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Régulation des trottinettes en libre-service : à Paris, fini la roue libre

Ils furent jusqu’à douze à battre le pavé parisien, ils n’y seront plus que trois. Ce 23 juillet, la ville de Paris a dévoilé le nom des trois opérateurs de trottinettes en libre-service qui seront dès septembre les seuls autorisés à y déployer leur flotte. D’autres villes comme Marseille ont déjà tranché ou, comme Grenoble, s’apprêtent à déployer un libre-service de trottinettes et vélos électriques, à l’issue d’une procédure d’appel d’offres qui permet aux collectivités de mieux réguler ces services de "micro-mobilité".

Après Marseille (voir notre article du 4 octobre 2019), c’est au tour de Paris de faire le tri et de trancher en faveur de trois opérateurs de trottinettes en libre-service, retenus à l’issue d’un appel d'offres clôturé en mars dernier. Une quinzaine de candidats voulaient se partager le gâteau parisien, l’un des plus gros marchés au monde pour ce type de service fort apprécié des citadins. Comme le souligne une récente étude du think tank Terra Nova sur le "bon usage de la régulation du libre-service", la part modale que représente ce mode de transport dans la capitale est loin d'être négligeable, dépassant celle du Vélib’ à ses débuts. "Le développement de ces engins répond à un fort besoin de micro-mobilité", a confirmé David Belliard, adjoint à la maire de Paris en charge des transports, lors de la présentation ce 23 juillet des trois opérateurs retenus à l’issue de cet appel d’offres qui, une fois purgé le délai de recours, sera rendu effectif dès la rentrée.

La fin du free-floating

Qui sont les heureux élus ? Il s’agit de la société californienne Lime, la première à s’être installée à Paris en 2018, de la start-up franco-néerlandaise Dott et de la société allemande Tier Mobility, déjà implantée dans une soixantaine de villes européennes. Pour réguler leur activité, le choix a été fait de recourir à une convention d’occupation du domaine public. Longtemps entouré d'un flou juridique, l'usage de ces engins a été encadré par la loi d'orientation des mobilités (LOM) de décembre dernier. Son article 41 subordonne ce service à la délivrance par la collectivité compétente d'une autorisation préalable et d'un titre d'occupation. Qui dit occupation dit redevance : les opérateurs s'acquitteront d'une redevance à la ville de 45 euros par an et par engin, soit 675.000 euros au total et 225.000 euros par an et par opérateur. "Notre volonté était claire, nous réduisons le nombre d’engins à 15.000 - 5.000 par opérateur - et les utilisateurs devront les restituer sur des aires de stationnement dédiées sur la chaussée. C’est donc la fin d’un modèle, celui du free-floating, synonyme de loi de la jungle et d’anarchie", a commenté David Belliard.

Efforts environnementaux et sociaux

Pour les accueillir, 2.500 emplacements de stationnement sont prévus – il en reste 300 à aménager. L’appel d’offres parisien comportait par ailleurs des critères environnementaux et sociaux. "Nous allons nous efforcer de réduire notre empreinte carbone et d’améliorer l’intermodalité entre notre moyen de transport et les autres", indique Nicolas Gorse, directeur général Dott France. "En deux ans d’implantation à Paris, nous avons beaucoup appris et ce dialogue avec la ville restera fertile", ajoute Garance Lefèvre, à la tête de la direction européenne des affaires publiques de Lime. Les trois opérateurs promettent également de mieux partager avec la collectivité les précieuses données d’usage de leurs engins. Et d’améliorer les conditions de travail de leurs employés. "Grâce à cette victoire, nous allons créer des emplois", se félicite Sylvain Martin, le directeur régional de Tier Mobility en France. Pour cette dernière société, c’est coup double : elle vient par ailleurs d’être choisie par Grenoble-Alpes Métropole pour gérer le déploiement d’un parc de 500 trottinettes, proposées en location à Grenoble et dans deux autres communes de l'agglomération. Détail notoire, leur vitesse y sera bridée à 20 km/h. A Paris aussi, sur certains axes, l’opérateur Dott garantit que ses trottinettes le seront.