Une maison de santé rurale inaugurée en Meurthe-et-Moselle : un projet au long cours

Il a fallu beaucoup de détermination au conseil municipal de Brin-sur-Seille pour aller au bout de son projet de maison de santé rurale. D’un colloque en 2002 jusqu’à l’inauguration en janvier 2011, tous les obstacles ont été franchis pour que les habitants disposent des professionnels de santé dont ils ont besoin.

À vingt-cinq kilomètres de Nancy, la commune de Brin-sur-Seille (650 habitants) se trouve au centre d’un bassin de vie de 3.000 habitants, dans la communauté de communes de Seille et Mauchère (20 communes, 7.500 habitants). Dès 2001, Renouveau-Village, association de développement local déjà impliquée dans la réinstallation d’une brasserie et d’un commerce multiservices à Brin-sur-Seille, avait identifié la cohérence de cet ensemble territorial. Le maire, Antoine Pernot, a sollicité l’association afin qu’elle se penche sur la disparition prévisible des professionnels de santé dans ce secteur très rural, à l’habitat peu dense.

Un constat, un appel à projets, une étude de faisabilité

 
Au printemps 2002, Renouveau-Village et la mairie de Brin-sur-Seille ont organisé un colloque auquel ont participé des professeurs de la faculté de médecine de Nancy, des étudiants, et la MSA. Les débats ont clairement montré les obstacles à l’installation, de manière isolée, d’un jeune professionnel de santé dans un environnement aussi rural. Parallèlement, la MSA lançait un appel à projets national pour huit maisons de santé expérimentales. Brin-sur-Seille a concouru et a été retenu. Dans les mois qui ont suivi, la MSA et l’Union régionale des caisses d'assurance-maladie – devenue Agence régionale de santé – ont mené une étude de faisabilité d’une maison de santé dans la commune : périmètre géographique de la clientèle potentielle, définition des besoins en fonction des pathologies recensées, de la démographie, évolution prévisible de la présence des professionnels en exercice... Les conclusions ont montré que les habitants de la communauté de communes de Seille et Mauchère, ceux de sa voisine la communauté de communes du Grand Couronné (18 communes, 8.842 habitants), ainsi qu’une petite partie du département voisin de la Moselle, pouvaient constituer une "zone de chalandise" pertinente pour un tel équipement. La présence d’une pharmacie sur le territoire ajoutait à la faisabilité du projet.

Un cahier des charges élaboré avec plusieurs partenaires


Il a fallu deux ans pour définir le cahier des charges du nouvel équipement. La faculté de médecine de Nancy, l’ARS, la MSA et la commune ont précisé le type de professionnels nécessaires, et travaillé à la programmation des locaux. Aux besoins prévisibles ont été rajoutés un studio pour les remplaçants ou les stagiaires, ainsi qu’un local avec entrée indépendante, afin que des services sociaux, de dépistage, ou des associations de prévention puissent tenir des permanences. "Le projet a été enfin arrêté en 2005, raconte Antoine Pernot. Nous avons alors commencé à chercher des financements."

Un bouclage financier difficile


"Malgré la précision du cahier des charges, l’Etat considérait que la zone d'attractivité que nous avions définie n’était pas prioritaire sur le plan sanitaire, mais qu’elle était seulement “fragilisée”, explique le maire. La préfecture de Meurthe-et-Moselle, qui pouvait débloquer la Dotation dedéveloppement rural, en concluait que le dossier n’était pas urgent, et la préfecture de Moselle, pourtant concernée, ne voulait pas participer. Nous avons fini par les convaincre, grâce au soutien de la région Lorraine qui a été le premier financeur à nous accompagner." L’Etat a donc participé pour 150.000 euros, la Région pour 100.000 ; ont suivi le département de Meurthe-et-Moselle (75.000 euros) et l’Union européenne à travers le Feder (40.000). La toute nouvelle fondation ERDF (Electricité réseau distribution France), sollicitée par Renouveau-Village, a apporté 20.000 euros. Pour boucler le budget total d’un million d’euros, la commune s’est endettée de 265.000 euros sur vingt ans : une somme qui sera entièrement couverte par les loyers, puisque Brin-sur-Seille est propriétaire de l’équipement à 100% (voir encadré). La commune a acquis pour 100.000 euros le terrain de 3.000 mètres carrés, et les travaux de construction du bâtiment (480 m2) ont pu débuter en juin 2009.

Sept professionnels de santé installés début 2011


Depuis le printemps 2010, le médecin généraliste du village et son associée nouvellement arrivée, ainsi que le podologue se sont installés dans les nouveaux locaux. Les deux infirmiers libéraux du bourg ont suivi, et ont déjà trouvé les collègues qui les remplaceront dès leur prochain départ. Manquait un kinésithérapeute que la mairie a trouvé avant l’été. Un orthophoniste s’est installé en novembre 2010, et un dentiste en janvier 2011. "Ce fut un vrai parcours du combattant, conclut Antoine Pernot. Et les soucis ne sont pas terminés, car la nouvelle médecin, associée au médecin du village, suit son mari muté dans le sud de la France… Il nous faut donc en retrouver un le plus vite possible, car notre médecin, à nouveau seul, ne sait plus où donner de la tête !"

Reste à faire vivre le local de permanence. La mairie y accueillera une assistante sociale de secteur, peut-être la PMI, sans doute une association de prévention du diabète, le planning familial, etc.
À suivre…

Jean-Luc Varin pour la rubrique Expériences du site www.mairieconseils.net


Bon à savoir : les loyers
Au total ce sont 457 m² qui sont loués à raison de 3,15 euros HT le m², soit 1721,75 euros par mois (20,661 TTC annuellement). Le coût des parties communes est réparti pour chaque locataire au prorata des mètres carrés loués pour l’exercice de leur activité. Exemple : le cabinet médical de 51,50 m² est loué 194,02 euros TTC par mois, auxquels s’ajoute la quote-part sur les parties communes (84,68 TTC), soit 278,70 euros par mois.

 

 

Mairie de Brin-sur-Seille

Mairie- rue Haute
54280 Brin-sur-Seille

Antoine Pernot

Maire

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