Vallée de l'Ance : un "atelier des paysages" pour retrouver une culture partagée du cadre de vie

Les élus de cette communauté de communes auvergnate voulaient travailler sur les paysages. Le PNR du Livradois-Forez et la région leur ont proposé de devenir terrain d'expérimentation pour des ateliers partagés avec l'ensemble de la population. Les actions engagées sont denses, justes et passionnantes.

Dans cette communauté de communes du Puy-de-Dôme, les élus, leur président Michel Bravard en tête, sont sensibles à l'importance que revêtent les paysages, non seulement pour le développement touristique, mais d'abord pour le cadre de vie. "Nous sommes persuadés, explique-t-il, que si nous voulons accueillir de nouveaux habitants porteurs de projets, il est nécessaire de recréer une culture partagée de la qualité architecturale et paysagère de notre petite région." C'est pourquoi la communauté a embauché un agent de développement et qu'il pilote, entre autres, ce chantier original.
Il se trouve aussi que le conseil régional d'Auvergne avait couvert l'ensemble de son territoire de chartes architecturales et paysagères, d'une manière volontariste. Il a décidé ensuite de lancer un deuxième volet de cette opération, axé sur l'information du grand public, et a demandé au parc naturel régional (PNR) du Livradois-Forez, de trouver un terrain d'expérimentation. Le PNR a choisi la vallée de l'Ance.
Les actions, financées à 80% par le département, la région et le programme Leader + local, sont entièrement réalisées par la communauté de communes, aidée d'un paysagiste, Alexis Pernet, qui prépare une thèse sur le thème de la médiation du paysage et qui coordonne le travail pour le compte du parc.
Cinq actions passionnantes ont débuté en 2007 et le projet avance à grand pas. Pour commencer, la communauté de communes a créé un observatoire photographique du paysage. Un stagiaire a organisé une collecte de vieille photos à l'occasion des vide-greniers et à domicile. Il en a sélectionné une trentaine, représentative de l'architecture et des paysages du territoire au cours des décennies passées. Avec des photographes amateurs, il a photographié les mêmes lieux sous le même angle aujourd'hui. A quelques volontaires, il a ensuite posé la question de ce qui avait changé, si ces changements étaient heureux ou malheureux. Le tout s'est tranformé en exposition, soulignant déjà des éléments de projets, conçus par les habitants eux-mêmes.

Les emblématiques "poirières"

Deuxième action, la plus emblématique : le travail sur les végétaux locaux cultivés autour du bâti traditionnel. Les "poirières palissées", poiriers en espaliers qui garnissaient les murs sud des maisons sont en voie de disparition. Là encore, une ethnobotaniste a pris contact avec les quelques jardiniers qui en ont encore, a noté comment ils faisaient, comment ils cuisinaient les poires en automne. Une "ballade des poirières" a été organisée, emmenant 70 personnes en visite chez les habitants-jardiniers. Ils ont goûté sur place, ont échangé des façons de faire avec leurs voisins.
Troisième action, cette fois en partenariat avec l'école d'architecture de Saint-Etienne : des étudiants de 4e et 5e années mènent dans la vallée de l'Ance une étude sur les enjeux de la création architecturale en milieu rural, c'est-à-dire comment construire du neuf qui fasse évoluer la tradition sans la trahir, sans copier ce qui se fait en ville, sans faire non plus du néorustique folklorique.
Tout aussi passionnante, la quatrième action a été menée par Stéphane Duprat, paysagiste à Bordeaux. Il a fait un voyage ethnographique de trois semaines, à pied, de ferme en ferme, avec sa tente, et a passé une journée complète avec chaque agriculteur rencontré, pour essayer de comprendre en quoi et comment, précisément, intimement, les agriculteurs fabriquent le paysage au quotidien. Reste à imaginer maintenant comment ce travail va pouvoir être restitué à l'ensemble de la population.
Enfin, un groupe "paysages" prépare des animations, des visites de village avec les habitants, pour leur faire prendre conscience qu'il recèle souvent des trésors architecturaux, végétaux et paysagers.
Il est rare qu'une communauté de communes de cette taille, fasse, en neuf mois, un travail aussi dense, aussi juste et aussi passionnant.

 

Jean Luc Varin, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis

Communauté de communes de la vallée de l'Ance

Nombre d'habitants :

3200

Nombre de communes :

10

Michel Bravard

Président

Nicolas Taillandier

Agent de développement

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