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Transports - Rail : qui veut l'ouverture à la concurrence ?

A l'heure de la réforme du système ferroviaire, l'Association française du rail (Afra) a plaidé le 13 janvier  pour une mise en concurrence du secteur tirée en avant par des projets pilotes menés par les régions. L'Afra, qui réunit des opérateurs européens autres que la SNCF dont Arriva, Deutsche Bahn, Trenitalia, Transdev, mais aussi des opérateurs ferroviaires de proximité comme celui de La Rochelle (OFP Atlantique), estime que pour le fret, les nouveaux entrants ont dynamisé le marché alors que dans le domaine du transport des passagers, le retard en matière d'ouverture pénalise les usagers mais aussi les cheminots et les collectivités. Joachim Fried, de la Deutsche Bahn (DB), rappelle qu'en Allemagne, après vingt ans d'ouverture du marché, le bilan est positif : "Nous transportons plus de gens en mobilisant moins de moyens publics. Au départ, de petits appels d'offres ont été passés puis ils sont devenus conséquents et concernent des villes entières comme Berlin." Outre-Rhin, les concurrents de la DB ont la main sur un quart du marché des voyageurs et un tiers du fret.

Cercle vertueux

En France, ils ne se bousculent pas au portillon. "Au lieu de fermer des lignes fragilisées, mieux vaut s'interroger sur leur possible reprise." Exemple : il y a dix ans, la ligne bretonne entre Carhaix et Paimpol était en berne. Sa reprise en main, aux côtés de la SNCF et sur demande de la région, par une filiale de Transdev, lui aurait redonné vie. Près de 130.000 voyageurs par an aujourd'hui empruntent ses quatre TER. La polycompétence y est de mise : les conducteurs de train peuvent y devenir agents à bord. "A la clé, de l'emploi très local et moins de frais de structure. Mais en aucun cas du dumping social", rassure Francis Grass, directeur délégué de Veolia Transdev et vice-président de l'Afra.
Pour faciliter l'ouverture totale du marché ferroviaire d'ici à 2019, l'association conseille aux régions - même si elles sont moins "matures" sur le sujet que certaines agglomérations fortes d'une longue expérience transports - d'enclencher des projets pilotes. "C'est ce qui manque en France, plus d'expérimentation", insiste Joachim Fried. D'où la feuille de route établie par l'association. Elle suggère que ces expérimentations soient lancées dès 2016 sur des réseaux de petite taille et à partir de flottes existantes. "La pleine collaboration du gouvernement, des régions en tant qu'autorités organisatrices, de la SNCF en tant qu'exploitant historique […] est nécessaire à ce lancement", complète l'association. Sous l'œil du gendarme du rail, l'Autorité de régulation des activités ferroviaires (Araf), ces opérations réclameraient à peu près deux ans de préparation - transfert du personnel, accords à trouver sur la billettique, les recettes, rédaction de l'appel d'offres - ce qui laisserait du temps à l'exploitant pour se préparer à gérer la ligne. "Il faut donner une chance aux opérateurs de se lancer pour faire augmenter les recettes et les réinvestir dans le développement de l'offre. Un cercle vertueux renaîtrait ainsi en France", a conclu Francis Grass.