Recytex : quand une intercommunalité se lance dans la recherche-développement (54)

La communauté de communes du Pays de Colombey et du Sud Toulois a développé un projet de valorisation innovante de déchets textiles ultimes. Elle n’a pas hésité à s’engager en Recherche et Développement (R&D) pour favoriser l’industrialisation d’un matériau composite inédit. Une nouvelle approche très volontariste en vue de créer de l’emploi.

Recytex est un projet initié en 2009 par la communauté de communes du Pays de Colombey et du Sud Toulois (39 communes, 11.500 habitants). Il vise à trouver des débouchés viables aux textiles ultimes qui n’entrent pas à ce jour dans une filière de valorisation. Pour cela, les élus locaux se sont intéressés au développement de nouveaux matériaux composites intégrant des fibres textiles recyclées.

L’intercommunalité joue un rôle d’initiateur

"Dès mon premier mandat, en 2008, explique le vice-président Jean-Pierre Arfeuil, chargé du développement économique et du tourisme - et par ailleurs chef d’entreprise et ancien technicien consulaire -, j’ai cherché à imaginer une démarche d’insertion par l’économique basée sur un modèle innovant, qui permette de faire perdurer de nouveaux emplois sur le territoire. Ce qui a conduit à redonner à la collectivité un rôle d’initiateur, pour passer la main ensuite à un opérateur économique."

Après de nombreux échanges avec des industriels de la récupération, l’élu s’intéresse au recyclage des déchets ultimes du textile, dont l’enfouissement ou l’incinération en cimenterie restent coûteux.

Progressivement, la communauté de communes trouve des partenaires

"En 2010, le Relais avec qui nous avons noué un partenariat a mis à notre disposition des kilos de tissus récupérés, dont les caractéristiques ont été analysées par une élève ingénieure de l’école des textiles de Mulhouse", rappelle l‘élu communautaire. Avec le concours de cette spécialiste, la petite équipe de la communauté de commune les identifie comme une matière première potentielle pour la production d’un matériau composite permettant de réduire le taux de résines à base de pétrole et pouvant servir à fabriquer du mobilier de jardin. Dans la foulée, des tests de production à base de tissus récupérés sont lancés, avec l’aide des techniciens et des élus de la communauté. En 2013, les premières séries d’essais de composites sont lancées. Puis les études de marché réalisées par un prestataire spécialisé confirment le choix d’application dans le mobilier urbain et les loisirs.

Tests de résistance jusqu’au design

Parallèlement, la communauté de communes travaille avec le Cetelor, centre technique textile affilié à l’université de Lorraine, pour réaliser des tests sur des bases de polymères et de résines. "Avec l’aide de l’école des Mines de Nancy, nous avons lancé des tests de résistance (casse, résistance à l’eau…) et avons abouti à un matériau pour des sièges de plage, de jardin et de mobilier urbain, bancs ou encore bacs à fleurs. Nous recherchons actuellement, en relation avec le pôle de plasturgie de l'Est en Moselle, des solutions pour remplacer les dérivés du pétrole par des résines recyclables afin d’aboutir à un produit complètement éco-conçu". Enfin, le Pays de Colombey et du Sud Toulois a fait appel à un cabinet de design nancéien pour élaborer un prototype de chaise longue de plage (photo).

Textiplax : coût minime pour la collectivité grâce à des relais institutionnels

L’industrialisation de ce matériau composite nouveau - dit Textiplax -, est envisageable dans un proche avenir, pour un modèle simple à fabriquer localement dans un premier temps. Son développement a peu coûté à la collectivité, grâce à des relais institutionnels (Feder, conseils départemental et régional, Ademe, Eco-TLC…) et leurs appuis financiers. En huit ans, le budget n’a pas dépassé 80.000 euros, dont moins de 10.000 euros à la charge de la collectivité.

Prochaine étape : une Scic avec la collectivité actionnaire

"La nouveauté, insiste l’élu, c’est le développement par une collectivité d’un savoir faire en gestion de projets, en partenariats et en R&D, qu’elle transmettra par la suite à l’entreprise. C’est aussi une nouvelle approche de l’emploi grâce à la mise en place d’un outil de production industriel où la collectivité est motrice. Avec entre 5 et 15 emplois à la clé. En s’appuyant sur l’innovation, la collectivité joue son rôle d’incitateur tout en perpétuant la tradition humaniste d’un développement économique et d’aménagement du territoire, à laquelle elle est attachée."

La prochaine étape sera la création de la société d’exploitation (Scic), avec à son capital la collectivité qui mettra à disposition le matériau et les modèles dont elle est propriétaire et qu’elle a mis au point, mais qu’elle n’a pas vocation à gérer.

"Notre souhait, conclut l’élu, c’est que ce modèle et cette philosophie soient copiés et que, plus tard, les salariés deviennent actionnaires de la Scic. Aujourd’hui, le conseil communautaire, toutes tendances confondues, est convaincu et nous soutient dans des projets similaires sur d’autres thématiques. Quant aux entreprises, leur regard sur la collectivité a aussi bien changé."

Michel Léon, Titres & Chapos pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info

Communauté de communes du Pays de Colombey et du Sud-Toulois

Nombre d'habitants :

11500

Nombre de communes :

39
6 impasse de la Colombe - BP 12
54170 Colombey-les-Belles
contact@pays-colombey-sudtoulois.fr

Jean-Pierre Arfeuil

Vice-président au développement économique et au tourisme

Edouard Petitdemange

Chargé de mission

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