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Communication - Reportages sur les collectivités : tout n'est pas permis

Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) vient de rendre publique une décision qui ne manquera pas d'intéresser nombre de responsables de collectivités territoriales. Le Conseil était, en l'occurrence, saisi d'une demande de Jean-Jacques Queyranne, président du conseil régional de Rhône-Alpes, et de René Souchon, président du conseil régional d'Auvergne.

Liberté de la presse ou manque de déontologie ?

Les demandes visaient un reportage de l'émission "Capital" sur M6, diffusé le 17 mars 2013 au sein d'un dossier intitulé "Impôts : gaspille-t-on votre argent ?". Le reportage incriminé visait plus particulièrement les collectivités territoriales et s'intitulait en l'occurrence "Impôts locaux : quand la facture explose". La présentation de ce reportage sur le site internet de M6 ne laisse guère de doute sur la tendance générale du reportage : "Mais comment cet argent est-il utilisé exactement ? Frais de communication exorbitants, salariés en sureffectifs et parfois totalement désœuvrés, collectivités qui doublonnent et offrent plusieurs fois les mêmes services, vous allez découvrir comment l'argent public est parfois dilapidé". Les deux présidents de région contestaient notamment la présentation de leurs dépenses et un discours à sens unique.
Tout en se gardant bien de s'exprimer sur le fond du reportage, le CSA a entendu la demande et est intervenu auprès de M6 (ce qui n'a de valeur que pour d'autres reportages à venir). Il considère en effet que "la chaîne a manqué à ses obligations en matière de déontologie dans le traitement de ces deux collectivités".
Les deux cas sont toutefois différents. Dans le cas de la région Auvergne, le CSA estime que "la chaîne n'a pas suffisamment assuré l'expression des différents points de vue, en contradiction avec l'article 7 de sa convention : seuls les responsables des services administratifs de cette région ont pu brièvement exprimer leur opinion, alors qu'un élu de l'opposition régionale avait pu émettre de vives critiques contre le fonctionnement de ces services". Pour mémoire l'article 7 en question - commun à toutes les chaînes - prévoit notamment que "les journalistes, présentateurs, animateurs ou collaborateurs d'antenne veillent à respecter une présentation honnête des questions prêtant à controverse et à assurer l'expression des différents points de vue" (ce qui n'était manifestement pas le cas en l'espèce).

Les impôts payent toujours...

Dans le cas de la région Rhône-Alpes, le CSA relève que "l'un des témoins interrogés était engagé en politique auprès de l'opposition régionale à l'époque des faits, mais cette précision - pourtant de nature à éclairer le public sur les critiques formulées à l'encontre des initiatives du conseil régional - n'a pas été donnée aux téléspectateurs". Dans ces conditions, M6 a contrevenu à l'article 22 de sa convention, prévoyant - entre autres - que "la société fait preuve de rigueur dans la présentation et le traitement de l'information".
Il est à noter que le reportage de Capital évoquait également d'autres collectivités, comme le Grand Narbonne, guère mieux traitées que Rhône-Alpes ou l'Auvergne. Mais celles-ci n'ont pas souhaité réagir, ou n'ont pas été entendues. 
Retenons enfin que, selon les chiffres Médiamétrie, Capital a réalisé, avec son émission du 17 mars sur les impôts et les gaspillages, l'un de ses plus beaux scores d'audience : 3,96 millions de téléspectateurs et 16,2% de part de marché (17% sur les ménagères de moins de 50 ans), juste derrière TF1. La suite au prochain reportage... 

Références : Conseil supérieur de l'audiovisuel, décision en assemblée plénière du 7 mai 2013, publiée le 7 juin 2013.

 

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