Terrasses viticoles à l'abandon : les élus se mobilisent (26)

Territoire viticole, la communauté de communes du Val de Drôme a restauré 1,5 hectare de terrasses emblématiques d’une des communes adhérentes. Une initiative réalisée dans le cadre d’une opération de valorisation du patrimoine et du cépage. Un bail emphytéotique a été signé avec les propriétaires des parcelles.

"Il y a plus de 35 ans, dès les plans d’aménagement ruraux, la question de la réhabilitation des ‘terrasses du Brézème’, sur la commune de Livron dans la Drôme, avait été abordée. À la fin du XIXe siècle en effet, lorsque les vignes ont été décimées par le phylloxéra, les terrasses sur lesquelles une partie des vignes étaient plantées sont restées à l’abandon (voir encadré). Pourtant, les habitants sont profondément attachés à ce paysage", témoigne Jean Serret, président de la communauté de communes du Val de Drôme. Il faut néanmoins attendre 2001 pour que la communauté de communes, à la demande de Livron, lance une opération de réhabilitation de ces terrasses, dans le cadre d’une opération ambitieuse qui comprenait trois grands axes de travail : la reconstitution de chemins de randonnées et d’interprétation (sur la crête du coteau, concerné par la réhabilitation des terrasses), la reconnaissance des vignes en AOC Côte du Rhône, et le soutien au développement de la viticulture. Tout ceci avec la volonté de valoriser le patrimoine et le paysage du vieux Livron qui marquent l’entrée de la vallée de la Drôme.

Montage juridique adapté avec deux types de baux

Pour lancer la réhabilitation des anciennes terrasses viticoles, la communauté de communes délimite en 2001 une zone test de 1,5 hectare de terrasses, en choisissant les mieux structurées et les plus visibles, qui appartiennent à deux viticulteurs motivés. "Comme ces terres n’appartenaient pas à la collectivité locale, il a fallu trouver un montage juridique, qui a été conçu avec l’aide d’un avocat spécialiste des collectivités", explique le chargé de mission au sein du regroupement intercommunal, Hugues Vernier. Un bail emphytéotique de 18 ans est signé entre les deux propriétaires et la collectivité. Ce contrat a permis à cette dernière de réaliser et financer - en bénéficiant d’aides publiques- l’ensemble des travaux qui ont été conduits en 2001 et 2002 : reconstruction de murets de soutènement en pierres sèches et en gabions, reconstitution de pistes et de chemins d’accès et réalisation de systèmes d’évacuation des eaux.

La communauté de communes a pris à sa charge un quart du montant total des travaux, le restant ayant été remboursé par les propriétaires via la location de ces deux parcelles. Pour pouvoir effectuer à leur charge la plantation des vignes et les exploiter, les terres, les deux propriétaires concernés ont en effet contracté avec la communauté de commune, en plus du bail emphytéotique, un bail administratif de 10 ans. "Les vignes plantées en 2002 ont donné leurs premières récoltes dès 2005, et les sommes dues par les deux propriétaires (voir encadré financier) ont été remboursées plus rapidement que prévu. Dès la fin d’année 2013, la communauté de communes a pu mettre fin aux deux baux administratifs", poursuit le chargé de mission. Ces viticulteurs disposent désormais librement des terrasses et des vignes.

Valeur de l’exemple : d’autres propriétaires de terrasses replantent

Le pilotage des travaux de réhabilitation des terrasses ont occupé à mi-temps durant un an et demi un agent de la collectivité, qui a suivi les entreprises sollicitées par appels d’offres. Une partie des travaux a été réalisé à la main, notamment les murs de soutènement. "Au lieu de friches à l’abandon, nous avons désormais sous les yeux un coteau et de superbes terrasses qui ont suscité l’intérêt d’autres propriétaires et leur ont donné envie d’en faire autant : certains ont décidé de planter quelques hectares de vignes supplémentaires, sans aides publiques."
Le président de l’EPCI, Jean Serret, en est convaincu : "malgré les sommes importantes engagées dans cette opération, les habitants ne l’ont jamais contestée. Sans doute parce qu’elle fait écho à l’inconscient collectif et qu’elle est portée par un profond attachement et un ancrage populaire de ces terrasses dans l’histoire et la vie locale". Il précise également, que la motivation des élus de la collectivité a été primordiale.

Lucile Vilboux/magazine Village-L’Acteur Rural pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info



 

Eléments financiers
Le montant total des travaux - réalisés en 2001 et 2002 - s’est élevé à 2.482 millions de francs, dont 1.950 MF pris en charge par l’Europe, l’État et la Région. Au final, la communauté de communes a investi 132.000 francs, et les 400.000 francs restants ont été remboursés par les propriétaires qui les ont remboursés plus rapidement que prévu.

 

La vigne du terroir de Livron : une renaissance après les ravages du Phylloxéra
Avant l’apparition du Phylloxéra, la vigne du terroir de Livron était cultivée sur 266 ha (avec d’autres cultures), produisant plutôt un vin ordinaire. Le vignoble de qualité ne recouvrait qu’une vingtaine d’hectares sur le coteau abrité de Brézème, long de six kilomètres. Après la maladie, la reconstitution est partielle et très fragmentée, notamment sur le coteau en terrasses. Ces dernières qui demandent beaucoup d’entretien sont abandonnées jusqu’à l’opération de réhabilitation menée par la communauté de communes. Aujourd’hui, l’appellation d’origine contrôlée "Côte du Rhône /Brézème" couvre 70 hectares à Livron, dont 26 sont produits par cinq vignerons indépendants et trois producteurs en coopératives.

Communauté de communes Val de Drôme

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Jean Serret

Président

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Hugues Vernier

Chargé de mission

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