Regroupement pédagogique concentré : sept ans de réflexion

En Picardie, dans le département de la Somme, la communauté de communes du Haut-Clocher a fait le choix de regrouper ses treize écoles dans trois sites. Elle s'est pour cela dotée de la compétence scolaire et a organisé des regroupements pédagogiques intercommunaux concentrés. Un chantier d'envergure, aussi bien techniquement que politiquement !

La communauté de communes du Haut-Clocher (20 communes, 7.800 habitants) a pris la compétence scolaire en 2007, après quatre années de réflexion. Son but : repenser l'offre scolaire, pour la rendre plus équitable et "se doter d'écoles du XXIe siècle" en faisant le choix de regroupements pédagogiques concentrés. Depuis la rentrée scolaire de septembre 2010, au lieu des deux regroupements pédagogiques éclatés et d’autres écoles réparties sur dix communes, il existe trois pôles scolaires, fréquentés de la maternelle au CM2 par près de 750 élèves : l'un de huit classes, l'autre de dix classes et le troisième de douze classes.


Equipe pédagogique et équipement numérique

Construites sous haute qualité environnementale (aquathermie et géothermie), ces nouvelles écoles sont équipées en haut débit et dotées de matériel multimédia : fibre optique, tableaux interactifs dans chaque classe primaire, une classe "mobile" (box et wifi), 30 ordinateurs portables par site. Chacune comporte un cybercentre (médiathèque avec espace numérique de travail ) ouvert à la population à certains horaires. L'Education nationale a participé à l’élaboration du projet dans le cadre du comité de pilotage en formant tous les enseignants à ces nouveaux outils.

Sept ans de réflexion...

“Dès l'origine, nous avons axé la priorité sur le dialogue et la concertation la plus large possible”, explique Daniel Dubois, président de la communauté de communes. Une concertation amorcée dès 2003, avec un groupe de travail d’élus de la communauté de communes chargé d'esquisser l'école du futur et décider - ou non - de la prise de compétence scolaire. L'appui d’un cabinet conseil a permis d’évaluer les impacts financiers et fiscaux de la prise de compétence, et le coût d'un regroupement des écoles en trois ou quatre pôles. “Nous avons eu confirmation de l'écart considérable entre les efforts des habitants en faveur de l'école : de 7 à 90 euros par habitant suivant les communes ! Ce changement avait une incidence forte sur la fiscalisation”, commente Daniel Dubois.
Le vif du débat a porté sur le nombre de regroupements à atteindre : trois ou quatre ? “ A l'époque, les effectifs scolaires augmentaient mais risquaient de retomber rapidement. Il fallait donc “calibrer” le projet en conséquence. Une fois fixé le choix de trois, un comité de pilotage - associant représentants du conseil général, de l'Inspection académique, de la région, de la CAF- a travaillé à la définition du projet pour ces écoles. En parallèle, "nous avions des réunions avec les enseignants, parents, élus, aînés, pour expliquer les choix", précise Daniel Dubois.

80 débats internes et publics

Pas loin de 80 débats, internes et publics ont eu lieu, relatés par la presse locale ! “Politiquement, il faut une volonté sans faille”, reconnaît le président. La question de la sectorisation des trois pôles - et donc du choix des communes rattachées, et par effet boule de neige celles qui allaient “perdre” une école - a été une étape très sensible. Avec à la clé, le recours d'une association de parents, et quelques manifestations lors des poses de la première pierre. “Si nous avions traitée cette question plus tôt, rien n'aurait pu aller à terme”, assure Daniel Dubois. Sa conviction est que les communes ne meurent pas avec la fermeture d'une école : "Nous avons des communes qui avaient réussi à doubler leur population malgré l'école située à 5 km." Aux facilités perdues en termes de proximité, l’élu communautaire oppose les gains en termes de qualité de l'école et d'équité entre les habitants.

10 millions d’euros

L'opération globale revient à 10 millions d'euros (hors taxes) constructions et équipements inclus (210.000 euros d'équipements numériques et 218.000 de mobilier). Les partenariats financiers sont le troisième élément favorable, après “la détermination et la pédagogie pour parvenir à boucler un tel projet », assure Daniel Dubois. L'EPCI participe pour 3 millions (1,5 en fonds propres et 1,5 sur emprunt). Le reste provient de subventions (Europe, Etat, région, conseil général, CAF, Ademe).
A noter enfin dans le registre de la maîtrise des coûts : le pôle scolaire le plus important situé sur le chef-lieu de canton, fait office de “mini campus éducatif”, grâce à la proximité immédiate d'un espace culturel, de deux salles de sport et du collège. “Ce qui nous a évité de construire une autre salle des sports, tandis que la salle culturelle avait déjà été équipée de haute technologie”.

Emmanuelle Stroesser, pour la rubrique Expériences du site www.mairieconseils.net
 

Communauté de communes du Haut-Clocher

Nombre d'habitants :

7800

Nombre de communes :

20
1 rue d'Ergnies
80690 Ailly-le-Haut-Clocher

Daniel Dubois

Président

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