Une école de conseillers en insertion pour répondre aux besoins de la Seine-Saint-Denis
Un consortium de structures d’insertion par l'activité économique a ouvert une école de conseillers en insertion professionnelle en Seine-Saint-Denis. Cette formation en alternance permet notamment de répondre aux besoins des nouvelles "agences locales d'insertion", tout juste créées par le département pour améliorer le retour à l’emploi des bénéficiaires du RSA.
L’objectif de retour au plein emploi exige des renforts en matière d’accompagnement des personnes en difficulté. C’est dans cette optique qu’un consortium de structures d’insertion par l’activité économique a créé l’"École CIP", comme "conseiller en insertion professionnelle". Basée à Pantin (Seine-Saint-Denis), cette formation vient d’être présentée jeudi 5 janvier, en compagnie du président du conseil départemental, Stéphane Troussel.
Cette initiative n’est pas un cas unique : la baisse du chômage et le soutien du gouvernement aux dispositifs d’insertion a également conduit le groupe Adecco et son réseau spécialisé dans l’insertion à créer un CFA des métiers de l’inclusion (lire notre article). Le réseau Coorace, qui réunit des chantiers d’insertion et des associations intermédiaires, va aussi ouvrir en février prochain une nouvelle formation visant à obtenir ce même titre professionnel, délivré par le ministère du Travail.
Une école au service de la politique d’insertion de la Seine-Saint-Denis
L’école CIP, qui accueille une première promotion de 12 alternants depuis l’automne dernier, vise ainsi à répondre aux besoins en recrutement des structures par l’insertion économique composant le consortium (Ares, Vitamine T, Croix-Rouge Insertion, Les Relais solidaires). Mais aussi et surtout à renforcer la politique d’insertion du département, en pleine rénovation (lire notre article) depuis l’accord de renationalisation du RSA conclu avec l’Etat.
“La Seine-Saint-Denis est dans un moment particulier, de très grande transformation, avec des chantiers un peu partout”, rappelle Stéphane Troussel. Au-delà des emplois directs liés aux grands projets, il parie sur le fait que les nouvelles connexions en transports ouvertes par le Grand Paris express vont ouvrir de nouvelles opportunités de mobilité pour les séquano-dionysiens. Par conséquent, en matière de lutte contre le chômage, “il ne peut pas y avoir de fatalité”, souligne-t-il. Ce qui conduit à orienter davantage les services d'accompagnement du département vers l’accès à l’emploi, au-delà des autres problématiques sociales rencontrées par les bénéficiaires du RSA.
L’école des CIP visera ainsi à apporter des renforts aux circonscriptions de service social du département, qui compteront au total une soixantaine de conseillers en insertion sociale et professionnelle venant en appui aux travailleurs sociaux chargés du suivi des publics les plus en difficulté. La formation viendra aussi alimenter les effectifs des 22 “agences locales d’insertion” qui vont se déployer sur le territoire à partir de janvier 2023, et qui seront justement pilotées, dans certains cas, par les SIAE membres du consortium de l’École CIP, comme Ares ou Vitamine T.
Pour ces structures de l’économie sociale et solidaire, il s’agit d’une nouvelle mission car elles se substitueront, alors, dans certains territoires, aux "projets insertion emploi", qui étaient jusqu’ici chargés de l’accompagnement d’une grosse moitié des bénéficiaires du RSA du territoire. Avec des conseillers qui relevaient des communes, rémunérés en grande partie par le département. Ces structures de proximité ont fini par être jugées trop peu efficaces et éloignées du monde de l’entreprise.
Cultiver la fibre sociale
Compte-tenu du contexte spécifique au territoire de la Seine-Saint-Denis, la priorité de l’école des CIP est donc de former des conseillers maîtrisant les enjeux d’insertion professionnelle, mais tout en gardant une forte fibre sociale. “L’accompagnement des publics spécifiques [bénéficiaires du RSA, travailleurs handicapés, jeunes, seniors, primo-arrivants…], n’est pas forcément étudié dans les formations de CIP”, remarque Nawal Makhfi, la responsable de Relais formation, l’organisme qui organise les sessions au bénéfice du consortium.