Une maison de la solidarité, moins stigmatisante pour le public, plus propice au partenariat et à l'efficacité de la politique sociale

A Tulle, en plein centre-ville, la maison de la solidarité a ouvert en 2003, à l'initiative du centre communal d'action sociale (CCAS). Le déménagement du CCAS dans des locaux plus vastes a non seulement permis d'améliorer l'accueil du public, mais a également été l'occasion de rapprocher dans un même bâtiment plusieurs acteurs intervenant sur un large champ social (mission locale, CAF...) et de renforcer ainsi la coordination entre ces différents partenaires, au bénéfice des usagers.

"Avant 2003, le CCAS était installé dans des locaux inadaptés, petits et vétustes, qui ne permettaient plus d'assurer dans de bonnes conditions un service public de qualité", se souvient Michelle Peyraud, directrice du CCAS de Tulle. "Les travailleurs sociaux recevaient les personnes en difficulté dans des bureaux attenants à la salle d'attente, sans confidentialité, tandis que l'espace d'accueil, où étaient délivrées les aides, avait des allures de salle des miracles", détaille-t-elle. Un bâtiment situé en centre-ville, le "centre 19000", une bâtisse de trois étages en voie de déshérence commerciale, représentait l'occasion idéale d'offrir au CCAS des locaux plus vastes et accessibles. Le troisième étage était vide, il offrait une surface telle qu'il pouvait être envisagé d'y installer dans le même temps les archives municipales, également à l'étroit en mairie, et d'inviter d'autres acteurs sociaux à se rapprocher physiquement. "Le CCAS a un rôle de coordination de l'action sociale sur son territoire. Ce bâtiment rendait possible la réunion de plusieurs structures en un même lieu et ainsi de donner une réelle impulsion à l'animation d'un réseau de développement social", ajoute la directrice.

Un accueil pluridisciplinaire des usagers

"Nous avons organisé une réunion pour présenter ce projet à certains partenaires dont nous savions qu'ils souffraient également de manque de place", précise Janine Picard, adjointe au maire en charge des affaires sociales et vice-présidente du CCAS. La CAF de la Corrèze, la mission locale (chargée de l'insertion des jeunes), Cap Emploi EPSR (pour l'insertion des travailleurs handicapés) et le centre de guidance infantile (service de prévention psychiatro juvénile du Centre hospitalier de Brive) adhérent au projet. "Nous travaillions déjà avec eux mais le rapprochement physique nous permettait d'envisager de conforter la concertation au bénéfice des personnes suivies en complétant nos interventions", souligne Janine Picard.
A l'issue d'une opération immobilière complexe conduite par la direction générale de services de la mairie et le service urbanisme (le bâtiment était en copropriété), la mairie a racheté les mètres carrés nécessaires au CCAS  et aux archives municipales au troisième étage.
Après des travaux de réhabilitation (1), le CCAS a emménagé en juillet 2003 dans ses nouveaux locaux. Sur le même palier : Cap Emploi, la mission locale, la CAF et le centre de guidance infantile, le tout formant la maison de la solidarité.
Des baies vitrées ont été ouvertes sur toutes les façades ainsi que des puits de lumière entre les services. L'aménagement de l'étage a été conçu de manière à pouvoir organiser des expositions régulières, de manière à donner un autre intérêt aux personnes qui fréquentent les lieux.
La revitalisation de l'immeuble, jadis occupé par des commerces, a été complétée par la reconfiguration du second étage où se sont installés le service pénitentiaire d'insertion et de probation (pour les personnes libérées de prison), le service de formation du foyer de jeunes travailleurs (propriétaire des lots du troisième étage), la direction départementale de l'ANPE. Prochainement s'installera la maison des ados et l'Afpa.
L'entrée commune, au rez-de-chaussée du bâtiment, s'est révélée un atout insoupçonné. En effet, "personne ne sait si une personne entre pour aller au gymnasium, à la direction de l'ANPE ou au CCAS et l'anonymat facilite le premier pas pour certains".
Le CCAS a vu le nombre de personnes reçues fortement augmenter : 4.800 personnes en 2006 reçues, contre 2.800 maximum les années passées. "Cette hausse est surtout liée à une montée de la précarité observée sur la ville avec les personnes isolés, les chômeurs longue durée ou les jeunes sans formation, des salariés qui ne parviennent plus à finir les mois, ou encore des retraités qui ne peuvent faire face."

Les demandes d'urgence sont de plus en plus nombreuses

Au troisième étage, l'unité architecturale fait écho à une plus grande unité entre les interventions des différents acteurs. La cohabitation facilite la coordination et le CCAS a gagné une identité. Quand un travailleur social décèle un problème relevant de la CAF, la personne concernée peut rencontrer le référent CAF immédiatement dans un bureau voisin. Quand une personne a des difficultés multiples, cela simplifie le parcours et les démarches qu'elle doit effectuer. Les interventions sont plus efficaces et la crédibilité du service est renforcée. Soucieux d'intervenir davantage en amont et en prévention plutôt que sur les aides facultatives d'urgence, le CCAS a développé de nouvelles actions, par exemple, l'organisation de séjours vacances pour des familles avec des enfants en difficultés financés par la CAF et le conseil général. A l'approche de l'hiver, le CCAS veut créer une synergie avec les associations caritatives autour des problèmes de charges liées au logement. Le CCAS compte trois travailleurs sociaux dont un recruté spécifiquement pour les problèmes de logement. L'objectif principal reste la prévention, de manière à intervenir le plus en amont possible afin d'éviter les expulsions ou les coupures d'électricité et de gaz.
"Nous sommes tous submergés par les demandes d'urgence. Chaque semaine, le CCAS reçoit des alertes EDF ou GDF pour des coupures d'énergie. Il faut mieux coordonner nos aides pour apporter une solution efficace aux familles, les épauler pour qu'elles ne replongent pas, et limiter aussi ceux qui peuvent abuser de la multiplication des guichets possibles", conclut Janine Picard.
 
(1) Coût de l'opération pour la mairie : 302.097 euros (130.297 euros pour l'acquisition et les travaux des locaux du CCAS et 171.800 euros pour l'aménagement). Financement : ministère de l'Intérieur (88.240 euros), Direction interministérielle de la ville (76.224 euros), Feder (78.545 euros), Etat (2.500 euros), ville (34.088 euros).
(2) 112.089 euros d'investissement pour le service des archives municipales.


Emmanuelle Stroesser, pour les sites Mairie-conseils et Localtis

CCAS / Maison de la solidarité

Nombre d'habitants :

15553
25 quai Gabriel-Péri
19000 Tulle

Michelle Peyraud

Directrice

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