quatre ans, ce qui nous laisse la possibilité de révision et de sortie", ajoute le directeur. Ce service sera géré en DSP : la négociation est en cours et le candidat sera sélectionné début juillet. Le pays n'apportant pas de financement, le délégataire se rémunérera sur le service. "Nous avons pris la compétence pour que les salariés puissent bénéficier de la prise en charge de 50% du coût du transport par l'employeur. Ce qui n'aurait pas été possible avec un service purement privé", poursuit Thierry Cann. Actuellement, un car du conseil général du Finistère assure cette liaison, mais il faut au moins 1 heure par la route, sans compter les embouteillages. La navette pourra accueillir 100 passagers et effectuera le trajet en 25-30 mn. Côté Brest, les bus de BMO assureront l'intermodalité du service. Côté Crozon, l'arrivée se fera au port de fret où aucun transport en commun n'existe : un transport à la demande sera donc mis en place.

 

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