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Mobilité - Transports ferroviaires : l'Alsace veut garder une longueur d'avance

La région Alsace a signé ce 29 mars à Paris avec Réseau ferré de France (RFF) et la SNCF une charte de mandature et une convention de partenariat destinées à renforcer leur action commune en faveur du développement des transports ferroviaires.

En matière de transports ferroviaires, il y a bien une spécificité alsacienne. Pas seulement parce que la région est la seule en France où les trains roulent à droite, comme l'a rappelé ce 29 mars, en guise de boutade, Philippe Richert, ministre chargé des collectivités territoriales et président du conseil régional, mais aussi parce que l'Alsace fait depuis de nombreuses années déjà figure de pionnière pour son dynamisme ferroviaire. Elle a été l'une des premières régions à expérimenter dès 1997 la décentralisation des transports régionaux de voyageurs avant de signer en 2002, pour une durée de huit ans, la première convention entre une région et la SNCF.
Elle a aussi investi largement dans le ferroviaire, a souligné Philippe Richert. "A la fin de l'actuel contrat de projet Etat-région, nous aurons consacré 300 millions d'euros au réseau classique, 400 millions d'euros à la ligne à grande vitesse Rhin-Rhône, 20 millions d'euros pour rénover et équiper des gares, en garages à bicyclettes notamment, et 500 millions d'euros à l'acquisition de matériel roulant pour les TER", a énuméré le président du conseil régional, se félicitant des résultats obtenus. En dix ans, le nombre de trains circulant sur le réseau alsacien a doublé, passant de 330 à 740 trains par jour et le nombre de voyageurs transportés a triplé pour atteindre 75.000 voyages par jour. Le TER Alsace, dont la ligne principale relie à 200 km/h les trois grandes villes de la région (Strasbourg, Colmar et Mulhouse) et se prolonge jusqu'à Bâle, permet par exemple de se rendre de Strasbourg à Mulhouse en 50 minutes au lieu d'1h30 en voiture. La performance est au rendez-vous, estime aussi Philippe Richert. Le taux de régularité des trains (95%) est parmi l'un des trois meilleurs de France, "même avec 40% de circulation en plus que sur les autres lignes régionales", insiste-t-il.
En décembre dernier, la région a mis en place avec l'agglomération mulhousienne, la SNCF, RFF et d'autres partenaires le premier tram-train interconnecté de France entre Mulhouse et Thann qui propose un nouveau type de service de transport collectif pour les territoires périurbains. L'Alsace est aussi aux avant-postes pour la grande vitesse. Elle a été la première collectivité régionale à participer au financement  des LGV. Avec le TGV Est, ouvert en 2007,  et la mise en service le 11 décembre prochain du TGV Rhin-Rhône, première liaison TGV de province à province qui mettra Strasbourg à 3h40 de Lyon (soit 1h15 de moins qu'aujourd'hui), elle sera l'unique région en France à bénéficier de deux TGV.  

Innovations et modernisation du réseau

En signant le 29 mars à Paris deux nouvelles chartes avec la SNCF et RFF, la région entend continuer à innover pour améliorer son offre de services ferroviaires. L'un des grands enjeux  sera d'accompagner la montée en puissance progressive du TGV Rhin-Rhône et de préparer son articulation avec le réseau TER. Au-delà du périmètre transport, la SNCF s'engage aussi sur le volet sûreté, en renforçant l'équipement en vidéo protection dans les TER et dans les gares de Strasbourg et de Mulhouse, et en s'efforçant de limiter la durée d'interruption des circulations ferroviaires en cas d'accident de personnes. Des programmes prévisionnels d'investissement sont aussi prévus pour les gares régionales, ainsi que des études en vue du développement d'un pôle d'échanges multimodal en gare de Strasbourg. La SNCF s'engage également à lutter contre l'errance dans les gares et à leurs abords en proposant aux personnes en situation d'exclusion des contrats d'insertion et un suivi personnalisé. Dans le cadre de sa Fondation, elle mène aussi des actions de soutien aux jeunes en difficulté.
Entre RFF et la région, les engagements réciproques portent sur des échanges d'informations concernant la régularité des circulations, le renforcement de la concertation sur la planification des travaux et leurs impacts, les réflexions sur les perspectives d'évolution du réseau ferré régional. Les investissements sur le réseau ferré classique vont se poursuivre (80 millions d'euros en 2001) pour fluidifier les circulations et améliorer les dessertes et l'achèvement de la modernisation des gares est également programmé (les deux tiers des travaux ont déjà été réalisés). La région continue aussi à oeuvrer à la mise en place d'une progressive d'une tarification unification, valable sur tous les transports alsaciens.
Quant à la perspective  de l'ouverture à la concurrence des TER, Philippe Richert affirme être favorable à l'expérimentation. Lors de la précédente mandature, le conseil régional alors présidé par Adrien Zeller, avait voté une délibération en ce sens. "La question est toujours d'actualité car il faut se garder d'une entrée en masse, a-t-il déclaré. La voie mérite d'être explorée le moment venu."