Saint-Pierre-des-Corps, ville pilote pour la prévention du risque inondation (37)

Intégralement située en zone inondable, la ville de Saint-Pierre-des-Corps pourrait connaître de fortes crues en cas de rupture des digues qui la protègent de la Loire. Au-delà des impératifs réglementaires, la ville a choisi de sensibiliser sa population au risque, en créant un bâti sur pilotis, des repères de crue dans les rues et des propositions artistiques axées sur l’inondation.

Trop vieux pour être relaté par les anciens - les crues majeures remontent à 1846, 1856 et 1866 - le risque inondation avait pour ainsi dire disparu des consciences à Saint-Pierre-des-Corps (16.000 habitants), tout près de Tours, dans l'Indre-et-Loire. Dans les années 1990, alors qu'elle décide de reprendre la main sur son développement (voir encadré), la ville s'interroge aussi sur la manière de sensibiliser sa population à ce risque si "lointain" mais pourtant bien réel. Au-delà de la diffusion obligatoire du document d'information communal sur les risques majeurs (Dicrim), elle décide de privilégier une sensibilisation sur le terrain.

Une architecture qui incarne le risque

Plutôt que de masquer la contrainte de la règle de construction - une pièce de vie au-dessus des plus hautes eaux - la ville a d'abord choisi de souligner cette particularité en soutenant les projets architecturaux qui signalent le risque inondation : logements sur pilotis, immeuble habillé de faïence bleue jusqu'à la ligne des plus hautes eaux. Fer de lance de cette politique, le service urbanisme est à la manœuvre au quotidien. "En tant que porte d'entrée des demandes de permis de construire, nous tentons de faire avancer la prise de conscience des habitants, des architectes et des promoteurs" précise la responsable du service urbanisme, Barbara Rivière.

Le risque inondation au cœur de la concertation

Depuis 2015, la ville a aussi lancé l'élaboration d'un nouveau PLU. "Le risque inondation est l'une des clés principales d'entrée de la concertation" souligne la responsable. Plusieurs conférences sur des questions urbaines sont proposées aux habitants. La première a porté spécifiquement sur le risque inondation. Au total, quelques 600 personnes ont participé aux différents ateliers et la démarche va donner lieu à une exposition en septembre 2017.

Montrer la présence de l'eau dans la ville

Alors que la Loire reste cachée derrière les digues, la municipalité s'est également lancée dans un programme de construction de fontaines publiques dans chacun de ses quartiers : "En milieu urbain, nous oublions vite la présence du milieu naturel. Ces fontaines ramènent de la familiarité avec l'eau dans la ville", souligne la responsable urbanisme.

Des repères de crue pour garder la mémoire

Saint-Pierre-des-Corps installe également des repères de crue dans la ville : "Bientôt, onze balises seront implantées sur des lieux emblématiques comme la gare ou l'hôtel de ville. Elles sont là pour raconter une histoire oubliée et marquer les esprits." Dans cette démarche, la ville est accompagnée par l’établissement public Loire grandeur nature. La ville a également aménagé des cheminements piétons qui permettent de rejoindre la Loire et la voie verte "La Loire à vélo" aménagée par le conseil régional des Pays de la Loire. Chacun de ces projets rapproche ainsi le fleuve des habitants.

Marquer l'imaginaire

"Marquer les esprits", c'est bien l'objectif majeur de l'approche de Saint-Pierre-des-Corps. Et dans cette démarche, "l’action artistique a toute sa place, souligne la sénatrice-maire, Marie-France Beaufils. Nous devons la convoquer et la faire partager ; pas dans une vision catastrophiste, mais plutôt à travers le sensible". En 2012, l'expédition urbaine "le Jour inondable" a ainsi marqué les esprits.
Durant 24h, une centaine d'habitants ont vécu un scénario d'inondation grandeur nature avec évacuation. Une proposition sensible portée par la compagnie marseillaise "La Folie kilomètre" et le Pôle des Arts urbains (PolAU), pôle artistique soutenu par l’Etat et installé sur la commune de Saint-Pierre-des-Corps.

Balades du risque, dans une ville désormais résiliente

Aujourd'hui, "des ballades du risque" continuent d'être proposées dans toute la vallée soumise au risque inondation. "Construire cette sensibilité permet à chacun d'élaborer une attitude et une autre façon de vivre les choses" conclut la maire. C'est tout l'enjeu de "la ville résiliente" : une ville qui s'adapte et des habitants qui apprennent à tenir compte du risque plutôt que de l'occulter.


Saint-Pierre-des-Corps face aux risques de son territoire
Saint-Pierre-des-Corps concentre de nombreux risques majeurs : risques industriels avec plusieurs entreprises Seveso, risques d'inondations. Au point que, au fil du temps, les contraintes réglementaires avaient fini par geler le développement de la commune. En 1994, la réflexion sur le Plan Loire grandeur nature marque le point de départ de la prise de conscience et de l'action municipale. La mairie entame alors un bras de fer pour faire évoluer la règle locale dictée par l’Etat, compétent en matière de risques majeurs. En 2000, le nouveau POS de Saint-Pierre-des-Corps autorise la construction en zone inondable, à condition de disposer d'une pièce de vie au-dessus du niveau des plus hautes crues. Peu à peu, la commune gagne en expertise et en légitimité en matière de risque inondation. En 2012, Marie-France Beaufils devient présidente du Centre européen de prévention du risque inondations - le CEPRI- qui co-élabore aujourd'hui avec l’Etat la doctrine nationale "inondation". Saint-Pierre-des-Corps est également retenue en 2014 au titre de ville pilote de l’atelier national sur les "territoires en mutation face aux risques", mené par le ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer.

Commune de Saint-Pierre-des-Corps

Nombre d'habitants :

16000
34, av. de la République
37703 Saint-Pierre-des-Corps

Marie-France Beaufils

Maire

Barbara Rivière

Responsable du service urbanisme

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