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Habitat - Soliha met son grain de solidarité dans la revitalisation des Cœurs de ville

Soliha veut être plus qu'un acteur contre le mal-logement dans le parc privé. Le mouvement aux 140 organismes "solidaires pour l'habitat"  se voit bien "ensemblier" de la revitalisation des Cœurs de ville.

"C'est fini le temps des réhabilitations de façades." C'est à la fois un constat et un encouragement à aller plus loin qu'a lancé, le 13 juin 2019, le sociologue et urbaniste Michel Bonetti, président du conseil d'orientation de la Fédération Soliha. Il s'exprimait lors de l'assemblée générale de la Fédération, en ouverture d'un après-midi consacré au rôle que peuvent tenir, dans la lutte contre les fractures territoriales, les 140 organismes "solidaires pour l'habitat" du mouvement.
La "réhabilitation de façade" est une boutade. Elle ne saurait résumer les 5 métiers du mouvement. Si le tout premier métier est certes la réhabilitation accompagnée auprès des particuliers, l'objet n'est pas de cacher la misère sous un coup de peinture mais bien de s'attaquer à la précarité énergétique, d'adapter les logements au vieillissement ou au handicap, de résorber les habitats indignes ou très dégradés. 
Partenaire indispensable de l'Anah, le mouvement Soliha a animé, en 2018, 56% des Opah (opérations programmées d’amélioration de l’habitat) et PIG (programme d’intérêt général) au niveau national. Valérie Mancret-Taylor, directrice générale de l'Anah, l'a invité pour les années à venir à développer des "projets innovants et créatifs".

La conduite de projets de territoire, second métier de Soliha

Le mouvement Soliha a aussi conduit 2.044 projets de territoire en 2018. Second métier de Soliha, la conduite de projets de territoire auprès des collectivités est appelée à se déployer, entraînée par la dynamique du programme "Action cœur de ville". Dans ce contexte "enthousiasmant", "il faut jouer le rôle d'ensemblier", "mettre du liant" entre les acteurs de la revitalisation des centres-villes, estime Anne Sémard, directrice adjointe de Soliha Centre Val-de-Loire. Etre "capable d'allier, à notre expertise habitat, la coordination d'autres acteurs aux expertises complémentaires : commerces, environnement, économie, mobilité…". 

Les trois autres métiers - la médiation sociale, la gestion locative sociale et la production de logement d’insertion en maîtrise d'ouvrage d'insertion (voir notre encadré ci-dessous) – sont également appréciés dans le cadre des politiques de revitalisation urbaine.

La nature en cœur d'îlot pour relancer un marché immobilier déqualifié ?

Selon Michel Bonetti, les organismes se réclamant de Soliha doivent être moteurs d'actions audacieuses. Il les incite par exemple aux restructurations d'îlots entiers, pour permettre notamment de récréer des espaces collectifs en cœurs d'ilots, voire des jardins pour répondre à l'"attente de la nature en ville" qui redonnera de l'attractivité à ces logements aujourd'hui dégradés et parfois vacants. 
"Dans un marché immobilier déqualifié, l'îlot est l'échelle de requalification", estime d'ailleurs Marianne Beck, responsable du pôle habitat à Soliha Drôme. Et là encore, les actions coordonnées avec les autres acteurs de la rénovation urbaine sont la condition pour "créer un cadre de confiance pour les investisseurs privés".  Mais pour Marianne Beck, le mouvement Soliha ne doit négliger aucune échelle du projet urbain d'un centre-ville dévitalisé. Si le métier de base part bien du logement (en réponse aux besoins du ménage), il doit monter à la parcelle, à l'ilot, au quartier et même au-delà quand il s'agira de communiquer au grand public.

Raser les "stigmates de la crise industrielle" 

Michel Bonetti estime par ailleurs, qu'il ne faut plus tergiverser sur les démolitions d'immeubles qui n'ont pas (ou plus) de valeurs. L'urbaniste invite par exemple à "raser les stigmates de la crise industrielle" comme ces "hangars et bâtiments industriels à l'abandon en plein centre-ville".
Mais raser ne signifie pas oublier. Michel Bonetti conseille d'ailleurs, pour aborder une ville en perte de croissance (croissance urbaine, démographique, économique…), de remonter deux siècles en arrière. Car selon lui, les discours sur la mondialisation économique, sur la mobilité accrue des investissements industriels, ou encore sur la métropolisation, n'épuiseraient pas le sujet. "Les situations sont extrêmement contrastées" d'une ville à l'autre, rappelle-t-il. 
Qui sait que ces villes dites "moyennes" ont connu leur plus haut niveau de population en 1920, et que certaines ont même commencé à perdre des habitants dès 1850 ? "Des villes aux activités florissantes se sont endormies sur leur capital" sans chercher à diversifier l'économie. Une situation que Michel Bonetti explique par la "compétence des élites locales" qui, trop souvent, n'auraient "pas été en capacité d'anticiper et/ou de mettre en œuvre les transformations". Il ne serait pas rare que cette incapacité ait eu pour origine "l'absence de coopération entre acteurs" : Etat, collectivités, propriétaires, chefs d'entreprise, commerçants… Voire carrément de concurrence, dans le cas cité par Michel Bonetti où une équipe municipale prend la décision politique de ne pas lâcher sa périphérie aux lotissements d'habitat et/ou de grandes surfaces commerciales, et que la commune voisine "s'en saisi". 

Ancrage local, vision globale

Pour organiser la coopération entre les acteurs, le mouvement peut s'appuyer sur son ancrage local. Plus que cela, il dispose, selon Michel Bonetti, d'un talent inestimable : sa capacité à appréhender de manière globale la complexité des enjeux. 
Que ce soit la complexité des enjeux urbains : comment prendre en compte tout à la fois les enjeux d'habitat, de mobilité, de développement durable, de développement économique, de patrimoine, d'accès aux services… Le sociologue-urbaniste croit également le mouvement Soliha bien placé pour créer une dynamique de participation du projet urbain avec les habitants. Il l'estime également légitime à témoigner dans la recomposition des pouvoirs locaux, et plus particulièrement des EPCI. Autre atout de Soliha : l'aisance des organismes pour s'y retrouver et actionner des financements complexes. Une compétence précieuse pour ses partenaires.
"Vous devez aider les élus à avoir une vision stratégique de leur centre-ville à 10 ans", a lancé Michel Bonetti à l'AG de Soliha. "Vous avez un an pour vous préparer", a-t-il ajouté, dans la perspective des nouvelles équipes municipales de 2020.
 

L'activité de Soliha en 2018

Le rapport d'activité 2018 de Soliha, présenté le 13 juin en assemblée générale, traduit une année de développement dans les 5 métiers du mouvement : la réhabilitation accompagnée, la conduite de projets de territoire, l’accompagnement et la médiation sociale, la gestion locative sociale et la production de logement d’insertion en MOI (Maîtrise d'ouvrage d'insertion).  Cela se traduit notamment par :
•    60 360 ménages modestes et très modestes accompagnés dans leur projet de réhabilitation, soit une augmentation de près de 10 % par rapport à 2017 :
o    34.170 ménages accompagnés pour sortir de la précarité énergétique (+19%)
o    23.170 ménages accompagnés pour l’adaptation de leur logement (+2%)
o    3.020 ménages accompagnés pour sortir de logements indignes, non-décents ou très dégradés (+9%)
•    Le cap de 32.000  logements sociaux Soliha franchi, dont :
o    9.500 logements en propriété, avec une reprise de la production de logements en maîtrise d’ouvrage d’insertion (+ 45% concernant la production nouvelle)
o    20.290 logements en intermédiation locative pour des tiers
•    29.440 ménages ont bénéficié d’un accompagnement social, soit une augmentation de plus de 26% 
Par ailleurs, le mouvement Soliha a conduit 2.044 projets de territoire en 2018 et animé 56% des Opah et PIG au niveau national. 
Le déploiement des 5 métiers de Soliha est le premier des 8 leviers du nouveau cadre stratégique 2019-2025 adopté lors de l'assemblée générale du 13 juin 2019. Baptisé "Cap 2025", il se déclinera dans chaque région.