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Culture - Un plan d'actions et douze millions d'euros pour le spectacle vivant

Frédéric Mitterrand n'est pas venu les mains vides, le 8 juillet, lors de la traditionnelle visite des ministres de la Culture au Festival d'Avignon. Après avoir visité la veille le village du "off" et assisté à une représentation dans la cour d'honneur du Palais des Papes, il a en effet présenté un "plan d'actions pour le spectacle vivant". Curieusement, cette présentation intervient sans attendre les conclusions de la mission que le ministre de la Culture a confiée, il y a trois semaines, à Jean-Louis Martinelli, Adrien-Hervé Metzger et Bernard Murat, sur le financement du spectacle vivant (voir notre article ci-contre du 15 juin 2011).

Quatre objectifs et dix mesures

Le plan d'actions fixe quatre objectifs prioritaires. Le premier consiste à développer le soutien au secteur indépendant et à assurer "un meilleur accompagnement de l'émergence artistique". Le second vise la poursuite de la structuration de l'emploi artistique, grâce en particulier à la création de troupes permanentes au sein des centres dramatiques et chorégraphiques nationaux. Le troisième objectif entend "accroître l'irrigation des territoires et l'élargissement des publics", grâce notamment à la mise en œuvre d'une politique d'itinérance et de reprises et à la relance du nombre d'établissements labellisés au titre des scènes de musiques actuelles (Smac). Enfin, le plan d'actions ambitionne de consolider la présence européenne et internationale, grâce à la création de plusieurs bureaux spécialisés à l'étranger et à la constitution de pôles européens de production.
Ces différents axes se matérialisent dans un plan d'actions comprenant dix mesures et doté de 12 millions d'euros. Certaines annonces sont un peu recyclées - l'engagement sur un plancher de participation de l'Etat au financement des scènes nationales à hauteur de 500.000 euros figurait déjà dans une circulaire du 31 août 2010 -, et d'autres consistent plutôt à conforter les financements de dispositifs existants. Certaines mesures sont en revanche plus originales. C'est notamment le cas de la création d'un fonds de soutien à l'émergence et à l'innovation (1,5 million d'euros sur trois ans) ou de la constitution - à titre expérimental - de troupes permanentes par des directeurs volontaires de centres dramatiques ou chorégraphiques.

La fréquentation du spectacle vivant en hausse de 10% sur trois ans

Face au discours récurrent sur les difficultés du spectacle vivant - qui serait touché à la fois par le recul du mécénat culturel et la baisse des subventions des collectivités (notamment les départements) - le ministre de la Culture a profité de la présentation du plan pour faire un point sur l'état des lieux de ce secteur sensible. Il a ainsi rappelé que, sur les trois dernières saisons (de 2007 à 2010), la fréquentation de l'ensemble des lieux de spectacle vivant - théâtre privé compris - a progressé de 10%, passant de 28,9 à 31,7 millions de spectateurs annuels. Sur la même période, le nombre de représentations a progressé de 5%, passant de 72.801 à 76.749.
Cette hausse généralisée connaît toutefois des variations importantes selon les secteurs. Ainsi, la fréquentation du secteur public du spectacle vivant (théâtres et opéras nationaux, grands établissements publics de diffusion, centres dramatiques et scènes nationales...) a augmenté de 3%, avec 6,4 millions de spectateurs pour la saison 2009/2010, contre 6,2 millions en 2007/2008. Pour leur part, les 40 festivals subventionnés par le ministère de la Culture ont progressé de 6%, passant de 2,5 millions de spectateurs à plus de 2,6 millions. Enfin, la fréquentation des structures bénéficiant de la taxe gérée par le Centre national des variétés (spectacles de variétés, festivals et tournées, salles Zénith...) a connu une forte hausse de 14%, passant de 17 à 19,4 millions de spectateurs, soit un gain de près de 2,5 millions d'entrées en trois saisons.
L'augmentation globale du nombre de représentations recouvre, elle aussi, des écarts sectoriels : +2% pour le secteur des variétés et des musiques actuelles (ce qui, au regard de la progression du nombre de spectateurs, correspond à une forte hausse du nombre d'entrées moyen par spectacle), +5% pour le réseau public du spectacle vivant, +14% pour les théâtres privés... Dans la même période, les financements publics à l'ensemble des opérateurs du secteur subventionné se sont accrus de 1,6%, passant de 608 à 618 millions d'euros. Le ministère en tire la conclusion que "le gain de productivité du secteur est donc très perceptible si l'on rapproche cette hausse de celle de la fréquentation".
Si ces chiffres corroborent ceux d'autres sources (voir nos articles ci-contre des 21 avril et 13 septembre 2010), le milieu du spectacle vivant ne semble pourtant pas avoir été pleinement convaincu. En dépit de l'annonce de la préservation du régime des intermittents jusqu'au 31 décembre 2013, le ministre de la Culture a ainsi été chahuté et interpellé sur le sort des intermittents avant la représentation dans la cour d'honneur, tandis qu'un appel à la grève était lancé pour le 14 juillet. Philosophe, il a indiqué le lendemain, lors de la présentation du plan d'actions, qu'il est "là pour [se] faire engueuler pour une raison très simple qui est qu'il n'y aurait pas de spectacle vivant sans le ministère et qu'il n'y aurait pas de ministère sans spectacle vivant".

 

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