Anticiper l’érosion : Lacanau face au recul du trait de côte
Alors que Lacanau fait face à une érosion côtière menaçante, le littoral doit repenser ses espaces publics dans une logique de réversibilité.

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En bref
Frise chronologique
Chiffres clés
Surface du front de mer à réhabiliter 6 hectares
Montant du projet total 14 M€
Surface potentiellement impactée 25,9 hectares
A retenir
Protection d’une zone de vulnérabilité s’étendant sur 6 hectares
Diversification des activités touristiques dans les secteurs rétro-littoraux
Sécurisation des déplacements et maillage des circulations douces
Montage du projet
- Montant total du projet : 9 180 111 €
- Mobilité : Prêt Transformation écologique : 2,3 M€
- Lutte contre l’érosion côtière : Prêt Transformation écologique : 3 M€
Zoom
Lacanau, entre océan et forêt : un territoire aux multiples visages
Située entre l’océan Atlantique, un grand lac et une forêt de pins, Lacanau se distingue par un cadre naturel d’exception, marqueur d’identité pour ses habitants. Ce triptyque harmonieux – océan, lac, forêt – est à l’origine de l’attractivité de la commune, tant résidentielle que touristique.
Le territoire de Lacanau s’organise aujourd’hui autour de trois grands quartiers urbains :
- Lacanau-Océan, la réputée station balnéaire qui borde l'Océan Atlantique ;
- le quartier du Lac à vocation majoritairement résidentielle, qui réunit les localités du Moutchic, Longarisse, Talaris ou Carreyre ;
- Lacanau-Ville, le cœur administratif et historique, surtout tourné vers les terres et les espaces forestiers.
Lacanau, en première ligne face au recul du trait de côte
Bien consciente de sa vulnérabilité face à l’érosion côtière, la ville de Lacanau s’est engagée dès 2010 dans une ambitieuse stratégie d’adaptation de son territoire. En 2016, cette démarche s’est concrétisée par l’adoption d’un plan d’action structuré en trois horizons temporels, avec un double objectif : garantir la préservation du front de mer jusqu’en 2050, et anticiper les scénarios d’ici 2100.
L’enjeu est de taille. Sur les 16 kilomètres de côte que compte Lacanau, un seul est protégé par une digue, préservant la partie la plus urbanisée du littoral. À elle seule, la zone de vulnérabilité identifiée regroupe près de 1 200 logements et une centaine de commerces, soit l’équivalent de 350 millions d’euros de biens à sauvegarder.
Face à cette érosion continue, intensifiée par des événements climatiques extrêmes – comme l’hiver 2013-2014, où une succession de tempêtes a creusé le trait de côte de 15 à 25 mètres à certains endroits (BRGM, 2016) – il ne s’agit plus uniquement de protéger le patrimoine naturel, mais d’adapter.
Une stratégie d'adaptation proactive
C’est dans ce contexte qu’a émergé un projet de transformation du front de mer, visant à redessiner durablement les espaces publics dans une logique de réversibilité et de résilience. Ce programme d’actions associe requalification ambitieuse de ses espaces publics, renaturation et relocalisation stratégique avec :
- la suppression des parkings littoraux et la création d’un pôle d’échanges multimodal en retrait ;
- la relocalisation de la maison de la glisse et du poste de secours central ;
- le réaménagement global du front de mer ;
- la création d’une promenade au sud et la renaturation des espaces côtiers.
L’adaptation des logements et infrastructures est également un axe incontournable de la transformation. Ce chantier vise à rétablir le bon équilibre entre nature, usages et économie locale, en renforçant le rôle des dunes, premier rempart naturel contre l’érosion. Le but : instaurer une nouvelle manière d’investir la ville océane, plus durable et résiliente.
La mobilité, au cœur de la réflexion
À Lacanau, la question de la mobilité s’ancre plus que jamais dans la stratégie d’adaptation du territoire. Elle répond à plusieurs enjeux :
- préparer un avenir moins dépendant du front de mer en développant de nouvelles filières (telles que le tourisme d’affaires ou l’écotourisme) ;
- favoriser les mobilités douces au service des résidents et des visiteurs.
Déjà très prisée des touristes estivaux, la ville bénéficie d’un réseau cyclable dense et fonctionnel, notamment le long du littoral. Ces infrastructures légères facilitent l’accès aux sites naturels tout en les protégeant, alliant avec brio préservation et attractivité.
Des infrastructures douces au service du territoire
Ce maillage local s’inscrit dans un réseau encore plus large… Lacanau est connectée au Bassin d’Arcachon par un tronçon relié à Lège-Cap Ferret et à l’agglomération bordelaise. Elle se situe en plus sur le tracé de la Vélodyssée, célèbre itinéraire cyclable de Roscoff à Hendaye.
Dans une logique de cohérence territoriale, un état des lieux approfondi des déplacements doux a été mené en 2019 sur l’axe est-ouest traversant Lacanau Ville. Cette étude a mis en lumière plusieurs ruptures, parfois problématiques pour la sécurité des usagers.
En réponse, la commune a ainsi engagé un projet ambitieux de requalification et de connexion des liaisons douces, depuis l’entrée est de Lacanau Ville jusqu’au port. Objectif : créer une continuité fluide et sécurisée, renforcer l’identité du bourg et affirmer son image de ville verte et nature, en valorisant les ambiances paysagères existantes.
Des investissements réfléchis pour un littoral d’avenir
La transformation du littoral canaulais repose sur une mobilisation financière et technique à la hauteur des enjeux qu’elle représente. Pour accomplir son programme d’action, la Ville de Lacanau bénéficie du soutien du GIP Littoral aquitain, un groupement réunissant l’État, la Région Nouvelle-Aquitaine et les collectivités locales.
L'appui de la Banque des Territoires
La Banque des Territoires, soucieuse de soutenir les territoires face au changement climatique, accompagne également le projet. Ce partenariat stratégique permet à la commune de s’appuyer sur une expertise précieuse, notamment pour l’élaboration des cahiers des charges et le recrutement de cabinets spécialisés. Parmi les opérations phares engagées, on compte :
- le réaménagement du front de mer, opération emblématique, qui représente un investissement global de 9,1 millions d’euros, avec un soutien financier significatif de la Banque des Territoires de 3 millions d’euros, via le Prêt Transformation Écologique ;
- la création d’une liaison douce en front de mer, qui favorise les mobilités durables tout en requalifiant les espaces publics, bénéficie d’un soutien de 4,8 millions d’euros, dont 2,3 millions d’euros également apportés par la Banque des Territoires.
Ces chantiers structurants, qui redessinent en profondeur le visage du littoral, devraient s’achever d’ici novembre 2025. Ils marquent une étape décisive dans la transition du territoire vers un modèle plus résilient, durable et attractif.