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Développement économique - Rhône-Alpes et Alsace : deux régions qui sortent du lot, selon Sémaphores

Forte de son expérience auprès des collectivités territoriales, la société Sémaphores (branche Accompagnement des entreprises et des territoires du groupe Alpha) s'est lancée dans un travail délicat : créer un observatoire de l'action économique régionale. Présenté le 8 juin 2010, l'observatoire se veut être un nouvel outil d'analyse de l'action économique des régions, à l'aube d'un nouveau mandat 2010-2016 pour les exécutifs régionaux. Mais il suscite déjà de vives critiques puisqu'il classe les régions en fonction d'une dizaine d'axes (développement des filières, appui au développement des entreprises, soutien à la création et à la reprise-transmission d'entreprises ou encore la politique d'emplois et de compétences), sans tenir compte des résultats effectifs. Objectif : apprécier l'action économique des régions, voir comment elles peuvent optimiser, voire réorienter leur politique et leurs moyens et si elles peuvent jouer un rôle plus affirmé en temps de crise. Le premier classement obtenu place les régions Rhône-Alpes, Alsace et Haute-Normandie en première ligne, avec, respectivement, des notes de 4,6, 4,5 et 4,35 sur 6. Des régions considérées commme "plus actives que d'autres", par Alain Petitjean, directeur général de Sémaphores. Vient ensuite un peloton de régions, dont la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca) (4,1), Languedoc-Roussillon (4,1), Bretagne (4) et Ile-de-France (3,9), qui arrivent à tirer leur épingle du jeu avec une action économique "cohérente", et d'autres, dont l'Aquitaine, Midi-Pyrénées, le Nord-Pas-de-Calais et la Lorraine, qui ont réussi à capitaliser sur leurs atouts... au risque, selon le directeur de Sémaphores, de créer une "surspécialisation" de leur territoire. D'autres régions encore, comme notamment Poitou-Charente (avec une note de 3) avec le développement durable, le développement des filières et la politique de l'emploi "se sont adaptées à leur handicap en choisissant deux ou trois axes stratégiques seulement", a expliqué Alain Petitjean, lors de la présentation de cette étude, mardi 8 juin. Des régions qui affichent du coup de très bons résultats dans les axes choisis.

"Dans l'économie réelle, ça ne marche pas comme ça !"

Parmi les moins bons élèves du classement, on trouve la Picardie (2,5), le Limousin (2,45), la Corse et, en toute fin, la Bourgogne (1,9). "Sur plusieurs axes, l'action manque de moyens ou de détermination, ou souffre d'une certaine banalité des outils", estime ainsi l'étude sur le cas de la Bourgogne. Autre explication de ces mauvais résultats : la prise en main du territoire par l'Etat, à travers de nombreux dispositifs de revitalisation, qui ont peut-être découragé la région d'agir… Au-delà de ce classement, Sémaphores a tenté de tirer quelques enseignements généraux sur l'action économique régionale, soulignant que les régions ont péché par naïveté ou excessivité dans trois domaines particuliers. Premier domaine : l'innovation et la "high tech". "Personne n'est contre, mais si on ne fait que ça, on est très vite dans une impasse", a ainsi souligné Alain Petitjean, qui a mis en avant le risque dans ses activités de délocalisation et la faiblesse des emplois créés. Le directeur de Sémaphores a également critiqué le "miroir aux alouettes des grands projets et des implantations exogènes", valorisant à l'opposé le développement endogène des territoires. Dernier point critiqué : les régions ont cru qu'en ouvrant des guichets les entreprises allaient spontanément rappliquer… "Dans l'économie réelle, ça ne marche pas comme ça !", a affirmé Alain Petitjean dénigrant ces guichets passifs au profit de services d'appui et de conseil actifs.  Sémaphores avance dix recommandations pour améliorer l'action économique des régions, parmi lesquelles : orienter une majorité de l'action économique régionale vers l'économie endogène, mettre en œuvre ces fameux dispositifs actifs d'appui et de conseil aux entreprises, prévoir des actions coups de poing, plus efficaces qu'une action permanente, à l'image du dispositif "Appui PME" mis en place par l'Ile-de-France, distribuer de manière directe les aides proposées par la région, promouvoir les services mutualisés... Le groupe propose aussi de développer la gestion territoriale des emplois et des compétences qui, cinq ans après la loi Borloo-Larcher de 2005, n'a toujours pas réussi à décoller.

Emilie Zapalski