Services publics : une mission pour améliorer l'accès des personnes pauvres et précaires

L'ex Première ministre Elisabeth Borne, qui a remis sa lettre de démission lundi 8 janvier 2024, a adressé six jours plus tôt une lettre de mission concernant la prise en compte de l'accès des personnes pauvres et précaires aux services publics à la députée Christine Le Nabour (Ille-et-Vilaine) et au sénateur Jean-Luc Fichet (Finistère). "Votre mission aura vocation à identifier les blocages (…) et les contextes dans lesquels les personnes précaires peuvent être confrontées à la stigmatisation", selon les termes de la lettre de mission que s'est procurée l'agence AEF. Les deux parlementaires seront placés auprès d'Aurore Bergé, ministre des Solidarités et des Familles, et de Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques. Élisabeth Borne relève que plusieurs réformes tentent de rapprocher le service public des usagers, notamment la mise en place de France services et, suivant le principe "d'aller vers", le nouveau Pacte des solidarités et la réforme de la solidarité à la source.  Mais le "processus d'assignation d'une identité négative a en effet été répertorié par de nombreuses études comme l'une des causes du non-recours à un certain nombre d’aides et de dispositifs d’accompagnement des personnes les plus précaires", regrette l'ex cheffe du gouvernement.

La mission des deux parlementaires aura donc vocation à "recenser les démarches mises en œuvre pour lutter contre la stigmatisation et en apprécier les effets". Ils devront aussi "consacrer une attention particulière à la dimension numérique".

Cette mission intervient alors que l'eurodéputée écologiste Marie Toussaint, tête de liste pour les élections européennes, a lancé lundi 8 janvier une campagne contre la "pauvrophobie d'État", c'est-à-dire les politiques discriminantes vis-à-vis des précaires, et a saisi la Défenseure des droits concernant les pratiques de la Caisse nationale d'assurance famille (Cnaf). Elle s'appuie sur les résultats d'une enquête du Monde, publiée fin décembre 2023, qui révèle de quelle manière l'algorithme de la Cnaf permet de cibler ses contrôles envers les plus vulnérables.