A Strasbourg, l'économie fait son chemin avec Urban

Après un démarrage retardé, l'axe économique du programme d'initiative communautaire Urban s'organise, notamment autour d'une nouvelle zone d'activités et d'une convention originale d'aide à l'investissement des commerçants et artisans.

A Strasbourg, fin 2004, le programme Urban II n'avait pas encore investi l'axe économique. Seuls 567.387 euros du Feder étaient engagés sur les 2,079 millions disponibles pour l'axe A "Accès à l'emploi, développement économique et formation", soit un taux d'utilisation de 27%, la moyenne pour l'ensemble du programme étant de 39%. A cette date, l'Etat et des collectivités ont porté leurs efforts en faveur du volet économique à 2,86 millions d'euros. Le véritable démarrage s'est opéré depuis quelques mois. Le caractère stratégique du développement économique doit permettre de ne pas résumer le Neuhof, principal quartier d'Urban au sud de Strasbourg, à la monofonction habitat. "Un vrai besoin de proximité de services, de commerces et d'activités existe ici, ne serait-ce que parce que les habitants possèdent moins de voitures individuelles", relève Olivier Bagarri, chargé de l'animation d'Urban II au sein de la communauté urbaine de Strasbourg. Le Neuhof affiche un taux moyen de chômage de 20%. Certes, 685 entreprises (plus de 20.000 emplois) sont implantées dans les deux autres quartiers voisins et éligibles à Urban, la Meinau et le Port du Rhin, mais elles semblent faire le plein de leurs effectifs. D'où le besoin de créer une dynamique économique nouvelle.

La zone d'activités, valeur ajoutée d'Urban

Compte tenu de ses moyens financiers limités (30 millions dont 9,8 millions d'euros de fonds européens contre un total de 205 millions dans le dispositif Anru), Urban se conçoit comme un outil ciblé, complémentaire des deux autres actionnés au Neuhof : la ZFU et le GPV, principalement tourné vers l'aménagement et le logement. Cette fonction de "valeur ajoutée" s'illustre par la création en cours de la zone d'activités de la Klebsau au Neuhof : Urban en a cofinancé la mission de maîtrise d'oeuvre ; il cofinancera l'aménagement des parcelles et des voiries/espaces verts et garde la possibilité d'aider les entreprises qui s'implanteront. "La ZFU apporte l'exonération fiscale et la clause d'embauche locale, mais elle ne comble pas le déficit de disponibilités foncières. C'est là qu'Urban a son utilité", analyse Olivier Bagarri. Sur cette nouvelle zone de 3,1 hectares, cinq entreprises de l'agglomération s'installeront. Elles promettent 50 emplois nouveaux. La Klebsau offrira au total une douzaine de parcelles. Vingt-cinq candidatures à l'implantation ont été recueillies, mais certaines ont été recalées d'office pour cause de fragilité financière ou d'incompatibilité avec le voisinage résidentiel (gros oeuvre, transport).
Sur la question de l'emploi-formation, Urban a rendu possible le dispositif local de VAE (validation des acquis par l'expérience), au bénéfice des salariés étrangers, qui étaient handicapés par la non-reconnaissance de leur diplôme.

Une convention d'aide aux artisans, commerçants et PME

Ce dispositif de validation a été monté de septembre 2004 à mars 2005 avec la direction départementale du travail et comprend un complément de formation en langue et une mise en situation. "Quatorze des quinze candidats ont trouvé un emploi", se félicite Olivier Bagarri. Il espère la réussite, cet été, de l'"action préparatoire à la qualification" pour les jeunes chômeurs des quartiers Urban, une initiative qui vise à réduire le taux d'échec (50%) des jeunes du quartier entrant en contrat d'apprentissage.
Mais le grand déclic devrait venir de la convention d'aide aux artisans, commerçants et PME de moins de 20 salariés, signée ce printemps entre le conseil régional et la communauté urbaine. L'opération entend effacer l'échec de ces dernières années du projet Fisac dont les causes ont été identifiées : un montant trop limité (20% des travaux, plafonnés à 10.000 euros), un périmètre trop restreint et une absence de répondant de la part des commerçants. La nouvelle convention 2005-2008 élargit donc le rayon d'action : les projets immobiliers mais aussi les investissements en matériel seront soutenus, jusqu'à 30% par la région, le Feder et la communauté urbaine de Strasbourg. La convention s'engouffre dans la brèche ouverte par la loi du 13 août 2004, qui autorise la communauté urbaine à accorder des aides directes à l'investissement productif.

Un seul dossier d'instruction pour le candidat

L'aide matérielle et immatérielle est regroupée dans un seul texte, ce qui implique un seul dossier d'instruction pour le candidat. La région fera aussi jouer ses instruments habituels lorsque la demande du commerçant/artisan pourra s'y insérer, comme la prime à la création d'emploi ou à l'aide à la reprise d'entreprise. "On retrouve une fois encore l'esprit Urban : tester ce qui n'existe pas", commente Olivier Bagarri. Le comité technique du PIC instruira les dossiers, "il lui appartiendra de déterminer ce qui entre dans le cadre de la convention : une nouvelle vitrine ? une réfection de toiture ? le rachat d'un fonds de commerce ? Il lui faudra examiner au cas par cas, au regard de l'objectif (développement du chiffre d'affaires) et de la réglementation", poursuit l'animateur strasbourgeois d'Urban, qui promet une instruction rapide et perçoit déjà des effets boule de neige entre commerçants.
L'initiative semble, en tout cas, répondre à une attente locale. Selon Christian Reb, le nouveau président de l'association des commerçants et artisans du quartier, "le potentiel de développement existe, l'envie souvent aussi et la municipalité fait son travail pour dégager les fonds en faveur du quartier. A nous de nous fédérer à présent. Sur 50 commerçants, seule une quinzaine adhère à l'association, on peut faire beaucoup mieux".

Christian Robischon / Innovapresse Strasbourg pour Localtis

"Un travail de couture fine"

Pascale Jurdant-Pfeiffer et Pascal Mangin, adjoints de quartier du Neuhof et de la Meinau, analysent l'apport d'Urban sur ces deux territoires.

L'enveloppe d'Urban est modeste. Le programme n'est-il dès lors pas éclipsé par les outils nationaux (ZFU, Anru) bien plus puissants financièrement ?

Pascal Mangin : Tout d'abord, le territoire d'Urban dépasse celui du Neuhof où se concentrent les moyens de la politique de la ville. Ensuite, le programme apporte la souplesse d'approche qui permet de mettre en oeuvre des initiatives innovantes : ce fut l'étude sur les horaires de garderie décalés ou la plate-forme de services, c'est aujourd'hui la convention d'aide aux commerçants pour leurs projets de rénovation. Urban forme l'exemple même d'un travail de couture fine à l'échelle de quartiers.

Le programme trouve-t-il ses relais locaux ?

Pascale Jurdant-Pfeiffer : Oui. Je pense à l'Anef (Association Neuhof emploi formation) qui a initié la formation linguistique pour le projet de VAE (validation des acquis par l'expérience) au bénéfice de salariés étrangers, après avoir été cheville ouvrière des cours de français pour les mamans. La permanence relais-emploi travaille avec l'ANPE et la mission locale. Nous opérons avec les associations d'insertion et les bailleurs sociaux et nous comptons beaucoup sur la relance de l'association de commerçants. Au total, Urban soutient 29 projets au Neuhof.

Quel sera le profil de la zone d'activités de la Klebsau ?

Pascale Jurdant-Pfeiffer : La zone n'a pas vocation à accueillir de l'industrie lourde, génératrice de gros flux de poids lourds. La priorité va aux petites entreprises environnantes : s'y implanteront par exemple un menuisier, une boulangerie industrielle, une entreprise de couverture, qui sont tous en phase d'extension et à la recherche de place.

Urban pour le développement économique

Les projets pour le développement économique se déclinent en soutien aux entreprises et actions en faveurs des futurs embauchés.

- Aide à l'investissement matériel et immobilier des commerçants-artisans et PME de moins de 20 salariés, plafonnée à 30% (avec contreparties région et communauté urbaine) ;
- Création de la zone d'activités de la Klebsau (3,1 hectares). Cinq implantations confirmées devant déboucher sur 50 créations d'emploi ;
- Valorisation des compétences acquises à l'étranger ;
- Actions préparatoires à l'embauche de jeunes demandeurs d'emploi en contrat par alternance ;
- Plate-forme de services : accueil de services (annexe de mairie, poste, cabinet médical) dans 390 m2 de rez-de-chaussée d'immeubles. Partenariat avec le bailleur social CUS Habitat ;
- Unité de formation au commerce : formation en alternance de jeunes du quartier, avec l'association Reforme, dans un local mis à disposition par CUS Habitat. Création d'une dizaine d'emplois ;
- Insertion professionnelle et NTIC pour les jeunes en grande difficulté ;
- Soutien au chantier d'insertion Trivalo pour la récupération et le tri des déchets. Création d'une dizaine d'emplois.

Aller plus loin sur le web :
 
Site de la communauté urbaine de Strasbourg : présentation d'Urban II.
 
Site d'Urban France : présentation de Strasbourg
http://www.urban-france.org/

 

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