TER Marseille-Nice : un premier opérateur privé sur les rails

Aboutissement d'un processus de mise en concurrence engagé dès 2018 par la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca), un premier TER privé, du groupe franco-allemand Transdev, a pris le départ ce 29 juin à 5h57, gare Saint-Charles, à Marseille, sur une ligne auparavant exploitée par la SNCF. Fort de rames neuves fabriquées par Alstom et d'une "organisation extrêmement décentralisée", Transdev promet 14 allers-retours quotidiens entre Marseille, Toulon et Nice : "Il y aura un train toutes les heures", avec même deux allers-retours supplémentaires le week-end, expliquait début juin Claude Steinmetz, président de Transdev Rail. Soit un doublement de l'offre actuelle de la SNCF, sur une ligne qui dessert neuf gares au total et représente 10% du trafic régional en nombre de trains. Le tout "à coût constant", assure de son côté Thierry Mallet, PDG de Transdev.

"Nous avions, ici, le plus mauvais service ferroviaire français : grosso modo, on avait 20% de trains en retard, 10% de trains supprimés et 20% de fraude", rappelle Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, la première en France à avoir opté pour la mise en concurrence des trafics ferroviaires régionaux rendue possible par le droit européen, et ce dès février 2018, avec un appel à manifestation d'intérêt. Appel qui allait aboutir, près de quatre ans plus tard, en octobre 2021, à la concession de deux de ses lignes jusque-là exploitées par la SNCF : la liaison Marseille-Nice, à Transdev donc, et le réseau Azur, autour de Nice, attribué, lui, à Sud Azur, filiale de la SNCF.

Transdev, dont le contrat de délégation de service public, estimé à quelque 800 millions d'euros, court sur dix ans, s'est engagé sur une régularité de 97,5%, "alors qu'on était (...) à 80% avant", poursuit Renaud Muselier, précisant que l'opérateur s'expose à des pénalités en cas de manquement.

Pour ce faire, l'entreprise franco-allemande mise sur une organisation similaire à celle qu'elle a déjà mise en place outre-Rhin, aux Pays-Bas, en Suède ou encore en Nouvelle-Zélande. "Des organisations extrêmement décentralisées", "pour nous, c'est ça le secret", explique Thierry Mallet, selon qui une équipe de 214 personnes sera "entièrement dédiée à cette ligne", tout comme le centre de maintenance flambant neuf créé à Nice. La flexibilité du personnel, avec des agents de maintenance pouvant être affectés à la conduite des trains notamment, et le matériel neuf, sont également invoqués par Transdev pour justifier l'amélioration de service promise.

Au lendemain du lancement des TER exploités par Transdev entre Marseille et Nice, les syndicats de cheminots ont voulu réitérer leur désaccord. "Cela fait des mois qu'on dénonce l'ouverture à la concurrence. Nous sommes favorables à une entreprise intégrée, pas une entreprise morcelée. Le fait de tout morceler, ce n'est pas bon pour le service public", a déclaré ce 30 juin à l'AFP François Tejedor, secrétaire général de la CGT cheminot Paca, syndicat majoritaire. "On ne le dit pas d'une manière dogmatique, puisque les Anglais sont en train de revenir en arrière, après des décennies d'ouverture à la concurrence désastreuses. Les Allemands se retrouvent dans de très grandes difficultés. Les Belges, contrairement aux préconisations de la Commission européenne, ont décidé de faire une attribution directe à l'opérateur historique", énumère-t-il. Pour lui, l'ouverture à la concurrence ne changera rien aux problèmes structurels de l'état du réseau.  "Ils sont partis dans une logique de PME du rail, à jouer chacun au petit chemin de fer. Sauf que le système ferroviaire, ce n'est pas ça, c'est un système intégré qui oblige à avoir des collaborations ou de la mutualisation", a expliqué de son côté Julien Troccaz, secrétaire fédéral de Sud Rail Paca, dénonçant "un vrai climat anxiogène" sur le site de Marseille "très bousculé par ces ouvertures, avec l'arrivée aussi de Trenitalia sur la ligne avec Paris".

 

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