Un Ehpad intercommunautaire réparti sur deux communes (12)

Au sud de l’Aveyron, sur un territoire peu dense et éloigné des centres urbains, deux intercommunalités se sont unies pour ouvrir en 2011 une maison de retraite commune. L’établissement d’hébergement compte deux petites unités à taille humaine réparties sur deux communes. Une offre qui fait ses preuves en termes de qualité d’accueil et de lien social malgré un surcoût financier.

Au début des années 2000, les élus de Belmont-sur-Rance (Aveyron, 5 communes, 1.910 habitants), et l’association Le Sherpa, gestionnaire d’une maison de retraite sur la commune, lancent une réflexion en vue de remplacer la résidence existante qui devenait obsolète. Dans la commune voisine de Camarès à 20 minutes, des habitants se mobilisent également pour la création d'une maison de retraite.
Les deux projets fusionnent début 2002 et les élus des deux communautés de communes (Pays belmontais d’une part, Rougier de Camarès d’autre part) rejoignent le conseil d'administration de l’association en vue de créer un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) intercommunautaire.

Deux sites, un syndicat mixte intercommunautaire, une gestion associative

Etablissement unique, l’Ehpad se compose de deux sites implantés au cœur du bourg centre de chaque intercommunalité. Chaque site est doté d’une capacité d’accueil identique : 35 places d'hébergement permanent, auxquels s’ajoutent 1 place d'hébergement temporaire et 1 place d'accueil de jour.
Un syndicat mixte intercommunautaire - composé à parité d’élus de chaque communauté - a été créé pour porter le projet du nouvel établissement (voir éléments financiers en fin de texte).
Six années sont nécessaires pour finaliser la conception du projet. Un délai qui s’explique aussi par la difficulté pour obtenir l'ensemble des autorisations et garanties financières. "Le département de l'Aveyron était bien doté en moyenne et ne figurait pas dans les priorités. Nous avons dû justifier et argumenter", indique la maire de Belmont-sur-Rance et présidente du syndicat mixte intercommunautaire, Monique Aliès.
Dans la continuité de l’établissement précédent, l’association Le Sherpa est chargée de la gestion quotidienne du nouvel Ehpad et de la rédaction de son projet d’établissement.

Projet d’établissement facilitant l’accueil de résidents atteints de troubles Alzeimer

"L’agence régionale de santé a été convaincue par la dimension innovante du projet : des lieux à taille humaine, un projet fondé sur les thérapies comportementales plutôt que la médication et un accueil mixte de personnes âgées classiques ou diagnostiquées type Alzeimer", souligne la directrice de l'Ehpad, Anne-Claire Solier.
Les deux bâtiments du nouvel Ehpad ouvrent leurs portes en janvier 2011. Conçus selon un principe circulaire, les locaux de plain-pied permettent la déambulation des résidents en toute sécurité, les jardins sont en libre accès et sécurisés : des qualités essentielle quand 70% des résidents actuels sont atteints de troubles apparentés Alzeimer. "La configuration des locaux et leur taille à l'échelle humaine facilitent le vivre-ensemble. Il y a dans nos établissements très peu de conflits entre résidents", souligne la directrice.

Malgré ces surcoûts, le projet convainc par sa capacité à animer le territoire

Le principe de deux unités génère des surcoûts : celui lié à la construction a été assumé par les EPCI (voir en fin de texte). Le surcoût de fonctionnement, estimé entre 10 et 15%, est jusqu’à aujourd'hui, en 2016, pris en charge par l'ARS sur des crédits reconductibles d'année en année.

Le projet convainc par sa capacité à animer le territoire. Les deux unités fonctionnent en lien étroit avec les activités associatives ou scolaires proposées dans les communes. "Certains anciens font un tour à l’Ehpad chaque jour : il fait office de club de retraités ouvert", souligne l'élue. En outre, sur un territoire comptant moins de 10 habitants au km2, "ces équipements contribuent aussi à notre attractivité", insiste l'élue. Les emplois proposés fixent des populations jeunes et, par ricochet, maintiennent commerces et écoles.

Le 1er janvier 2017, les communautés de communes du Pays belmontais et du Rougier de Camarès fusionneront avec celle du Pays saint-serninois. Le syndicat mixte sera dissous et l’Ehpad entrera au patrimoine de la nouvelle communauté de communes. Des réflexions sont en cours pour diversifier l’offre d’accueil des personnes âgées.

Éléments financiers
Le budget d’investissement pour la réalisation de l'Ehpad Le Sherpa s’élève à 6,7 millions d'euros. Le syndicat intercommunautaire a bénéficié de subventions à hauteur de 10% : conseil départemental de l'Aveyron, caisses de retraites et Ademe et de prêts à taux zéro à hauteur de 23 % : conseil départemental, Cram, RSI, MSA…
Les deux communautés de communes ont également apporté une subvention de 560.000 euros, la moitié chacune. Le solde à charge du syndicat mixte a été financé par emprunt et le loyer payé par l’association couvre les deux tiers des remboursements. Chaque communauté de communes apporte donc une participation annuelle de l'ordre de 80.000 euros, dégressive au fil des 25 années d'emprunt.

Claire Lelong pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info

Syndicat mixte intercommunautaire du Rougier de Camarès et du Pays belmontais

Nombre d'habitants :

4654

Nombre de communes :

16
Mairie
12370 Belmont-sur-Rance

Monique Aliès

Présidente

Association Le Sherpa

Route de Camarès
12370 Belmont-sur-Rance

Anne-Claire Solier

Directrice de l'Ehpad

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