Un premier bilan du dispositif Prépa apprentissage

La direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du Travail (Dares) a publié durant l’été un bilan du dispositif Prépa apprentissage initié en 2018 dans le cadre du Plan d’investissement dans les compétences. 144 projets ont été financés avec le soutien de la Caisse des Dépôts entre 2019 et 2021.

En proposant dès 2018 la mise en œuvre d'un parcours d'accompagnement spécifique à destination des jeunes les plus vulnérables, le gouvernement affichait alors l'ambition d'accompagner 75.000 jeunes avec un budget prévisionnel de 260 millions d'euros. Au terme de quatre ans de déploiement de ce dispositif mis en œuvre dans le cadre du Plan d'investissement dans les compétences (PIC), 61.000 bénéficiaires ont été répertoriés entre 2019 et 2021. Un résultat en dessous des objectifs mais avec "une montée en charge" notable à partir de 2020 (16.000 entrées contre seulement 6.500 en 2019), souligne la Dares dans une étude publiée début août.

Une majorité de mineurs parmi les bénéficiaires

Si les jeunes de moins de 30 ans sans emploi, sans formation et avec un niveau de diplôme inférieur au bac, résidant soit dans un quartier prioritaire de la ville (QPV) ou dans une zone de revitalisation rurale (ZRR) étaient prioritairement ciblés, la majorité des bénéficiaires se trouvent être des mineurs (51% des entrées entre 2019 et 2022). Néanmoins, relève l'étude, "comme pour les contrats d'apprentissage conclus depuis la réforme de 2018, le public cible de Prépa apprentissage s'élargit : entre 2019 et 2022, la part des jeunes de 18 ans ou plus augmente de 13 points et la part des diplômés de niveau baccalauréat ou plus augmente de 7 points". Les femmes sont elles aussi de plus en plus nombreuses à entrer dans ce parcours d'accompagnement (35% des bénéficiaires en 2022) et sont en moyenne plus âgées et plus diplômées. S'agissant des personnes handicapées, elles ont représenté 6% des entrées en 2022. Les résidents des QPV, 21%, et ceux des ZRR, 10%.

"Le lien avec le milieu scolaire n'a pas fonctionné comme il se doit"

À travers les évaluations qualitatives réalisées par les cabinets Amnyos et Orseu-Itinere dans les 14 régions métropolitaines ainsi qu'en Guyane, Martinique, Guadeloupe et à la Réunion, la Dares reconnaît que le vivier de jeunes susceptibles de bénéficier du programme a été "surestimé". Elle pointe la question du "sourcing", avec une propension générale à communiquer auprès des jeunes et des prescripteurs habituels tels que Pôle emploi ou encore les missions locales. Les rapporteurs de l'étude regrettent globalement que "le lien avec le milieu scolaire n'ait pas fonctionné comme il se doit", citant les réseaux de lutte contre le décrochage scolaire de l'Éducation nationale "qui n'ont pas figuré parmi les partenaires réguliers des porteurs de projets". Des porteurs de projets confrontés dans le même temps à une concurrence de dispositifs préexistant à l'échelle locale, notamment ceux financés par les régions dans le cadre de leurs plans régionaux de formation (PRF).

"Sas d'orientation" ou "sas d'entrée"

S'agissant de la nature des projets évalués (une quarantaine sur les 144 enregistrés), l'étude relève deux logiques : une logique de "sas d'orientation", généraliste et qui s'appuie sur les acteurs traditionnels de l'alternance ; et une logique de "sas d'entrée" qui vise à faciliter l'accès à un CFA particulier, voire une filière spécifique. Elle déplore dans le même temps que "les tentatives de composition de parcours à la carte, voire de modularisation des parcours ont été assez peu nombreuses". L'individualisation des parcours reposant alors essentiellement "sur la relation au stagiaire et la personnalisation des apports du formateur".
Au final, près de 54.000 jeunes sont sortis du parcours Prépa apprentissage entre 2019 et 2022 et près des deux tiers (33.000) ont achevé le programme avec pour 44% d'entre eux un débouché dans l'alternance.