Un rapport parlementaire chiffre les coûts et les premières retombées de Paris 2024
Un rapport du député Benjamin Dirx détaille les dépenses de l'État dans le cadre des Jeux olympiques de Paris 2024. Il en chiffre également les premières retombées économiques et sociales, soit 7,1 milliards d'euros pour l'Île-de-France.

© Capture vidéo Assemblée nationale/ Benjamin Dirx
Les rapports sur les dépenses publiques occasionnées par les Jeux olympiques de Pars 2024 se suivent et, s'ils se ressemblent beaucoup, chacun apporte son point de vue complémentaire. Quelques jours après un premier rapport de la Cour des comptes qui comptabilisait six milliards d'euros – a minima – d'argent public dans l'organisation et les infrastructures des Jeux (lire notre article du 23 juin), c'est au tour du député Benjamin Dirx de faire ses comptes. Si son rapport porte sur l'impact budgétaire de Paris 2024, il réduit celui-ci aux seules dépenses de l'État, sans revenir sur les investissements des collectivités. En revanche, il entreprend de chiffrer les retombées économiques et sociales des Jeux.
Avant toute chose Benjamin Dirx prévient : son "analyse budgétaire [se trouve] confrontée à de fortes limites méthodologiques". La première tient "à la définition de ce qui relève d'une dépense véritablement exceptionnelle, engagée spécifiquement en raison de la tenue des Jeux en France". La seconde pointe les dépenses "qui relèvent de politiques publiques préexistantes, mais dont la mise en œuvre a été intensifiée ou avancée en raison des Jeux". Une méthode assez semblable à celle retenue par la Cour des comptes.
Des différences avec le décompte de la Cour des comptes
Ceci posé, Benjamin Dirx évalue le coût global des Jeux pour l'État à 3,67 milliards d'euros. Près de la moitié de cette somme – 1,69 milliard – est imputable aux dépenses de sécurité. On note ici une différence avec l'estimation de la Cour des comptes (1,37 milliard à la charge de l'État).
La deuxième dépense par ordre d'importance correspond aux 1,11 millions d'euros de subventions versées à la Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques) pour la construction des 70 ouvrages olympiques nécessaires à l'organisation des Jeux. Une analyse partagée sans surprise par la Cour des comptes pour ce programme dont les subventions ont été fléchées par les lois de finances successives depuis 2018. Il en va de même pour les 157,8 millions d'euros de subventions de l'État au comité d'organisation (Cojop).
Les dépenses de transports directement liées à l'organisation des Jeux sont, pour leur part, chiffrées à 163,5 millions d'euros. Elles correspondent au "coût des aménagements du réseau de transport rendus nécessaires par la tenue des Jeux"... même si le rapporteur précise qu'"il est impossible d'isoler précisément le surcoût réel supporté par l'État pour [ces] dépenses exceptionnelles". De son côté, la Cour des comptes n'avait pas distingué, en matière de transports, ce qui relevait de l'État de ce qui était à la charge des opérateurs.
Quand les Jeux ont un "effet d'entraînement" sur les dépenses de l'État
Les dépenses engagées par l'État pour assurer la bonne organisation des Jeux (hors Cojop) se sont élevées à environ 84,3 millions d'euros. Elles regroupent notamment les frais de candidature, l'aménagement du Stade de France, les exonérations fiscales consenties à l'organisateur (un point non chiffré par la Cour des comptes en raison du manque d'information en provenance de l'administration fiscale).
Le député met ensuite en avant les 271 millions d'euros versés au titre des "effets d'entraînement des Jeux sur les dépenses de l'État", même si, là encore, cela reste "difficile à cerner". Il les cerne tout de même en y incluant les dépenses liées à l'accélération de projets devenus indispensables en raison de la tenue des Jeux, les dotations aux collectivités territoriales pour des projets en lien avec les Jeux et les politiques publiques spécifiquement mises en œuvre en vue de l'évènement, soit 271 millions d'euros au total, dont 199,9 millions au titre du plan Baignade, comme la Cour des comptes.
Enfin, Benjamin Dirx estime à 114,7 millions d'euros les moyens de l'État consacrés au sport de haut niveau – contre 80,3 millions "affectés à la performance des athlètes français" du côté de la Cour des comptes – et à 82,6 millions ceux alloués, toujours dans le cadre de la tenue des Jeux, au développement du sport pour tous et à la promotion des Jeux dans les territoires (soutien au label Terre de Jeux, Olympiade culturelle, billetterie "populaire", etc.).
Des retombées importantes pour l'Île-de-France
Reste la nouveauté de ce rapport – puisque, de son côté, la Cour des comptes ne publiera son analyse ad hoc qu'en 2026 : un premier chiffrage des retombées des Jeux. Paris 2024 ayant attiré 4,2 millions de visiteurs spécifiques, Benjamin Dirx en déduit que les dépenses touristiques induites ont généré 191 millions d'euros de recettes fiscales supplémentaires pour l'État et les collectivités.
Plus largement, sur la période de préparation et de déroulement des Jeux, soit de 2018 à 2024, l'évènement a engendré un impact économique total de 7,1 milliards d'euros pour la région Île-de-France. Cet impact provenant du secteur de la construction (investissements dans les infrastructures olympiques au sens large dont les chantiers ont mobilisé en moyenne 13.500 emplois en équivalent temps plein par an), des frais de l'organisateur (88% de son budget a été dépensé auprès de prestataires et de fournisseurs français) et du tourisme. Autre précision apportée par Benjamin Dirx : "la dynamique économique générée par les Jeux a surtout profité aux territoires qui les ont accueillis, en particulier ceux nécessitant un effet de rattrapage, comme la Seine-Saint-Denis."
Enfin, le rapporteur se félicite de "retombées sociales durables", citant les 96,5% de demandeurs d'emploi recrutés pour les Jeux toujours en activité après l'événement. Mais aussi l'"impact majeur sur le développement du sport et des territoires", que ce soit à travers la réutilisation des équipements olympiques ou la hausse de 7% du nombre de licenciés dans plus de la moitié des fédérations sportives.
Malgré cette réussite, Benjamin Dirx estime que l'héritage des Jeux "demeure à consolider". Parmi ses préconisations, on note la volonté de confier à un organisme international indépendant l'évaluation du coût et des retombées économiques des grands évènements sportifs internationaux, ou celle visant à élaborer une méthodologie permettant d'identifier et de retracer les effets d'entraînement des Jeux sur les dépenses de l'État.