Vanik Berberian : "On organise la dévitalisation des espaces de proximité"
"On est là pour construire mais pour cela, il faut un contexte favorable", a lancé le président de l’Association des maires ruraux (AMRF), Vanik Berberian, lors d’une conférence de presse, le 12 octobre, à l’issue d’une rencontre avec le ministre de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard. Une semaine après la tenue de son congrès à Poullan-sur-Mer (Finistère) et à deux mois de la Conférence nationale des territoires, le 14 décembre, l’association monte au créneau et joint sa voix à celle de l’Association des maires de France (AMF) qui, le même jour, "avalanche de mesures défavorables aux collectivités et aux territoires » (voir ci-dessous notre article du 12 octobre). "Après chaque élection, il y a toujours un espoir", a déclaré Vanik Berberian. Mais celui-ci a vite été douché par "l’été meurtrier" qui s’en est suivi, selon son expression. "L’Assemblée nationale est composée de gens qui n’ont pas forcément une expérience ni du mandat ni de la manière dont les collectivités fonctionnes. Devant ce vide, ce sont l’Etat et l’administration centrale qui prennent la place des élus", a-t-il fustigé. D’après le maire de Gargilesse-Dampierre (Indre), "(Lien sortant, nouvelle fenêtre)on organise la dévitalisation des espaces de proximité au profit d’une hyper-organisation".
Les maires ruraux sont revenus sur motions arrêtées lors de leur congrès, en particulier celles demandant une loi sur la ruralité et de revenir à une compétence optionnelle pour l’eau et l’assainissement. Compétence passée avec la loi Notre entre les mains des intercommunalités. Derrière cette mesure, "il y a une pression qui s’exerce de manière à ce que de grandes structures prennent cette compétence", a dénoncé Michel Fournier, maire de Les Voivres (Vosges) et vice-président de l’AMRF. Or "dans 90% des cas, cette compétence est aujourd’hui exercée par des bénévoles dans le monde rural", a-t-il fait valoir. Si demain elle est confiée à des professionnels, "le coût sera forcément supérieur".
Sceptique il y a cinq ans avec le concept d’ "égalité des territoires", Vanik Berberian s’interroge aujourd'hui sur la vision du gouvernement de la "cohésion de territoires". "C'est l'équilibre du territoire qu'il faut viser", a-t-il défendu auprès du ministre. Les élus s’inquiètent aussi de la dématérialisation de certains services publics et notamment de l’échéance du 1er novembre à partir de laquelle les guichets des préfectures seront fermés… "Nous ne sommes pas dans la posture de certaines associations aujourd’hui vent debout sur des dispositions qu’ils auraient voté l’avant-veille", a tenu à se démarquer Vanik Berberian, lançant cette adresse au gouvernement : vu le "contexte psychologique", "ils sont en train de se planter".