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Approvisionnement local - Vers la création d'un Rungis mosellan ?

Engagé depuis plusieurs années dans le soutien à l'approvisionnement local et aux circuits courts, le conseil départemental de Moselle songe à créer un marché mosellan, à l'instar du Rungis parisien. Mais le chemin est encore long pour organiser la filière agricole et lui permettre de répondre à la demande existante des restaurants collectifs, autour de 30.000 repas quotidiens…

L'idée de créer un grand marché à l'instar de celui de Rungis en région parisienne fait son chemin au sein du conseil départemental de Moselle. En mars 2017, Patrick Weiten, le président du conseil départemental et député de la Moselle s'est rendu à Leudelange visiter la halle du Luxembourg, dans la zone industrielle de Grasbusch. Cette halle est gérée par la société La Provençale, créée il y a cinquante ans. Si la société ne vendait au départ que des produits alimentaires haut de gamme, elle emploie maintenant plus de 1.000 salariés et propose plus de 35.000 produits à la vente (produits maraîchers, marée fraîche, produits frais et surgelés). Sur près de 50.000 mètres carrés, la halle vend à tous les professionnels de la restauration et des métiers de bouche en grande région (l'espace transfrontalier qui regroupe le Luxembourg, la Rhénanie-Palatinat et la Wallonie). Elle réalise 95% de son chiffre d'affaires, qui s'élève à 270 millions d'euros, via les livraisons auprès des collectivités et des restaurateurs du territoire. "Notre président est allé voir comment cela fonctionne car le conseil départemental souhaite réfléchir à créer un marché de ce type pour approvisionner les restaurants collectifs", explique à Localtis Lionel Dorveaux, chargé de mission agriculture et forêt au conseil départemental de Moselle.

30.000 repas quotidiens

En Moselle, le potentiel en termes de demande est bien là : au total, ce sont quelque 30.000 repas quotidiens qui sont servis dans les collèges et les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), gérés par le conseil départemental. Mais les filières ne sont pas encore organisées et ne peuvent pas répondre à cette demande. A l'heure actuelle, d'après les chiffres de la chambre d'agriculture de Moselle, 8% seulement des exploitations pratiquent une activité de diversification en complément de leur travail agricole, comme la transformation des produits agricoles. "Nous pensons pourtant que c'est l'avenir, et c'est très peu développé chez nous", souligne Lionel Dorveaux. L'idée du conseil départemental est d'aider les agriculteurs à se structurer en matière d'offre, de normes, de traçabilité, pour répondre à cette demande.

Le soutien au secteur agricole mosellan

Le conseil départemental soutient fortement le secteur agricole qui est aujourd'hui constitué de 4.059 exploitations (dont 2.800 perçoivent des aides de l'Etat et/ou de l'Union européenne), près de 6.000 emplois directs et près de 4.000 emplois dans l'industrie agroalimentaire. En Moselle, l'agriculture représente 50% de la superficie totale. En 2010, le département s'est engagé pour 2,7 millions d'euros hors mesures agroenvironnementales territorialisées (MAET), pour soutenir l'agriculture mosellane : rechercher des voies de développement de filières atypiques, soutenir la qualité et la traçabilité, améliorer la qualité sanitaire des cheptels, encourager la gestion des territoires par l'agriculture, développer l'engagement en faveur de l'environnement, stimuler les emplois… Le département soutient aussi l'approvisionnement local et le développement des circuits courts. Il a notamment lancé la démarche "Mangeons mosellan" il y a quelques années dans le prolongement des Assises de l'agriculture. La démarche vise à valoriser et à promouvoir les produits issus du terroir mosellan, et vendus principalement en circuits courts (vente à la ferme, sur les marchés). Aujourd'hui, plus de 131 exploitants agricoles respectent la charte et proposent plus de 1.000 produits agréés. Un comité d'agrément, composé d'élus et d'agents du département et de la chambre d'agriculture ainsi qu'un représentant des services vétérinaires étudie les dossiers de demande d'agrément transmis par les agriculteurs. Les produits proposés répondant aux critères de la charte bénéficient de la marque "Mangeons mosellan".

Un travail de longue haleine

"Pour l'instant, bien que les agriculteurs adhèrent totalement, c'est un travail de longue haleine, détaille Lionel Dorveaux, la filière n'est pas organisée, et quand elle le sera, il faudra aussi s'organiser pour les chambres froides, le transport, les légumeries pour éplucher les légumes, qui n'existent plus, etc.". Mais un essai, plutôt concluant, a déjà été réalisé. "Nous avons passé un marché sur les steaks hachés avec un producteur local ; le prix est 20% au-dessus de ce que nous achetons habituellement mais les premiers retours sont bons : les steaks réduisent deux fois moins à la cuisson, c'est de la bonne qualité", raconte Lionel Dorveaux.
Le travail "de longue haleine" dans lequel s'engage le département permettra de s'appuyer sur les petites structures pour l'approvisionnement des restaurants collectifs, de sécuriser l'alimentation avec des produits de qualité, et aussi de travailler sur l'éducation alimentaire.

 

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