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Un plan d'actions à plusieurs dimensions pour le Val-d'Oise

Près de 18 mois après l'abandon du projet Europacity, le Premier ministre Jean Castex s'est rendu, le 7 mai 2021, à Gonesse pour présenter un plan en 17 actions pour le département prévoyant des volets aménagement, développement économique, transport, formation et sécurité.

Fin 2019, Edouard Philippe, alors Premier ministre, avait présenté un plan pour la Seine-Saint-Denis, qui portait sur un renforcement de la présence de l'Etat en matière de justice, de sécurité ou d'éducation. Dans la foulée, il annonçait l'abandon du projet de parc de loisirs Europacity dans le département voisin, le Val-d'Oise, nourrissant un fort sentiment d'injustice chez les élus de ce dernier. Un plan a donc également été préparé en faveur du Val-d’Oise, mais qui porte plus sur des domaines de compétences partagées avec les collectivités locales ou qui fera appel à d'autres investisseurs. 

Une action spécifique qui se justifie notamment car "17% des Val d'Oisiens vivent sous le seuil de pauvreté", a fait valoir Jean Castex dans son discours à Gonesse, signalant "la litanie des difficultés rencontrées par l’Est de ce département". Le plan en 17 actions présenté le 7 mai place comme "première priorité" de "mieux relier le Val-d'Oise à l'ensemble de l'Ile-de-France pour lutter contre l'enclavement".

Le Premier ministre a ainsi confirmé la réalisation de la ligne 17 du Grand Paris express qui doit relier à l'horizon 2030 Saint-Denis à l'aéroport Paris-Charles-de-Gaulle en s'arrêtant, dès 2027, à la gare Triangle de Gonesse – qui devait desservir Europacity –, dont la réalisation a elle aussi été garantie. En attendant ces échéances, trois bus à haut niveau de service doivent voir le jour pour relier l'est du Val-d'Oise avec la plateforme aéroportuaire. 

Deux autres demandes des élus locaux ont été entendues en matière de mobilité : la réalisation d'une interconnexion de la ligne H du Transilien à Saint-Denis-Stade de France et celle d'une gare à Survilliers-Fosses sur la future ligne Roissy-Picardie.

Une extension du marché de Rungis à préciser

S'agissant plus précisément du Triangle de Gonesse, dont l'urbanisation était en suspens depuis l'abandon du projet de parc de loisirs, Jean Castex a indiqué que la "zone centrale" de 110 ha accueillera notamment une cité scolaire internationale (de 600 collégiens et 1.500 lycéens) qui doit former à des métiers d’avenir pour le territoire : l’hôtellerie, la restauration, l’alimentation, l’agriculture biologique, en lien avec une exploitation agricole en son sein.

Un service de l'Etat – qui sera proposé lors d'un prochain comité interministériel à la transformation publique – viendra également s'y installer. Ces premières implantations doivent permettre de créer une dynamique dans le secteur et attirer d'autres activités. "Il faut se remettre au travail et reprendre la démarche de co-construction", estime Jean-Pierre Blazy, maire de Gonesse, qui espère que des opérateurs privés intéressés précédemment par ce territoire vont retrouver confiance pour y investir. "Autour de la gare, il faut un territoire qui fait gagner en attractivité, avec un développement économique de qualité et de la formation", avance l'élu.

La partie sud de la ZAC, soit 70 ha, "pourrait accueillir, en lien avec le projet Agoralim, un pôle d’attractivité autour de l’alimentation, des circuits courts et de la production agricole de proximité", a affirmé le Premier ministre. Agoralim, présenté comme une extension du marché international de Rungis (Val-de-Marne), est porté par le gestionnaire du marché, la Semmaris. Cette dernière a précisé que cette initiative, dont les contours seront précisés d'ici à la fin de l'année, "s’appuiera sur une ou deux plateformes de distribution situées à proximité du Triangle de Gonesse où un volet agricole reposant sur les principes de l’agro-écologie sera développé". La localisation exacte reste donc à affiner. 

Implantation d'un commissariat et d'une maison d'arrêt

D'autres annonces concernent plus directement les domaines propres à l'Etat, tels que la sécurité. Le Premier ministre a ainsi annoncé la construction d'un nouveau commissariat à Sarcelles et d'une maison d'arrêt à Berne-sur-Oise, "qui permettra de créer 750 emplois". Dans la suite du Ségur de la santé, il a également évoqué l’achèvement de la reconstruction du centre hospitalier d'Argenteuil et la modernisation de l'ensemble de l'offre de soins du Groupement hospitalier du Territoire Nord-Ouest-Vexin-Val-d'Oise.

Enfin, "l'Etat va soutenir très fortement le pôle Cy Cergy Paris Université afin de permettre l'implantation d'une école d'ingénieurs d'ampleur internationale autour de l'ingénierie et de la modélisation", a déclaré Jean Castex.

  • Satisfecit des élus locaux

"Le gouvernement reprend les propositions majeures de la contribution du département du Val-d’Oise de l’année dernière et je ne peux que m’en réjouir", a réagi la présidente du conseil départemental Marie-Christine Cavecchi. "Le développement équilibré du Triangle de Gonesse est la principale chance de retrouver de l’espoir et des perspectives positives pour les habitants de l’est du département", a-t-elle ajouté avant de souligner que ce plan "ne pourra se faire sans l’engagement financier déjà annoncé de la région Ile-de-France".

Celle-ci a d’ailleurs rappelé "qu’après l'abandon du projet Europacity sur le Triangle de Gonesse, la région Ile-de-France s'est engagée dès novembre 2019 dans un plan ambitieux d'1 milliard d'euros en faveur du département du Val-d'Oise, département trop longtemps oublié des politiques d'aménagement et de transport". 

Toutefois, la région s’est félicitée que "le gouvernement ait enfin entendu le cri d'alarme des élus Val d'Oisiens sur l'urgence absolue de réaliser la ligne 17 du Grand Paris Express" et qu’il ait "repris plusieurs projets d'aménagements structurants que la région avait annoncés, et cofinancera".

Si l’Île-de-France salue également les 120 millions d'euros supplémentaires que l'Etat engagera sur les transports dans le cadre du futur CPER, le conseil régional considère que "le compte n'y est pas en matière de transport puisque de nombreux projets structurants soutenus par la région tels que le T11 à l'Est entre Epinay et Sartrouville, que la region soutient résolument, doivent encore trouver leur financement côté Etat pour une  concrétisation rapide.  De la même manière, la région rappelle au gouvernement la nécessité de toujours donner la priorité aux travaux de régénération de l'axe nord sur tout autre projet et notamment sur le projet de Roissy-Picardie".