Réversible, écologique, attractif… l'ANCT dresse le portrait-robot du site industriel de demain

Une "Fabrique prospective" centrée sur les sites industriels de demain a été menée entre février 2021 et mars 2022. Cette démarche, proposée par l'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), a permis d'identifier les caractéristiques des sites industriels de demain et d'analyser les principaux enjeux auxquels ils doivent faire face, au premier rang desquels les questions écologiques, énergétiques et de réversibilité. Les détails ont été publiés en octobre 2022 dans une note de l'ANCT.

Quelles doivent être les caractéristiques des sites industriels de demain ? C'est à cette question que huit intercommunalités*, Intercommunalités de France, et plusieurs acteurs nationaux (Banque des Territoires, Cerema, Territoires d'industrie) se sont attelés, dans le cadre d'une "Fabrique prospective" sur les "Sites industriels de demain", aboutissant à une note publiée en octobre 2022. Cette démarche de fabriques prospectives est proposée par l'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT). Elle permet à des collectivités de travailler, individuellement et collectivement, sur un enjeu de transition d'intérêt national et territorial. Chaque fabrique regroupe 4 à 8 territoires volontaires. Ils sont accompagnés pendant un an par un prestataire qualifié et piloté par l'ANCT (accompagnement sur-mesure de chaque territoire volontaire et accompagnement collectif avec les territoires engagés, une association d'élus et des partenaires nationaux). Exemples de sujets traités : être senior dans une petite ville, villes moyennes et transition écologique... Treize fabriques de ce type ont été menées depuis 2018, en partenariat avec les associations d'élus et acteurs nationaux. "Sites industriels de demain" fait partie d'une de ces fabriques.

Dix grands enjeux pour les sites industriels de demain

Cofinancée avec la Banque des Territoires, la fabrique prospective "Sites industriels de demain" a duré un an et demi (de février 2021 à mars 2022) et a réuni une centaine de participants dans huit territoires. Huit sites industriels (voir encadré) ont ainsi fait l'objet d'une étude et d'un accompagnement individuel assuré par le cabinet Ramboll. A noter : sept d'entre eux sont labellisés "Sites industriels clés en main".

Le travail a notamment permis d'identifier dix grands enjeux auxquels les sites industriels de demain doivent répondre, parmi lesquels l'intégration dans l'environnement (logements, équipements, commerce), la connexion et l'accessibilité des sites (très haut débit, transports collectifs) et l'attractivité pour les salariés et les riverains (espaces communs intérieurs, extérieurs, services sur site…). Face à des problèmes de recrutement de plus en plus fréquents, la qualité et l'attractivité du lieu de travail deviennent ainsi primordiaux. "Le site industriel doit être davantage considéré comme un lieu 'vécu' et 'parcouru' et non pas simplement comme un lieu traversé (espaces verts, tables de pique-nique, parcours sportifs, cheminements protégés…)", précise la note. Mais les intercommunalités sont plutôt aguerries à ces enjeux, contrairement aux questions de réversibilité et de mutabilité des sites qui sont plus compliquées à traiter.

La réversibilité, thème le moins investigué

La réversibilité des sites ou leur reconversion, est ainsi le thème qui "a été le moins investigué", indique le document, car difficile à appréhender de manière concrète, avec de multiples questions à traiter : quelle solution envisager, quels bâtis viser, quels montages financiers et juridiques utiliser, quel rôle pour la collectivité, quels partenariats et financements ? La difficulté réside aussi dans la nécessité d'intégrer dès le départ les besoins d'évolution ou de réversibilité des sites de demain. La note donne quelques pistes : développer des bâtiments reconfigurables, avec un allotissement et une trame foncière flexible capable de s'adapter à d'autres demandes.

Les enjeux autour de l'exploitation du potentiel énergétique des sites constituent aussi un sujet moins mûr qui nécessiterait la réalisation d'études ou de prestations mutualisées de type architecte-conseil ou énergéticien. Des études qui permettraient de conseiller les entreprises sur des solutions en matière d'efficacité énergétique et de production d'énergie en amont de toute nouvelle implantation : production renouvelable sur site, boucles énergétiques, stations multi-énergies…

Des feuilles de route pour chacun des huit sites

Concernant l'évolution et la conciliation des usages, la note signale des contradictions à résoudre, entre des acteurs en faveur de la redynamisation des centres-villes et des usagers des zones industrielles qui souhaitent voir se développer des services in situ (restauration, mobilité partagée, crèche, activités sportives, lieux de détente partagés…). L'idée est d'essayer de concilier les deux types d'attentes avec par exemple le développement de services mobiles (une restauration pensée en partenariat avec des entreprises présentes en ville) ou des navettes électriques et des équipements cyclables entre les sites et les centres-villes.

Enfin, dernier point analysé : l'animation et la gouvernance de ces sites. La note estime que les gestionnaires des zones d'activités, qui sont souvent les EPCI, devraient avoir davantage un rôle d'animateur et de conseil (poste de "manager de zone d'activités"), notamment auprès des entreprises, pour répondre aux enjeux économiques, énergétiques, écologiques et fonciers de ces zones. Une partie des sites accompagnés ont d'ailleurs mis en place une gouvernance formelle ou informelle de leur zone.

Après cette fabrique de prospective, le travail dans chacun de ces huit sites se poursuit à partir des feuilles de route établies qui mentionnent les actions à mettre en œuvre. Une réunion est prévue par l'ANCT fin 2022 ou début 2023 pour échanger sur leur avancement.

* Les communautés impliquées : communauté d’agglomération du Gard Rhodanien, communauté d’agglomération Melun Val de Seine, communauté d’agglomération du Niortais, communauté de communes Pays du Coquelicot, communauté de communes Vie et Boulogne, communauté de communes Vierzon-Sologne-Berry, Lannion-Trégor Communauté, Provence-Alpes Agglomération.

Les huit sites industriels

Parc Henry Potez (CC Pays du Coquelicot, Somme) 

Orange Labs Nord (CA Lannion- Trégor, Côtes d’Armor) 

Espace Vie Atlantique (CC Vie et Boulogne, Vendée) 

Plateforme Arkema (CA Provence-Alpes-Agglomération, Alpes-de-Haute-Provence) 

Les Pierrailleuses (CA du Niortais, Deux-Sèvres) 

OZE Marcel Boiteux (CA Gard Rhodanien, Gard) 

Tertre de Montereau (CA Melun Val de Seine, Seine-et-Marne) 

Parc technologique de Sologne (CC Vierzon-Sologne-Berry, Cher).