Santé-social : un diagnostic territorial qui a le mérite de poser les bonnes questions

Le syndicat mixte du pays Rochefortais a réalisé un diagnostic santé-social, le premier dans le département de Charente-Maritime. Le résultat met en exergue les problèmes saillants sur le champ de la santé de la population dans ses différentes communes et quartiers. Un outil de décision pour assurer une meilleure prévention, mais aussi un outil de discussion et de négociation lorsque la collectivité ne peut résoudre seule les questions auxquelles elle est confrontée ...

Depuis quelques mois, la communauté d'agglomération du pays Rochefortais dispose d'un "diagnostic santé-social", autrement dit d'une photographie assez nette des problèmes de santé rencontrés par ses habitants. Avec des points noirs sur l'alcoolisme, le tabagisme, provoquant des décès dits prématurés, ou encore le suicide des jeunes. "C'est un document intéressant car nous ne disposions que de certaines données, éparses, portant sur des années ou des périmètres différents suivant qu'elles provenaient de la ville, du conseil général pour la santé scolaire, etc. Nous étions donc dans l'incapacité d'identifier les questions de santé plus finement, et par rapport à des quartiers", commente  Delphine Souche, directrice de la cohésion sociale et territoriale à la communauté d'agglomération du pays Rochefortais.

Les données recueillies sont comparées aux données régionales ou nationales

Ce diagnostic répondait à un besoin révélé par le contrat de ville 2000/2006 puis le contrat urbain de cohésion sociale qui a suivi. "Dans le cadre de ces contrats liés à la politique de la ville, nous avons engagé un certain nombre d'actions sur la santé, notamment l'accès aux soins pour les plus fragiles (création d'un lieu d'écoute) ou la santé mentale. Mais nous avions besoin d'éléments plus précis pour travailler sur nos priorités d'intervention, avec la perspective de créer un atelier santé ville, pour coordonner les actions déjà engagées", explique Delphine Souche. La réalisation de ce diagnostic a été déclenchée par le syndicat mixte du pays Rochefortais, dans le cadre plus vaste d'une démarche soutenue par le conseil régional et la Drass pour disposer d'éléments sur les problèmes de santé propres à chaque territoire mais comparables, grâce à un cadre de référence commun. Sur le terrain, ce travail a été mené par l'Observatoire régional de santé en relation étroite avec le syndicat mixte, la ville de Rochefort et les différents acteurs (conseil général, PMI, médecine scolaire). Il a coûté 10.000 euros, cofinancés par le conseil régional pour 4.733 euros, et la direction régionale des affaires sanitaires et sociales pour la même somme et le reste par le syndicat mixte. Le diagnostic se présente sous la forme de fiches qui synthétisent des données statistiques agrégées selon cinq thèmes : mortalité et facteurs de risque ; environnement et santé ; offre et recours aux soins ; prise en charge des 0/6 ans et santé scolaire ; santé mentale. Ces deux derniers thèmes ayant été ajoutés à la demande des partenaires du territoire. Toutes les données compilées sont analysées et comparées avec les données régionales ou nationales, permettant de mesurer les écarts et mieux cibler les points noirs en termes de santé.

L'exploitation des résultats reste délicate

Les résultats du diagnostic ont été présentés aux élus en décembre 2008 ; des élus satisfaits de disposer ainsi d'une meilleure connaissance du territoire, mais inquiets sur un certain nombre de constats dressés. Cependant, l'exploitation de ce document bute sur les compétences, moyens et responsabilités de la collectivité. "Nous avons, élus et techniciens, encore du mal à identifier à quel niveau intervenir, commente Delphine Souche. Si nous constatons par exemple un manque de lits en psychiatrie, en orthophonie, quelle ficelle tirer pour faire évoluer la situation ?" La réforme de l'hôpital et des agences régionales de santé (en cours d'examen par les parlementaires) ajoute à la confusion. Ce sont les limites de l'exercice, qui met les élus face à leurs contraintes budgétaires, mais face également aux responsabilités politiques, et en premier lieu celles de l'État et de la CPAM. "Les élus ont déjà réagi au problème flagrant de manque d'un centre de bilan santé (aucun dans le département), en écrivant un courrier à la CPAM, mais nous n'avons jamais eu de retour", cite en exemple Delphine Souche. Le diagnostic n'a donc pas encore eu de suite concrète, comme le lancement de l'atelier santé ville ou des études complémentaires. L'atelier santé ville reste en suspension. "Nous pouvons obtenir le financement du poste de coordinateur sur trois ans, mais après ?", interroge Delphine Souche.
Pour l'heure, la priorité est de "consolider l'existant", comme le financement du lieu d'écoute dont l'intérêt est réaffirmé par le diagnostic. Si l'étude pose en introduction un certain nombre de données sociales (proportion élevée de bénéficiaires de minima sociaux, taux de chômage supérieur à la moyenne régionale, etc.) elle ne va pas jusqu'à établir des liens de cause à effet entre la précarité et la santé.

Emmanuelle Stroesser

Communauté de communes du pays Rochefortais

Nombre d'habitants :

52300

Nombre de communes :

18
3 avenue Maurice Chupin, Parc des Fourriers, BP 50224
17304 Rochefort Cedex
accueil@cda-paysrochefortais.fr

Delphine Souche

Directrice cohésion sociale

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