"Un permis pour travailler" : c'est le pari réussi de l'auto-école créée par la mission locale du Pays royannais

Le Relais de conduite de la mission locale de la communauté d'agglomération du Pays royannais (Charente-Maritime) est une auto-école agréée particulière, à l'objectif social. Elle accueille des jeunes ou des demandeurs d'emploi au RMI pour qui le permis de conduire s'avère une clé dans le parcours professionnel. Elle offre par ailleurs une méthode d'apprentissage adaptée pour les personnes en situation d'illettrisme, déjouant un autre obstacle majeur d'accès au code de la route. Les bilans démontrent que l'expérience tient toutes ses promesses.

"Je ne me rendais pas compte de la nécessité du permis pour avoir un emploi. Depuis un an que je préside la mission locale, je constate que les gens sans permis sont terriblement handicapés pour trouver, garder ou évoluer dans un emploi", reconnaît Michel Priouzeau, vice-président de la communauté d'agglomération du Pays royannais. "Il y a un lien direct entre permis et insertion professionnelle, sortie du chômage ou du RMI", insiste Danièle Coudert, directrice de la mission locale du Pays royannais. Cela avait été l'hypothèse de départ pour que les élus soutiennent la création par la mission locale du Relais de conduite du pays royannais, fin 2003. "L'enjeu vise à favoriser l'accès à l'emploi de jeunes et de bénéficiaires du RMI qui, pour des raisons financières mais aussi de précarité culturelle, auraient de grandes difficultés à obtenir le permis B dans le circuit classique marchand", reprend Michel Priouzeau. La sélection des candidats répond à ce principe. "Nous acceptons ceux qui sont proches de l'emploi et pour lesquels l'obtention du permis est déterminante", souligne Danièle Coudert. Les candidats sont repérés et présentés par les assistantes sociale de la direction territoriale de l'action sociale ou les conseillers de la mission locale.

Lever les freins financiers et de maîtrise du français

Alors que le coût moyen d'un permis est estimé à 1.500 euros, les élèves du Relais de conduite n'ont à acquitter que 40 euros de droits d'inscription.
Second obstacle : l'examen du code de la route. "Pour des personnes qui ne pratiquent pas bien la lecture et l'écrit - ce qui est le cas de nombre de nos élèves - obtenir le code ressemble à une vraie galère car c'est aussi un examen de compréhension du français. Il fallait pouvoir s'appuyer sur une pédagogie différente des auto-écoles classiques et offrir à ces publics le temps nécessaire", explique Danièle Coudert. Cet obstacle avait été un élément décisif pour justifier la création ex nihilo d'une auto-école plutôt que de contractualiser avec une auto-école du secteur marchand. "Nos deux moniteurs (salarié de la mission locale) sont déconnectés de l'urgence de résultats", ajoute Danièle Coudert.

Partenariat avec le conseil général

Le Relais a obtenu un agrément d'auto-école associative auprès de la préfecture, en vertu de l'arrêté du 8 janvier 2001 du ministère de l'Equipement. Celui-ci définit certains critères, garantissant que le service n'est pas concurrentiel avec le secteur privé et notamment le statut associatif (en l'occurrence celui de la mission locale), une attestation de service public (mission de fait pour une mission locale), un public ciblé, etc.
Le Relais a une capacité d'accueil de 60 élèves par an, à part égale entre les jeunes de moins de 25 ans (public mission locale) et des bénéficiaires du RMI. Une convention a été conclue avec le conseil général à cet effet. Outre ce financement, le Relais a bénéficié du soutien du conseil régional en 2004 et 2005 (soutien au lancement d'initiatives), de l'Etat (direction du travail et droits des femmes), ainsi que de partenaires privés (Institut pour la ville en Mouvement (Peugeot-Citroën), fondation Adecco et Caisse d'Épargne). Pour 2006, le Fonds d'aide pour l'insertion professionnelle des jeunes (Etat) devrait se substituer à l'aide de la région. La communauté d'agglomération devrait ouvrir une nouvelle ligne de crédit identifiée pour cette action dans son budget (30.000 euros). Le budget annuel du Relais est de 105.000 euros.

Retour à l'emploi

"Les incidences du permis sont immédiates et se mesurent aussi bien sur le plan professionnel que personnel", analyse Michel Priouzeau qui cite l'exemple de ce jeune maçon qui était auparavant tributaire de sa mère pour l'amener à son travail et qui a depuis gagné en indépendance. "Un jeune a pu dans le même temps passer un CAP de cariste et aussitôt le permis, signer un CDI", cite encore Danièle Coudert. Pour une femme de ménage, sa mobilité s'est traduite par une évolution de ses heures de ménage de 20 à 30 heures. Pour d'autres, le permis équivaut à la fin de trajets de 20 à 60 km en mobylette ou d'une heure à pied tous les matins ! "La mobilité physique qu'ils retrouvent les aide à se projeter sur une mobilité géographique qui permet d'étendre la zone de prospection pour un emploi", ajoute Danièle Coudert.
Le Relais de conduite du Pays royannais affiche un pourcentage de réussite à la première présentation au permis de 65% et au code de la route, de 73%. Des résultats fièrement présentés par Michel Priouzeau. Depuis sa création, 101 personnes ont suivi ou suivent ses cours de code et de conduite Soit 54 élèves en 2004, 57 en 2005. Sur le total, plus de la moitié a obtenu le permis (55), 17 ont décroché le code et sont en attente de permis et 29 sont en attente de code.
L'impact sur le retour à l'emploi est avéré, comme l'illustrent les deux dernières enquêtes. En juin 2005, 29 des 33 nouveaux conducteurs travaillaient. En octobre 2005, sur 41 lauréats, 26 avaient un emploi. Et sur 21 personnes au RMI, 5 avaient pu sortir "définitivement" du RMI et 6 avaient retrouvé un emploi, préalable à la sortie à terme du RMI...

"Le relais a un coût que la société récupère vite car ces personnes retrouvent un emploi, sortent du RMI et gagnent en autonomie",  conclut Michel Priouzeau.

Mission locale du Pays Royannais

69 rue Paul Doumer
17200 Royan

Danièle Coudert

Directrice

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